Cet article est le trente-cinquième d’une série consacrée à la logique classique (ou aristotélicienne, c’est-à-dire développée par Aristote). Dans le trente-quatrième, j’ai présenté les différents types de propositions. Dans cet article, j’expliquerai ce qu’est la vérité. Comme d’habitude, je reprendrai énormément le contenu du livre Socratic Logic de Peter Kreeft des pages 143 à 145.
Dans cet article nous allons définir la vérité, mais soyons-honnêtes, il est bien plus dur de la poursuivre et de l’acquérir que de se contenter d’en parler.
Plusieurs définitions de la vérité
Même si nous approfondissons la définition qui nous intéresse (en rapport avec la logique), il faut être conscient qu’il existe différents définitions de la vérité (ou de l’adjectif vrai), différents types de vérité.
- La vérité ontologique : la conformité des choses à l’intelligence, à une idée, un standard (un modèle parfait si l’on veut) dans un esprit, humain ou divin, selon les monothéismes traditionnels (judaïsme, christianisme et islam), les choses sont vraies ontologiquement parlant si elles sont conformes à la pensée de Dieu (les idées divines) comme il est l’inventeur des vérités que nous les hommes ne faisons que découvrir.
- La vérité logique : la conformité de l’intelligence (la pensée) aux choses.
- La vérité au sens de fidélité, une qualité personnelle, c’est-à-dire qui appartient à des personnes, dans ce sens être vrai signifie être digne de confiance.
C’est le deuxième sens (vérité logique) qui nous intéresse. Pour le redire autrement :
Dire la vérité, c’est « dire ce qu’une chose est vraiment » et connaître la vérité signifie « connaître ce qui est ». La vérité, c’est la conformité de la pensée à la chose, de l’intelligence à la réalité, de la pensée du sujet à l’objet qui est pensé. Et nous exprimons ce qui est vrai à l’aide de propositions vraies (et ce qui est faux à l’aide de propositions fausses). On peut la désigner comme étant la définition classique, traditionnelle.
La théorie de la vérité-correspondance
Cette définition de la vérité est souvent appelée théorie de la vérité-correspondance. Mais en réalité, ce nom est réservé à la base pour renvoyer à une théorie de la connaissance à laquelle beaucoup de philosophes modernes (Locke, Kant). Ces derniers étaient d’accord pour affirmer que nous n’avons pas un accès direct à la réalité (la position classique de l’Antiquité jusqu’au Moyen Âge) mais seulement à des « copies déformées1». Cette position mène inévitablement au scepticisme comme nous n’avons aucun moyen de savoir si nos copies correspondent réellement à la réalité.
Que penser des autres définitions de la vérité ?
Il existe de nombreuses autres définitions de la vérité provenant de différents courants philosophiques. Par exemple celles du pragmatisme (« Est vrai ce qui est pratique pour moi/l’humanité. ») et de l’idéalisme (« Est vrai ce qui est cohérent. »). Le problème, c’est que pour fonctionner, elles présupposent toute la définition traditionnelle. En effet, quand on dit « la vérité, c’est ça », on suppose déjà que la vérité (ce qu’on dit, un avis subjectif) correspond bien à « ça », c’est-à-dire la réalité objective et extérieure.
Illustration : Éducation d’Alexandre par Aristote, gravure de Charles Laplante, publiée dans le livre de Louis Figuier, Vie des savants illustres – Savants de l’antiquité (tome 1), Paris, 1866, pages 134-135.
- Pour aller plus loin, aller à la partie II de cet article, le schéma permet de comprendre cette théorie facilement.[↩]
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