Voici un passage intéressant d’une homélie du célèbre prédicateur sur l’œuvre du Christ. Chrysostome veut donner à ses auditeurs de sentir que lorsqu’on aime Dieu, on doit redouter plus encore de l’offenser que d’être châtié par lui et propose cette analogie :
Découvrir les PèresSupposez un roi qui, voyant dans les supplices un voleur, un malfaiteur public, offre à la mort un fils unique et justement chéri, dans le but de sauver cet homme, plaçant même sur une tête innocente les crimes de ce dernier, et le délivrant de l’infamie en même temps que de la torture, et puis l’élevant à de hautes dignités ; supposez encore qu’après l’avoir sauvé et comblé d’une gloire incompréhensible, il soit outragé par cet homme lui-même : est-ce que, s’il lui reste un sentiment quelconque, ce malfaiteur n’aimerait pas mieux mille fois mourir que de porter la responsabilité d’une aussi noire ingratitude ? Pénétrons-nous aujourd’hui de la même pensée, et gémissons amèrement sur nos offenses envers notre divin bienfaiteur ; que sa longanimité ne nous inspire pas une folle confiance ; c’est même là ce qui doit nous causer la plus vive douleur.
Jean Chrysostome, Homélies sur la deuxième épître aux Corinthiens, Homélie XI, section 4, § 21.
Illustration en couverture : Jan van Eyck, pièce d’autel à Gand, détail : l’Agneau sacrificiel, 1432.
- Traduction de l’abbé Bareille, t. 9, Paris, 1872, p. 236.[↩]
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