Dieu sauve par les femmes
18 février 2024

Cette prédication a été composée pour un devoir de la faculté Jean Calvin.

1Il y avait un homme de Ramataïm-Tsophim, de la région montagneuse d’Ephraïm, nommé Elqana, fils de Yeroham, fils d’Elihou, fils de Tohou, fils de Tsouph, Ephratite, 2qui avait deux femmes. Le nom de l’une était Anne et le nom de la seconde Peninna ; Peninna avait des enfants, mais Anne n’en avait pas. 3Chaque année, cet homme montait de sa ville à Silo, pour se prosterner devant le Seigneur des Armées et pour lui offrir des sacrifices. Là se trouvaient les deux fils d’Eli, Hophni et Phinéas, prêtres du Seigneur.

4Le jour où Elqana offrait son sacrifice, il donnait des parts à sa femme Peninna, ainsi qu’à tous les fils et filles de celle-ci. 5Mais il donnait à Anne une part d’honneur ; car il aimait Anne, bien que le Seigneur l’eût rendue stérile. 6Sa rivale ne cessait de la contrarier, parce que le Seigneur l’avait rendue stérile. 7D’année en année il faisait ainsi, et chaque fois qu’Anne montait à la maison du Seigneur Peninna la contrariait de la même manière. Alors elle pleurait et elle ne mangeait pas. 8Elqana, son mari, lui dit : Anne, pourquoi pleures-tu ? Pourquoi ne manges-tu pas ? Pourquoi ton cœur est-il triste ? Est-ce que je ne vaux pas mieux pour toi que dix fils ?

9Après qu’ils eurent mangé et bu à Silo, Anne se leva. Eli, le prêtre, était assis sur son siège, près du montant de la porte du temple du Seigneur. 10Elle, amère, se mit à prier le Seigneur et à pleurer abondamment. 11Elle fit un vœu, en disant : Seigneur des Armées, si tu daignes regarder mon affliction, si tu te souviens de moi et ne m’oublies pas, si tu me donnes une descendance, à moi qui suis ta servante, je le donnerai au Seigneur pour tous les jours de sa vie, et le rasoir ne passera pas sur sa tête. 12Comme sa prière se prolongeait devant le Seigneur, Eli observait sa bouche. 13Anne parlait dans son cœur ; seules ses lèvres remuaient, mais on n’entendait pas sa voix. Eli pensa qu’elle était ivre. 14Il lui dit : Jusqu’à quand resteras-tu ivre ? Va cuver ton vin ! 15Anne répondit : Mon seigneur, je ne suis pas une femme entêtée, et je n’ai bu ni vin ni boisson alcoolisée ; je me répandais devant le Seigneur. 16Ne me prends pas, moi, ta servante, pour une femme sans morale, car c’est l’excès de ma douleur et de ma contrariété qui m’a fait parler jusqu’ici. 17Eli répondit : Va en paix ; que le Dieu d’Israël te donne ce que tu lui as demandé ! 18Elle dit : Je suis ta servante ; que je trouve toujours grâce à tes yeux ! Puis elle repartit. Elle mangea, et son visage ne fut plus le même. 19Ils se levèrent de bon matin et, après s’être prosternés devant le Seigneur, ils rentrèrent chez eux, à Rama.

Elqana eut des relations avec sa femme Anne, et le Seigneur se souvint d’elle. 20À la fin de l’année, elle était enceinte ; elle mit au monde un fils, qu’elle appela du nom de Samuel – car, dit-elle, c’est au Seigneur que je l’ai demandé.

1 Samuel 1, 1-20.

En regardant autour de moi, je constate deux choses : d’une, nous vivons dans des temps de corruption qui provoquent en nous un mélange de désespoir et de colère. C’est le sujet de beaucoup de choses que nous entendons et lisons, que ce soit dans les médias officiels ou sur les réseaux sociaux. C’en est au point où on peut dire aujourd’hui que les réseaux sociaux gagnent de l’argent sur ces sentiments de colère et d’indignation.

Deuxièmement, on nous présente des modèles de libérateurs qui sont de plus en plus souvent des femmes, mais pas n’importe lesquelles : des femmes qui, au mépris de tout ordre extérieur, s’arrachent de la société pour s’élever jusqu’à une sorte de vrai potentiel intérieur et sauver l’humanité par le pouvoir de leur propre nature. C’est en tout cas ce que présentent les films Marvel dont l’audience est énorme, et la plupart des productions de Disney et d’autres conteurs. Il y a certes de l’idéologie, mais cette idéologie se traduit souvent aussi dans nos familles.

En effet, c’est dans nos vies personnelles que nous souffrons les effets de ces choses. Tous les jours, nous voyons défiler des scandales qui blessent nos âmes, et pourtant restent hors de portée. Le mal se propage, et le bien est dispersé et impuissant. Information après information, blessure après blessure, nous finissons par nous replier sur nous-même, ne plus vouloir participer à la vie publique. Quand on discute avec les autres, il y a quelque chose qui me choque, c’est à quel point nous avons – littéralement – la mort dans l’âme. Nous n’espérons plus rien, nous n’attendons plus rien.

Et à ceci s’ajoute le deuxième paramètre plus « féministe », que je lie au premier problème parce que la Bible, on le verra, nous parlera de la manière dont Dieu utilise les femmes pour vaincre la mort et la corruption. Les femmes actuellement souffrent doublement : d’abord, leur féminité naturelle est attaquée. Il n’y a aucun statut plus méprisé, et pourtant plus essentiel à un pays que celui de mère de famille. Et pourtant, elle n’a droit à aucune considération, à aucun salaire, à aucune retraite. La vie sociale est organisée de manière à l’exclure. Veut-elle servir sa famille et ses enfants ? On lui répondra d’un ton lapidaire qu’elle est une « poule pondeuse », victime de son mari. Veut-elle s’engager professionnellement ? Cette bonne et nécessaire vie professionnelle lui est rendue difficile : elle sera mère ou travailleuse, ses emplois seront fragiles, et les moyens d’évolution excluront soigneusement tout engagement familial. La femme vertueuse de Proverbes 31 est une femme qui travaille, pour sa famille. Notre société ne veut que son travail. C’est là que j’accuse aussi les modèles féminins des films précédemment nommés : ils proposent des femmes qui ne sont pas féminines, une nature féminine qui n’est pas naturelle, des attentes qui ne sont accessibles qu’aux plus riches d’entre les femmes.

Pris en étau entre le désespoir et le mépris, nous souffrons tous, et les femmes plus encore. Mais le message que je veux apporter aujourd’hui est le suivant : réjouissez-vous mes sœurs, car Dieu sauve par les femmes. Messieurs, ne vous croyez pas que vous ne serez pas concernés : nous apprendrons ensemble aujourd’hui à avoir une vision juste de nos femmes, de nos mères, de nos sœurs et de nos filles, et ainsi à les aimer d’une façon plus juste.

D’abord nous allons voir ce qu’il se passe en nous lors des temps de malheur. Ensuite, comment Dieu utilise des femmes humbles. Enfin, comment le salut vient par les femmes.

Lors des temps de malheur

Il faut d’abord une idée juste de ce qu’il se passe dans les temps de malheur. Après tout, ne nous dit-on pas qu’il faut croire en l’homme, que nous sommes la solution, que nous devons seulement accomplir notre potentiel et alors l’humanité entrera dans une ère de prospérité éternelle ?

On pourrait y répondre par de la philosophie et de la sagesse naturelle, mais je veux répondre ici par la Bible, comme il convient à l’Église. Dans le texte que nous avons lu, il y a peu d’informations sur le contexte dans lequel vit la famille d’Elqana et d’Anne. À lire le début de 1 Samuel, on a l’impression qu’il était une fois une petite maison dans une prairie, où l’épouse avait des problèmes de fertilité. Pourtant, si l’on continue seulement quelques chapitres, on lit que l’Arche est capturée par les Philistins. Plus loin dans le livre, on parlera de gigantesques batailles et de héros épiques, de grandes libérations et de chutes tragiques. Pourquoi un livre qui parle de rois et de nations commence par cette petite famille dans la prairie ?

La réponse nous vient du livre des Juges, qui nous donne le contexte plus large de l’histoire d’Israël dont fait partie Anne. Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Il a créé aussi l’homme qui a choisi de désobéir et se détourner de Dieu. La création entière s’est retrouvée alors coupée de Dieu, et l’homme n’a pas su par ses propres forces se détourner du mal. Alors Dieu a annoncé qu’un jour viendrait où la descendance de la femme viendrait écraser la tête du serpent, le principe du mal. Cette promesse a commencé à se réaliser avec Abraham à qui Dieu a promis plusieurs choses : un peuple, une alliance, un pays.

À la fin du livre de la Genèse, le peuple est donné à Abraham. À la fin du livre de l’Exode, le peuple a une alliance. Mais le pays… ils ne l’ont toujours pas. Du temps de Josué, Israël a commencé à conquérir le pays, mais ils se sont arrêtés au milieu de la conquête et il restait beaucoup de Cananéens. Depuis quatre cents ans, Israël n’a aucune paix : il est attaqué de toute part, ses villes se retrouvent parfois sous esclavage. La promesse de Dieu semble être plus loin que jamais. Dieu a envoyé différents chefs à Israël que l’on appelait des juges. Mais même les meilleurs d’entre eux n’ont eu que des résultats temporaires. Les pires ont empiré la corruption et la méchanceté d’Israël.

L’époque d’Anne est une époque sans espoir. C’est une époque où les prêtres s’intéressent plus à escroquer le peuple qu’à servir Dieu ; où les femmes peuvent être violées jusqu’à ce que mort s’ensuive ; où une tribu entière a été génocidée dans un excès de violence au cours d’une guerre civile. C’est une époque de faux libérateurs, de faux prêtres, de faux prophètes et de faux espoirs.

Ces choses sont dans la tête d’Anne. Le sanctuaire de Silo où elle se rend est connu pour ses abus et les escroqueries organisées par Hophni et Phinéas. Elles sont décrites dans le chapitre 2 : chaque année, alors qu’ils ont déjà récupéré leur part de viande du sacrifice de paix, leurs serviteurs arrivent et prennent encore de la nourriture en plein presque dans les assiettes des enfants. C’est une fête familiale, où l’on célèbre la paix qui existe entre notre famille et Dieu. Et ces méchants prêtres viennent voler encore une part de festin.

Et quand les prêtres sont partis, la fête est gâchée par la seconde épouse d’Elqana. Au cours de cette fête familiale, elle trouve toujours le moyen de faire remarquer que jusqu’ici, la seule contributrice à la famille, c’est elle. Elqana ne réagit que d’une façon molle, en disant à sa femme préférée : « ce n’est pas grave, je t’aime quand même. »

Mais Anne ne veut pas simplement qu’on ait pitié d’elle : elle veut être une mère de plein droit. Elle ne veut pas simplement que les prêtres la laissent tranquille : elle veut un culte pur en Israël. Elle ne veut pas simplement que l’on puisse gentiment faire un ou deux sacrifices de paix par an : elle veut la paix véritable en Israël, qu’il soit délivré de tous ses ennemis. Alors elle va, seule, aller prier Dieu.

Application

Nous avons souvent deux attitudes également fausses face aux malheurs de notre époque : la première est de hisser le pont-levis au sujet de tous les malheurs lointains et de se replier seulement sur notre propre vie personnelle. La deuxième est de se faire submerger par les malheurs lointains et de vivre tétanisé et déprimé, privé de vie. Les deux attitudes sont une mort spirituelle, parce qu’elles empêchent l’action. Contre cela, nous avons l’exemple d’Anne : elle a correctement hiérarchisé ses malheurs. Ceux qui la préoccupaient le plus – son manque d’enfant, sa honte de femme stérile – l’ont motivé à venir prier. Mais dans sa prière, elle a aussi apporté les malheurs d’Israël, si bien qu’en demandant un enfant, elle a rendu grâce au Dieu qui allait renverser la situation d’Israël. Nous devons donc apprendre à ne pas gérer nos malheurs en coupant la moitié de notre cœur, mais en amenant tous ces malheurs à Dieu, et ceux qui nous sont proches en premier.

Dieu en effet n’a pas écrit l’histoire d’Anne pour montrer qu’il a pu répondre à ses besoins personnels et privés. Anne a demandé un enfant, Dieu lui a répondu en lui faisant enfanter le dernier des juges et le père de la royauté d’Israël, qui a apporté la paix au pays : Samuel.

Dieu utilise des femmes humbles

Nous allons voir maintenant que Dieu utilise des femmes humbles. Réfléchissez à cela : on vous a demandé d’écrire la biographie de David, le berger devenu roi d’Israël, celui qui a enfin permis à Israël de profiter pleinement de la terre pour la première fois de toute son histoire. Par quoi commenceriez-vous ? Peut être par sa première action glorieuse, quand il a vaincu Goliath. Ou bien allez-vous raconter la fois où David a vaincu un ours à main nues quand il était enfant, un événement sans témoins, mais qui montre sa gloire et sa force à venir ? Dans les histoires de libération, nous avons tendance à commencer par le héros lui-même et à passer tout de suite à la partie glorieuse de sa vie. Mais Dieu les écrit d’une façon très différente.

Dans le livre des Juges, nous avons eu une grande collection d’hommes forts et féroces qui ont combattu pour Israël, mais n’ont pas obtenu sa libération. Le livre de Samuel commence par une femme qui vit dans la honte, et qui pleure à Dieu. J’insiste encore : si nous voulions faire un film qui raconte la libération d’Israël, peut être y mettrait-on une femme en personnage principal après tout. Mais ce serait pour lui mettre ensuite une épée en main, un décolleté outrageant, et elle démolirait trois Goliaths et demi en deux minutes.

Mais Dieu ne montre pas un héros fort et glorieux en entrée de ce livre. Il ne montre pas non plus une femme « forte et indépendante ». Il montre une femme humble. Quand elle commence à prier, le grand-prêtre croit qu’elle est ivre tellement il ignore à quoi ressemble une vraie vie spirituelle. Dans sa défense pourtant, elle ne l’accuse d’aucune indignité, mais défend seulement son honneur et sa réputation. Elle continue de respecter le grand-prêtre, même quand il commet une faute et une bévue grave.

La condition de cette femme, c’est qu’elle obéit à son mari, elle lui reste fidèle malgré la pénibilité de la vie familiale. Elle ne peut pas déverser son cœur, parce qu’e’il y a chez elle une ennemie personnelle, et que son mari est aveugle à cela. Elle n’est pas forte, elle pleure chaque année. Elle n’est pas remplie de confiance, elle est ravagée par la honte. Elle n’est pas aux commandes, elle subit tout. C’est une femme petite, anonyme, humble, méprisée, solitaire, isolée.

C’est la mère du salut d’Israël, que Dieu a choisie. Son nom est éternel, sa gloire est plus grande que la plupart des chefs d’État actuels. Sans elle, il n’y aurait pas de Samuel, et donc pas de David, il n’y aurait pas d’Israël uni, il n’y aurait pas de nation prête à recevoir l’arrivée de Jésus, le sauveur de l’humanité. C’est par elle que l’Évangile est passé.

Comment tant de gloire peut-il cohabiter avec tant d’obscurité ? La leçon clé est cette vérité qui est dite plusieurs fois dans l’Écriture : c’est que l’humilité précède la gloire.

Nous devons donc nous souvenir que maintenant que nous appartenons à Jésus-Christ, nous devons travailler à avoir une attitude humble et non conquérante entre nous. Ainsi que le dit l’apôtre Paul en Romains 12 : Ne soyez pas orgueilleux, mais laissez-vous attirer par ce qui est humble. Ne vous croyez pas trop avisés. Dieu n’agit qu’à travers des personnes humbles. Ainsi donc, que vous soyez des hommes ou des femmes, ne vous considérez pas important, mais apprenez à demander à Dieu comme si rien n’était à vous, et à vous appuyer entièrement sur lui. Alors seulement, après un peu de temps, viendra la gloire à laquelle vous aspirez.

C’est un commandement que l’on trouve dans toute l’Écriture, mais pourquoi Dieu agit-il ainsi ? Pourquoi ne passe-t-il pas par les humains d’élites, par les forts et les courageux, les compétents et les sages ? La réponse se trouve déjà au temps des Juges, et elle est confirmée par plusieurs prophètes :

Dieu ne veut pas passer par des hommes forts, parce qu’il ne veut pas partager sa gloire avec un héros humain. Cela pourrait paraître égoïste, voire même capricieux. Mais cela s’explique facilement quand on comprend quelle est la nature des héros humains et la nature de Dieu. Les héros humains sont tous défaillants et même les plus purs d’entre eux cachent des corruptions répugnantes. David, par exemple, jette de l’eau par terre quand il apprend que ses soldats ont risqué leur vie pour aller la tirer au puits d’une ville gardée par ses ennemis. Mais le même David, jusqu’ici parfaitement noble, n’hésitera pas à coucher avec la petite-fille d’un de ses conseillers les plus proches, la fille d’un des Trente et l’épouse d’un autre soldat du même groupe de champions d’Israël. Où est passée sa noblesse ce jour-là ? Dieu, de son côté, est d’une excellence et d’une justice parfaites et immuables. Il n’est pas seulement un très grand exemple de Justice : il est la Justice avec un grand J. Si Dieu ne partage pas sa gloire avec un autre, ce n’est parce qu’il est une sorte de diva capricieuse. C’est parce qu’il est impossible à un homme d’être correctement associé à Dieu.

Deuxième raison pour laquelle Dieu ne sauve pas par des hommes forts et glorieux : nous détestons Dieu, et si jamais nous voyions Dieu nous sauver à travers un héros, nous rendrions un culte au héros et mépriserions Dieu. Or, cela serait tragique parce que nul homme n’a jamais pu en sauver un autre, tout puissant fût-il. Aussi, parce que Dieu nous aime, il s’adapte à notre faiblesse pour montrer où se situe le vrai salut.

Applications

Voici notre leçon : nous ne devons pas regarder aux hommes, qu’ils soient des individus ou des institutions, pour s’imaginer qu’ils puissent vraiment répondre aux problèmes des hommes. Ils peuvent poser des pansements, certes, mais l’homme ne peut pas se sauver lui-même. Les souffrances qui naissent de sa corruption doivent être soignées par quelqu’un qui est radicalement plus grand que l’homme. C’est pourquoi nous devons prier Dieu, l’invoquer, apprendre à compter sur lui et le prier comme Anne a prié Dieu. Il est le seul et unique sauveur.

Et il y a encore une autre leçon, plus particulièrement pour les femmes : ne haïssez pas votre propre faiblesse. N’ayez pas honte de vos propres limites et de votre petitesse. C’est justement à cause de votre faiblesse, à cause de vos limites émotionnelles et physiques, que Dieu veut passer par vous pour le salut. Vous êtes privilégiées, non parce que vous êtes des femmes fortes, des femmes indépendantes. Dieu se moque des forts, il renverse les indépendants, hommes ou femmes. Dieu vous aime d’un amour spécial parce que justement vous êtes humbles, parce que vous gardez votre place, parce que vous n’êtes pas en position de vous croire fortes ou capables d’aider Dieu. Mais si, au contraire, vous prenez pour vous un modèle de féminité qui est en fait une virilité rebelle à Dieu, vous en partagerez le sort, qui est d’être jugées par Dieu. J’ai bien conscience que cela est difficile à notre époque, où même les lois sont écrites de façon à pousser les femmes à tordre leur féminité. Mais Dieu est plus grand que notre cœur, et il sait de quoi nous sommes faits. Ne haïssez pas votre propre faiblesse, et demandez à Dieu de vous aider. Il vous aidera.

Comment le salut vient par les femmes

C’est d’autant plus important que ce n’est pas seulement Anne qui connaît ce genre de grâce. Dans toute l’Écriture, il apparaît que le salut vient par les femmes.

C’est à cause de ce schéma si récurrent dans l’Écriture que l’apôtre Paul écrit au sujet d’Ève et de la femme, en 1 Timothée 2 : Elle sera néanmoins sauvée en devenant mère, si elle demeure dans la foi, l’amour et la consécration, avec pondération. Il ne s’agit pas de dire que les hommes sont sauvés par la foi tandis que les femmes sont sauvées par l’accouchement. C’est un rappel de Genèse 3,15, et de toutes les mères de libérateurs dans l’Écriture, un motif, riche, récurrent et important. C’est par Ève que le péché est entré dans le monde, et c’est par Marie que le salut est entré dans le monde. Cette seconde Ève a été la cause de la vie tout comme la première Ève fut cause de la mort. Le premier Adam a été déchu suite à l’occasion fourni par l’orgueil de la première Ève, le second Adam – Jésus Christ – a sauvé le monde suite à l’occasion fournie par l’humilité de la nouvelle Ève, Marie. Ce n’est pas seulement moi qui le voit, c’est le raisonnement de Paul en 1 Timothée 2,13-15.

En effet, Adam a été façonné le premier, Ève ensuite ; et ce n’est pas Adam qui a été trompé, c’est la femme qui, trompée, s’est rendue coupable de transgression. Elle sera néanmoins sauvée en devenant mère, si elle demeure dans la foi, l’amour et la consécration, avec pondération.

Le raisonnement de Paul est le suivant : même si Adam est responsable de la Chute, c’est suite à l’occasion fournie par Ève. Aussi Dieu a-t-il décidé de sauver l’humanité non seulement en instituant un deuxième Adam, mais en laissant la femme aussi être l’occasion de cette délivrance. Et ce ne fut pas seulement vrai de Marie : c’est un motif qui se répète à travers l’Écriture.

Applications

Alors comment une femme de Dieu doit-elle recevoir ses paroles ? Développez dès maintenant les qualités d’humilité, de foi, d’amour et de consécration que Marie et Anne ont illustrées. Ces qualités sont certes méprisées aux yeux du monde, mais d’une grande valeur aux yeux de Dieu. Ne craignez pas de perdre en développant cette douceur féminine, car votre récompense ne sera pas le temps d’une carrière, quelques décennies d’exploitation suivie de l’oubli. Ce sera une récompense éternelle, glorieuse et l’approbation du Père des Lumières qui est toute miséricorde et toute justice.

À celles qui n’ont pas encore d’enfants, et qui peuvent espérer en avoir : développez une vision positive de la maternité dès maintenant, car malgré tout son poids, elle est un cadeau de beaucoup de valeur. Dieu n’a pas voulu sauver l’humanité sans passer à chaque fois par une mère qu’il a choisi spécialement avec amour et soin.

À celles qui sont déjà mères : prenez courage dans les épreuves et ne perdez pas de vue votre plus grande aide, le Dieu qui vous a choisi pour amener à l’existence ce fils ou cette fille de Dieu, pour un plan déterminé de toute éternité. Ce n’est pas seulement quelque chose de naturel. Les enfants que vous élevez aujourd’hui, c’est Dieu qui a décidé de faire grandir l’Église par vous. Vous avez porté dans votre corps le salut du monde, et vous le portez encore. Invoquez le Père souvent dans vos prières, avec fréquence et insistance, pour que vos enfants demeurent dans la maison de Dieu, et que vous soyez rendues semblables à Jésus, qui était doux et humble de cœur, et a tant aimé les enfants qu’il les a pris pour exemple des citoyens du royaume de Dieu.

À celles qui, pour diverses raisons, sont frustrées dans leur maternité, par stérilité ou célibat subi : Vous n’êtes pas méprisées par Dieu. Considérez comment Anne n’a pas laissé cette stérilité la submerger, mais a invoqué avec humilité et courage le nom de l’Éternel. Dieu n’a pas répondu aux prières du grand-prêtre dans ses jolis vêtements. Il n’a pas répondu aux prières des princes. Il a répondu à la tristesse d’une femme seule et angoissée, submergée de frustration. Vous êtes le genre de femme que Dieu recherche, si vous développez cette foi, cet amour et cette consécration recherchée. Il saura vous donner des enfants ; si ce n’est par la chair, ce sera dans l’esprit, et vous aurez une plus grande famille dans le Royaume que toute celle que vous auriez espérée dans ce monde.

Comment développer ces qualités d’humilité, de foi, de consécration qui étaient celles d’Anne, et qui ont donné à Israël un sauveur ? Ici, je ne parle pas seulement des femmes, mais aussi des hommes qui veulent ressembler à Christ, car il est un modèle de ces trois qualités :

  • Rappelez vous que l’humilité ne consiste pas à se haïr soi-même mais à penser moins à soi-même. Anne n’a pas pensé : « je suis une femme détestable ». Au contraire, elle était capable de se fâcher contre Éli lorsqu’il déclara qu’elle était méprisable. L’humilité d’Anne, c’est de ne pas avoir répliqué contre son mari ou contre Pennina, et d’avoir orienté ses pensées vers Dieu, plutôt que vers elle-même et vers sa propre souffrance. Si vos pensées sont souvent posées sur Dieu, votre être entier s’alignera naturellement à sa juste position.
  • L’activité et le service sont utiles pour ne pas se laisser distraire par ses émotions. Mais prenez garde à ne pas vous laisser submerger ensuite par l’activisme au point où vous n’avez plus le temps de prier et d’entretenir votre vie spirituelle.
  • Apprenez dans vos activités à garder cette capacité de recul pour vous rendre compte de ce que Dieu fait par vous. Répétez-vous que vous êtes aimées par Dieu, et qu’il veut agir par vous. Remerciez-le, et obéissez-lui de tout votre coeur ensuite.
  • Rappelez vous que tout ce que vous avez appartient à Dieu premièrement, qu’il s’agisse de l’œuvre de vos mains ou de l’enfant qui sort de votre ventre. Consacrez vos enfants et vos œuvres à Dieu : cela ne veut pas dire qu’il vous les enlèvera. Il veut les élever avec vous.

Quant aux hommes, voici des applications de l’exemple d’Anne :

  • Même si cela nous est difficile, il faut se garder d’imiter l’insensiblité d’Elqana et ne pas ajouter au fardeau des femmes. Le risque est que le fardeau devienne si grand qu’elle ne puisse plus invoquer Dieu facilement et c’est un danger réel. Sachons les protéger et alléger leur peine.
  • Nous avons un même Seigneur qui exige la même obéissance des hommes comme des femmes. Cependant, il a un mode de relation avec les femmes qui est différent, et qui correspond à leur nature. De même, il entre en relation avec nous, les hommes, d’une certaine façon, qui convient à ce que nous sommes. L’intégrité de chaque spiritualité doit être conservée, et il faut apprendre à développer une vie spirituelle commune, même quand les usages diffèrent entre hommes et femmes. Peut-être que votre femme est à l’aise avec des prières spontanées et courtes, et que vous préférez des prières plus construites et longues. Ne vous accrochez pas sur la forme de spiritualité, et concentrez vous sur l’édification commune. Dieu a demandé des choses différentes à Elqana et à Anne.
  • Il y a aussi le fait que, souvent, nous n’avons pas de modèle vivant d’une femme comme Anne, ou d’un époux conforme à la volonté de Dieu. Nous avons besoin d’invoquer Dieu pour qu’il nous apprenne les voies de l’époux et du père.

C’est pourquoi je pense qu’à présent il serait juste que nous concluions par la prière, pour comprendre et appliquer la leçon d’Anne dans nos vies.


Illustration : Francis William Warwick Topham, Samuel consacré par Anne, huile sur toile.

Étienne Omnès

Mari, père, appartient à Christ. Les marques de mon salut sont ma confession de foi et les sacrements que je reçois.

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