Dieu et la Trinité en bref – Jérôme Zanchi
8 mars 2025

À la demande de Théodore de Bèze, le Réformateur italien Jérôme Zanchi rédigea une confession de foi commune pour les Églises réformées d’Europe. Ce projet ayant été abandonné à la faveur d’une Harmonie des confessions réformées existantes, Zanchi publia son travail préparatoire en guise de confession privée, intitulée De religione Christiana fides. Zanchi avait pour objectif d’exprimer ici la foi commune aux réformés. Par ailleurs, il fut professeur à Heidelberg à la suite de Ursinus, le rédacteur principal du catéchisme de Heidelberg. Ainsi, bien que n’étant jamais adoptée officiellement par une Église, cette confession demeure un témoin précieux de la foi réformée à cette époque, nous publions une traduction française de certains extraits de celle-ci. Voici l’intégralité du deuxième chapitre, à propos de la doctrine de Dieu et de la Trinité.

L’adverbe « simplement » revient à plusieurs reprises dans la traduction proposée. Il doit être pris en son sens technique, en référence à la doctrine de la simplicité divine. L’emphase sur la doctrine de la simplicité, en particulier dans les derniers articles, se comprend en référence à l’affirmation de certains luthériens qui, pour défendre leur explication de la présence du Christ dans l’Eucharistie, recourraient à l’idée que la nature humaine du Christ était omniprésente, obtenant les attributs de la divinité. Nous avons répondu à cet argument luthérien dans cet article.


I. Qu’il n’y a qu’un seul Dieu, distinct en trois personnes.

Comme nous l’enseignent les Saintes Écritures, qui sont sa propre Parole, nous croyons qu’il n’y a qu’un seul Dieu. Ce seul Dieu est une essence simple, indivisible, éternelle, vivante et la plus parfaite qui soit, existant en trois personnes, comme l’exprime l’Église : le Père éternel, le Fils éternel et le Saint-Esprit éternel. Ces trois personnes sont véritablement distinctes les unes des autres, mais sans aucune division, étant à la fois le début et la cause de toutes choses.

II. Que chaque personne en elle-même est vraiment Dieu, mais qu’il n’y a pas trois dieux.

Nous croyons et avons appris des Saintes Écritures que le Père en lui-même est vraiment et parfaitement Dieu, le Fils en lui-même est Dieu, et le Saint-Esprit en lui-même est Dieu. Pourtant, ils ne sont pas plusieurs, mais un seul Dieu Tout-Puissant, de qui toutes choses existent, par qui toutes choses existent, et pour qui toutes choses existent.

III. Une personne est distincte d’une autre par ses propriétés personnelles, mais en essence, elles diffèrent de toute créature.

Parce que les Saintes Écritures parlent de Dieu et lui attribuent de nombreuses propriétés, à la fois essentielles et personnelles, elles enseignent qu’en essence, Il diffère de toutes les choses créées, mais en ce qui concerne les propriétés personnelles, une personne est distincte d’une autre. Nous croyons donc que de même que la propriété d’engendrer le Fils est propre au Père et ne peut s’appliquer ni au Fils ni au Saint-Esprit ; et que d’être engendré ne peut s’appliquer qu’au Fils, et ainsi de suite ; de même être le plus pur qui soit, éternel, immense, présent partout, sachant tout simplement, tout-puissant simplement, bon simplement et autres propriétés similaires sont les propriétés de Dieu et ne peuvent en aucune manière être communiquées à une créature. Par exemple, aucune créature ne peut être bonne avec cette bonté immense ou tout-puissante avec la même toute-puissance que possède Dieu.

IV. Les propriétés essentielles en Dieu ne diffèrent pas de l’essence.

Nous reconnaissons qu’en Dieu, en raison de son unicité, les propriétés essentielles ne diffèrent pas de l’essence. Par conséquent, elles ne peuvent être communiquées à aucune créature. Ainsi, aucune créature ne peut être, ou être dite, simplement omnipotente, juste, sage, ou autre. Comme notre Seigneur Jésus, parlant d’une propriété, enseigne au sujet de toutes, en disant : « Nul n’est bon (simplement) si ce n’est Dieu. »

V. Rien ne peut être fait simplement tel que Dieu est, à moins qu’il ne puisse être simplement Dieu.

Par conséquent, ceux qui affirment qu’une substance créée pourrait jamais être rendue participante des propriétés divines, par lesquelles elle serait semblable à Dieu — en étant, par exemple, simplement omnipotente, etc.— doivent reconnaître que cette créature est, ou peut être, de la même substance que Dieu. Car même le Fils Lui-même n’est pas simplement omnipotent, si ce n’est parce qu’il est consubstantiel au Père, et il en va de même pour le Saint-Esprit.

VI. Confirmation de l’opinion précédente.

Nous comprenons que, puisque le Fils n’est pas moins omnipotent que le Père, et de même le Saint-Esprit, nous ne disons pourtant pas qu’ils sont trois tout-puissants, mais nous confessons avec Athanase et toute l’Église qu’ils sont un seul Tout-Puissant, car ils partagent effectivement la même substance. Par conséquent, voyant qu’aucune créature n’a la même essence que Dieu mais une essence bien différente et diverse, si une créature pouvait être rendue omnipotente par la communication de l’omnipotence divine, il s’ensuivrait qu’il pourrait y avoir un nombre plus grand de tout-puissants qu’un seul, ce que nous croyons ne pas pouvoir être affirmé sans blasphème.

VII. Erreurs.

Par conséquent, nous condamnons et détestons toutes les hérésies qui se sont levées contre ce premier article de notre foi, ou ont surgi de l’enfer, et ont été condamnées par les saints pères dans leurs conciles légitimes : telles que celles de Cérinthe, Ébion, Valentin, Marcion, Mani, Arius, Eunomius, Sabellius, Praxeas, Photin, et d’autres comme Servet et les Trithéistes, ainsi que les blasphèmes des Juifs et des musulmans. Enfin, toutes les hérésies inventées par le diable, soit contre l’unité de l’essence divine, soit contre la vraie Trinité des personnes. Ceux qui nient que le Fils soit le vrai et éternel Dieu, ou que le Saint-Esprit le soit, ou ceux qui confondent ces personnes et disent qu’elles sont une seule et même subsistance qui, pour diverses raisons est appelé par différents noms de Père, Fils et Saint-Esprit, sont également condamnés. Nous condamnons aussi toutes les erreurs qui séparent les propriétés essentielles de Dieu de l’essence divine, ce qui semble à nous que ces hommes font très imprudemment, en enseignant que ces propriétés essentielles peuvent en réalité être communiquées, ou sont déjà communiquées, aux créatures sans la communication de l’essence.

Maxime Georgel

Maxime est interne en médecine générale à Lille. Fondateur du site Parlafoi.fr, il se passionne pour la théologie systématique, l'histoire du dogme et la philosophie réaliste. Il affirme être marié à la meilleure épouse du monde. Ils vivent ensemble sur Lille avec leurs quatre enfants, sont membres de l'Église de la Trinité (trinitelille.fr) et sont moniteurs de la méthode Billings.

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