De l’incarnation – Cyrille de Jérusalem (Catéchisme 12)
8 mai 2025

L’Éternel parla de nouveau à Achaz, et lui dit : Demande en ta faveur un signe à l’Éternel, ton Dieu ; demande-le, soit dans les lieux bas, soit dans les lieux élevés. Achaz répondit : Je ne demanderai rien, je ne tenterai pas l’Éternel. Ésaïe dit alors : Ecoutez donc, maison de David ! Est-ce trop peu pour vous de lasser la patience des hommes, Que vous lassiez encore celle de mon Dieu ? C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe ; Voici, la vierge deviendra enceinte, elle enfantera un fils, Et elle lui donnera le nom d’Emmanuel. – Esa 7.10-14

Après avoir parlé de la divinité de Jésus dans la lecture précédente, Cyrille aborde l’humanité de Jésus et du mystère de l’incarnation :

Car il n’est ni saint d’adorer le simple homme, ni religieux de dire qu’Il est Dieu seulement sans l’humanité. Car si le Christ est Dieu, comme il l’est en effet, mais n’a pas pris la nature humaine, nous sommes étrangers au salut. Adorons-Le donc comme Dieu, mais croyons aussi qu’Il s’est fait homme. Car il n’y a aucun profit à l’appeler homme sans la divinité, ni aucun salut à refuser de confesser l’humanité avec la divinité.

Notez que cette confession précède le concile de Chalcédoine. Cette doctrine de l’incarnation rencontre des oppositions.

2-4 Cyrille commence par critiquer les Juifs qui, selon lui, ont rejeté Jésus, le véritable Messie, et attendent un imposteur. Il cite les paroles de Jésus dans l’Évangile de Jean : « Je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas ; si un autre vient en son propre nom, vous le recevrez » (Jean 5:43). Cyrille souligne que les Juifs, en rejetant Jésus, se sont détournés du salut et attendent en vain un autre messie.

Il met également en avant la prophétie d’Isaïe qui annonce qu’Emmanuel naîtra d’une vierge (Isaïe 7:14). Cyrille interpelle les Juifs en leur demandant s’ils croient en cette prophétie. Si oui, ils doivent accepter que Jésus, né d’une vierge, est le Messie promis. Sinon, ils accusent le prophète de fausseté. Cyrille utilise cette logique pour montrer l’incohérence des Juifs qui rejettent Jésus tout en attendant un Messie conforme à la prophétie d’Isaïe.

Ensuite, Cyrille s’attaque aux hérétiques qui contestent la doctrine de l’Incarnation. Certains nient que Jésus soit né d’une vierge, tandis que d’autres affirment qu’il est né non pas d’une vierge, mais d’une femme mariée. Une autre hérésie soutient que Jésus n’est pas Dieu fait homme, mais un homme qui a été divinisé par élévation. Ces hérétiques prétendent qu’un homme a été couronné et non que le Verbe préexistant s’est fait chair.

Face à ces oppositions, Cyrille défend la doctrine orthodoxe de l’Incarnation. Il insiste sur le fait que Jésus-Christ est le Verbe de Dieu fait chair (Jean 1:14). Il est à la fois vrai Dieu et vrai homme, né de la Vierge Marie par l’action du Saint-Esprit. Contrairement aux hérétiques, Cyrille affirme que Jésus est réellement né d’une vierge, et non d’une union humaine ordinaire. Il souligne que le Verbe, qui est éternel et engendré par le Père avant tous les mondes, s’est incarné pour notre salut. Ce n’est pas un homme qui a été élevé à la divinité, mais le Verbe divin qui s’est fait homme.

Cyrille appelle à croire en cette doctrine malgré les controverses et les diverses hérésies, en s’appuyant sur les Écritures et la foi de l’Église. Il invite ses auditeurs à attendre les preuves et les enseignements ultérieurs pour mieux comprendre ce mystère de la foi chrétienne.

L’incarnation elle-même

5-19 Cyrille commence par rappeler la raison pour laquelle Jésus est venu sur terre. Il insiste sur le fait que la venue de Jésus est annoncée par les prophètes et que les Écritures sont la source de vérité à laquelle on doit se référer. Il cite la Genèse pour montrer que l’homme, créé à l’image de Dieu, a été corrompu par le péché et expulsé du Paradis (Genèse 1:26). L’humanité, affaiblie par le péché, avait besoin d’un sauveur.

Il mentionne ensuite les prophéties qui annoncent la venue du Messie. Par exemple, le prophète Isaïe parle d’Emmanuel, « Dieu avec nous« , qui naîtra d’une vierge (Isaïe 7:14). Cyrille utilise cette prophétie pour montrer que Jésus, né de la Vierge Marie, est le Messie promis. Il critique les Juifs qui attendent encore un messie tout en rejetant Jésus, soulignant l’incohérence de leur position.

Cyrille explique que l’humanité, blessée par le péché, avait besoin d’un sauveur divin. Il cite plusieurs passages des Psaumes et des prophètes qui appellent à la venue de Dieu pour sauver son peuple. Par exemple, le Psaume 14:7 dit : « Qui donnera de Sion le salut à Israël ? » et Isaïe 63:19 demande : « Que ton bras se déploie pour sauver. » Ces passages montrent le besoin d’une intervention divine pour guérir l’humanité de ses péchés.

Il souligne que Dieu, dans sa miséricorde, a envoyé son Fils pour sauver l’humanité. Jésus est venu non seulement pour les Juifs, mais aussi pour les nations, comme le prophète Isaïe l’avait annoncé : « Voici mon serviteur, […] il portera mon salut jusqu’aux extrémités de la terre » (Isaïe 49:6). Cyrille cite également Jean 1:11 : « Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçu.« 

Cyrille insiste sur le fait que Jésus est venu pour rassembler toutes les nations et leur donner un signe de salut. Il cite le prophète Zacharie qui annonce que Dieu viendra et habitera parmi les hommes (Zacharie 2:10-11). Ce signe est la croix, par laquelle Jésus a vaincu la mort et donné la vie éternelle à ceux qui croient en lui.

Il explique également que Jésus est venu pour juger les puissants et les princes, comme le prophète Isaïe l’avait annoncé : « Le Seigneur entre en jugement avec les anciens de son peuple et avec ses chefs » (Isaïe 3:14). Ce jugement montre la supériorité de Jésus, qui, bien que serviteur, juge ceux qui se croient maîtres.

Cyrille conclut en affirmant que Jésus est venu pour sauver l’humanité de la mort et du péché. Il cite le prophète Osée qui parle de la résurrection : « Il les guérira de leur infidélité, il les aimera de nouveau » (Osée 14:4). Par sa mort et sa résurrection, Jésus a vaincu la mort et donné la vie éternelle à ceux qui croient en lui.

Enfin, Cyrille rappelle que la venue de Jésus était nécessaire parce que l’humanité ne pouvait pas supporter la présence directe de Dieu en raison de sa faiblesse. Il cite l’Exode où Moïse demande à Dieu de ne pas lui parler directement de peur de mourir (Exode 20:19). Ainsi, Jésus est venu en tant qu’homme pour que l’humanité puisse le voir et l’entendre sans être détruite par sa gloire divine.

Datation de la Naissance de Jésus

Pour déterminer le moment de la venue de Jésus, Cyrille se réfère à la prophétie de Jacob concernant Juda dans Genèse 49:10 : « Le sceptre ne s’éloignera point de Juda, ni le bâton souverain d’entre ses pieds, jusqu’à ce que vienne le Schilo, et c’est à lui que les peuples obéiront. » Cyrille interprète ce passage comme indiquant que la venue du Messie coïnciderait avec la fin de la souveraineté juive. Puisque (à l’époque de Cyrille) les juifs ne sont plus en Palestine, c’est donc que leur messie est arrivé peu avant la destruction de Jérusalem en 70.

Il utilise également la prophétie de Daniel pour préciser le moment de la venue du Messie. Dans Daniel 9:25, il est écrit : « Sache-le donc, et comprends! Depuis le moment où la parole a annoncé que Jérusalem sera restaurée et reconstruite jusqu’au Messie, au Conducteur, il y a sept semaines et soixante-deux semaines. » Cyrille interprète ces « semaines » comme des semaines d’années, soit 483 ans. Il calcule que cette période commence avec l’ordre de reconstruire Jérusalem donné par Darius le Mède et se termine avec la naissance de Jésus sous le règne d’Hérode. [Malheureusement, Cyrille se trompe : le Darius qui a vu la reconstruction du temple (Esd 6.15) est Darius Hystapis et non Darius le mède. Il confond aussi reconstruction du temple avec la reconstruction de la cité (Néh 2.1)]

Lieu de la Naissance de Jésus (§20)

Dans ce passage, Cyrille de Jérusalem utilise plusieurs références bibliques pour renforcer l’idée que le Messie naîtrait à Bethléem, en plus de la prophétie bien connue de Michée 5:2. Voici comment il utilise ces autres citations :

Cyrille cite le Psaume 132:6 : « Voici, nous l’avons appris à Éphrata, nous l’avons trouvé dans les champs de Jaar. » Ce verset est utilisé pour confirmer le lieu de naissance du Messie. « Éphrata » est souvent associé à Bethléem, et les « champs de Jaar » (ou « champs du bois » dans certaines traductions) peuvent être compris comme une description de la région boisée autour de Bethléem. Cyrille utilise ce verset pour montrer que la naissance du Messie à Bethléem est corroborée par une autre source scripturaire.

Cyrille cite Habacuc 3:2-3 : « Seigneur, j’ai entendu ce que tu as annoncé, je suis saisi de crainte. Accomplis dans le cours des années ce que tu as fait connaître, dans ta colère souviens-toi de ta miséricorde. » Il interprète ce passage comme une prophétie de la venue du Messie, qui sera révélé à un moment précis de l’histoire. Habacuc parle de la révélation de Dieu « au milieu des années, » ce que Cyrille interprète comme la vie terrestre de Jésus, qui inclut sa mort et sa résurrection.
Or, ce ministère est décrit en Habacuc 2.3 « Dieu vient de Téman, le Saint vient de la montagne de Paran, » pour indiquer la direction d’où viendra le Messie. « Téman » signifie « sud, » et « Paran » est une région montagneuse au sud de Judée. Cyrille utilise ces références pour montrer que le Messie viendra du sud, confirmant ainsi la prophétie de Michée concernant Bethléem, située au sud de Jérusalem.

En combinant ces références, Cyrille établit une argumentation solide pour affirmer que Jésus est le Messie promis, né à Bethléem, conformément aux prophéties bibliques.

De qui est né le Christ ?

D’une vierge bien sûr, ainsi qu’il est écrit en Esaïe 7.14. Mais les juifs objectent que le mot derrière « vierge » est en réalité « jeune fille » [almah – עַלְמָה] et pas vraiment le mot technique qui désigne la vierge. Cyrille défend l’interprétation chrétienne de ce mot :

  • En Deutéronome 22.27 et 1 Rois 1.4, on voit le mot « jeune fille » être utilisé au sens de « vierge ». Donc almah n’exclut pas le sens de virginité. [Petit problème : le mot qui est utilisé en Dt 22.27 et 1 R 1.4 n’est pas non plus le mot technique pour « vierge » – בְּתוּלָה. Mais l’argument reste bon, surtout que l’on peut faire la même remarque que « almah » signifie vierge en Genèse 44.43 ; Exode 2.8 ; Cantique 1.3. En sens inverse, il n’y a pas de passages bibliques où almah signifie une jeune femme déjà mariée.]
  • Esaïe 7.14 décrit un signe miraculeux qui annonce la délivrance prochaine, cela signifie quelque chose d’extraordinaire comme le passage de la mer rouge, l’eau qui jaillit du rocher ou quelque chose du genre. Pas une jeune fille mariée qui -ô surprise- a des enfants dans son mariage.
  • Ezéchias est trop âgé pour être le fils d’une princesse royale né peu après la prophétie. Il n’est donc pas le sujet de Esaïe 7.14.

Plus tard, il confirme la virginité de la naissance de Jésus par une interprétation messianique du Psaume 22.10 où le psalmiste souffrant [c’est le psaume qui décrit les souffrances du Christ] dit  » tu m’as fait sortir du ventre de ma mère ». D’après Cyrille, c’est le signe que la naissance du Messie vient seulement de la vierge et de Dieu et non d’un homme par dessus.

Le Christ naît donc d’une vierge, et il faut préciser : d’une vierge de la lignée de David.

  1. Psaume 132:11 et 2 Samuel 7:12-13 :
    • Cyrille cite le serment de Dieu à David : « C’est le fruit de ton corps que je placerai sur ton trône » et « J’affermirai pour toujours sa postérité. » Ces versets indiquent que le Messie sera un descendant de David et régnera sur son trône. Cyrille utilise ces passages pour montrer que la promesse de Dieu à David concerne la lignée messianique.
  2. Psaume 89:35-37 :
    • Il cite également : « Une fois j’ai juré par ma sainteté, je ne mentirai point à David. Sa postérité subsistera toujours, son trône sera comme le soleil devant moi, comme la lune il sera ferme à jamais. » Cyrille explique que cette prophétie ne peut pas se référer à Salomon, dont le trône n’a pas duré éternellement, mais à Jésus-Christ, dont le règne est éternel.
  3. Matthieu 21:9 et 21:15 :
    • Cyrille mentionne les enfants criant « Hosanna au Fils de David » et les aveugles disant « Fils de David, aie pitié de nous. » Ces passages montrent que Jésus est reconnu comme le descendant de David par ceux qui l’acclament.
  4. Luc 1:32 :
    • L’ange Gabriel annonce à Marie que son fils recevra « le trône de David, son père. » Ce verset confirme que Jésus est le Messie promis, descendant de David.
  5. 2 Timothée 2:8 et Romains 1:3 :
    • Paul parle de Jésus-Christ comme étant « de la postérité de David » selon la chair. Ces passages du Nouveau Testament renforcent l’idée que Jésus est le Messie issu de la lignée de David.
  6. Isaïe 11:1 et 11:10 :
    • Cyrille cite Isaïe qui parle d’un « rejeton de Jessé » (le père de David) qui régnera sur les nations. Ce passage prophétise que le Messie viendra de la lignée de David et sera un chef pour les nations.

La convenance de l’incarnation

Et il n’est pas honteux pour Dieu de s’incarner, de vivre en chair. Cyrille commence par rappeler que Dieu, en tant que créateur, n’a pas honte de toucher ou de former le corps humain. Il cite Jérémie 1:5 : « Avant que je t’aie formé dans le ventre de ta mère, je te connaissais, et avant que tu ne sortes de son sein, je t’avais consacré. » Ce verset montre que Dieu est intimement impliqué dans la création de l’humanité, et donc, il n’y a rien de honteux à ce qu’Il prenne une forme humaine pour le salut de l’humanité.

Il cite également Job 10:10-11 : « Ne m’as-tu pas versé comme du lait, et caillé comme du fromage ? Tu m’as revêtu de peau et de chair, tu m’as tissé d’os et de nerfs. » Ce passage montre que Dieu est impliqué dans la formation du corps humain, ce qui indique qu’il n’y a rien d’intrinsèquement honteux ou impur dans la chair humaine. Cyrille souligne que le corps humain n’est pas impur en soi ; il ne devient impur que par le péché, comme la fornication et l’adultère. Il rappelle que Dieu a formé Adam et Ève, et que leurs corps étaient purs à l’origine.

Cyrille utilise aussi 1 Corinthiens 6:19 : « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous ? » pour montrer que le corps humain est sacré et digne, car il est habité par le Saint-Esprit. Cela renforce l’idée que Jésus, en prenant chair humaine, n’a pas dégradé sa divinité.

Il cite également des prophéties messianiques pour renforcer son argument. Par exemple, il mentionne le Psaume 22:6 (dans la version grecque) : « Ma chair est en sécurité parmi eux » et Michée 5:3 : « Elle enfantera, et le reste de ses frères retournera vers les enfants d’Israël. » Ces versets sont interprétés comme des prophéties concernant la naissance de Jésus et la restauration d’Israël.

Il cite également Osée 2:19 : « Je te fiancerai à moi pour toujours. » Ce verset est utilisé pour montrer l’alliance éternelle entre Dieu et son peuple, symbolisée par la naissance de Jésus d’une vierge. Enfin, il mentionne Luc 1:45, où Élisabeth dit à Marie : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur. » Ce verset montre la bénédiction et la foi associées à la naissance de Jésus.

Cyrille répond ensuite aux objections des païens et des juifs, qui crient tous deux qu’il est inconcevable qu’une naissance virginale ait lieu. Pour les païens, c’est vite répondu : leurs mythes de naissances de divinités sont bien plus aberrants que ne l’est une naissance virginale (cf naissance de Dyonisos et Athéna par ex.) Pour les juifs, on peut mentionner tous les signes extraordinaires, tels que le bâton changé en serpent, que l’on trouve dans la Bible.

Mais même si les juifs persistent en disant qu’il n’y a rien de similaire à une naissance virginale dans la Bible, Cyrille réplique en donnant l’exemple d’Eve, conçue par Dieu à partir de la chair d’Adam hors de la procréation ordinaire. Et la création de l’homme à partir de la poussière est encore plus « incroyable » aussi.

Cyrille appelle donc à rejeter les opinions des juifs et des païens. Quant aux hérétiques qui disaient que Marie était déjà mariée et avait eu des relations avec Joseph, Cyrille fait remarquer que dans la Bible, on peut être la femme de quelqu’un sans encore avoir eu de relations sexuelles avec lui (Gen 29.21). La Bible dit explicitement que Marie n’avait pas encore eu de relations avec Joseph (Luc 1.26-27 etc)

La conférence se termine sur un encouragement à la chasteté et à rejoindre le culte du Seigneur vierge, né de la virginité.

Étienne Omnès

Mari, père, appartient à Christ. Les marques de mon salut sont ma confession de foi et les sacrements que je reçois.

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