Y a-t-il eu une alliance entre Dieu et Adam ? – Turretin (8.3)
12 mai 2025

Dieu a-t-il fait alliance avec Adam, et de quel type ?

Définition d’alliance : un accord mutuel entre deux personnes ou plus au sujet de l’attribution mutuelle de certains biens et services pour le bien de l’utilité commune.

Une alliance se fait entre égaux, indépendants et les services échangés ne seraient pas dûs sans cette alliance. Turretin commence par dire qu’il est évident qu’à strictement parler Dieu ne peut pas entrer en alliance, lui qui est supérieur, dont l’homme dépend, et à qui l’homme doit déjà tout par nature. Mais il a condescendu à le faire, pour montrer non seulement son amour, mais aussi sa bienveillance et son amour.

Il fait la distinction entre alliance simple, où Dieu promet une chose sans que nous ayons à faire quelque chose en retour (la préservation de la création de tout déluge en Gen 9,9-11 par ex.) et les alliances doubles, où une obéissance particulière est exigé de nous en échange d’un don de Dieu.

L’alliance de nature

Cette double alliance nous est proposée dans l’Écriture : celle de la nature et celle de la grâce ; celle des œuvres et celle de la foi ; légale et évangélique. Le fondement de cette distinction repose à la fois sur la relation différente (schesei) de Dieu contractant (qui peut être considéré tantôt comme Créateur et Seigneur, tantôt comme Rédempteur et Père) et sur la condition diverse de l’homme (qui peut être envisagé soit comme une créature parfaite, soit comme une créature déchue) ; également sur le mode différent d’obtenir la vie et le bonheur (soit par l’obéissance propre, soit par celle imputée à un autre) ; enfin, sur les devoirs divers prescrits à l’homme (à savoir, les œuvres ou la foi). Car dans la première, Dieu en tant que Créateur exige une obéissance parfaite de l’homme innocent avec la promesse de la vie et du bonheur éternel ; mais dans la seconde, Dieu en tant que Père promet le salut en Christ à l’homme déchu sous la condition de la foi. La première repose sur l’œuvre de l’homme ; la seconde sur la grâce de Dieu seule. La première sur un Créateur juste ; la seconde sur un Rédempteur miséricordieux. La première a été faite avec l’homme innocent sans médiateur ; la seconde a été faite avec l’homme déchu par l’intervention d’un médiateur.
L’alliance de nature est celle que Dieu le Créateur a conclue avec l’homme innocent en tant que créature, concernant le don du bonheur et de la vie éternels sous la condition d’une obéissance parfaite et personnelle. Elle est appelée « naturelle », non pas en raison d’une obligation naturelle (que Dieu n’a pas envers l’homme), mais parce qu’elle est fondée sur la nature de l’homme (tel qu’il a été créé au départ par Dieu) et sur son intégrité ou ses capacités. Elle est également appelée « légale » parce que la condition de l’homme était l’observation de la loi de la nature gravée en lui ; et « des œuvres » parce qu’elle dépendait des œuvres ou de son obéissance propre. – François Turretin, Instituts de Théologie Elenctique, 8.3.4-5

Démonstration de son existence (§6-9)

Episcopius et d’autres remontrants [arminiens] contestaient l’existence de cette alliance, mais Turretin la prouve ainsi.

Premier argument : il y avait deux parties : un Dieu créateur et maître de l’homme, capable de demander l’obéissance et de la récompenser ; un homme capable de lui obéir et comprendre rationnellement l’objet de cette obéissance.

Deuxième argument, il y avait une loi imposée à Adam, qu’il devait nécessairement accomplir. Le fait qu’Adam puisse être puni s’il prenait l’arbre de la connaissance du bien et du mal montre que c’était une loi.

Troisième argument : c’est ce que dit Osée 6,7 7. Comme avec Adam, ils ont passé outre à l’alliance. C’est là qu’ils m’ont trahi. Objection : il faut comprendre « Adam » au sens de « homme » et non notre père commun. → Rien n’empêche que le nom propre et individuel d’Adam soit pris ensuite comme métonymie de l’humanité.

Quatrième argument: comme on l’a dit le fait que Dieu passe alliance est la marque de sa bonté et son intimité avec l’homme. Or c’est précisément la situation d’Adam avant la Chute.

Contenu de l’alliance (§10-17)

Les parties contractantes de cette alliance de nature sont :

  • Dieu, en tant que créateur et Seigneur (et donc Législateur suprême, en droit de donner des lois à l’homme).
  • L’homme Adam, à la fois parce qu’il était juste et capable d’obéir à Dieu ; et aussi parce qu’il était le premier de toute l’humanité, la tête de tout ceux qui allaient suivre. A ce titre, c’est donc l’humanité entière qui est entrée en alliance avec Dieu.

Cette alliance exigeait :

  • De Dieu, la bénédiction et la générosité bienveillante qu’il donnait à l’homme.
  • De l’homme, l’obéissance générale à la loi naturelle qui était gravée en son coeur, et de s’abstenir spécifiquement de manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Même sans alliance, il aurait dû obéir à Dieu, mais l’alliance vient y ajouter un poids particulier.

Récompense et punition :

  • Si Adam avait obéi, il aurait obtenu la vie et la gloire éternelle. En désobéissant, il a connu la mort et avec elle tous les autres malheurs.
  • Ce n’aurait pas été par la force de ses bonnes œuvres qu’Adam aurait hérité de la vie éternelle, mais par la fidélité de Dieu dans l’accomplissement de ses promesses. Même sans Chute, Adam n’aurait été récompensé que par la foi seule.

Étienne Omnès

Mari, père, appartient à Christ. Les marques de mon salut sont ma confession de foi et les sacrements que je reçois.

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