Il est courant d’entendre des apologètes catholiques romains ou orthodoxes attaquer la notion de substitution pénale, pourtant fréquente jusqu’à récemment chez des auteurs de leurs traditions comme Bossuet. Aussi, il peut être intéressant de considérer les lignes qui suivent de Cyrille d’Alexandrie. En guise de rappel, voici les autres textes patristiques que nous avons publié sur ce sujet :
Il a subi, pour nos intérêts, quoique innocent, la sentence de mort. En sa propre personne, Il a supporté la condamnation justement prononcée contre les pécheurs selon la Loi. Il est devenu « une malédiction pour nous », selon l’Écriture : « Maudit soit quiconque est pendu au bois. » Et nous sommes tous maudits, car nous n’avons pas la capacité d’accomplir la Loi de Dieu : « En beaucoup de choses nous avons tous fauté », et la nature humaine est très encline au péché. Et puisque la Loi de Dieu affirme aussi : « Maudit soit quiconque ne persévère pas dans toutes les choses écrites dans le livre de cette Loi pour les mettre en pratique », alors la malédiction nous appartient, à nous, et non à d’autres. Ceux à qui la transgression de la Loi peut être imputée, et qui sont fort enclins à dévier de ses commandements, méritent assurément un châtiment. C’est pourquoi celui qui ne connut pas le péché fut maudit pour notre bien, afin qu’Il nous délivrât de l’ancienne malédiction. Car tout-puissant était le Dieu qui surpasse tout, en mourant pour tous ; et par la mort de son propre corps, il acheta la rédemption de toute l’humanité. La croix que Christ a portée n’était donc pas pour ses propres fautes, mais bien celle qui nous était destinée, et nous revenait de droit, en vertu de notre condamnation par la Loi… Il prit sur lui-même la croix qui nous était due, prenant sur lui la condamnation de la Loi, afin que la bouche de toute impiété fût désormais close, selon la parole du Psaume. Celui qui était sans péché a souffert la condamnation pour le péché de tous. La colère de Dieu, en effet, ne s’est pas apaisée avec la chute d’Adam, mais Il fut aussi irrité par ceux qui, après lui, méprisèrent le décret divin ; et l’accusation de la Loi contre les transgresseurs continua de s’étendre sur tous. Nous étions donc maudits et condamnés, par la sentence de Dieu, par la transgression d’Adam, et par le non-respect de la Loi édictée après lui ; mais le Sauveur effaça l’acte d’accusation qui pesait sur nous, en le clouant sur sa croix. Cela désigne clairement la mort sur la croix qu’il subit pour le salut des hommes, qui étaient sous la condamnation. Pour nous, il paya la peine de nos péchés. Car bien qu’il souffrit, Il était infiniment au-dessus de toute créature, en tant que Dieu, et était plus précieux que la vie de tous1.
- Cyrille d’Alexandrie, Commentaire sur Jean, Livre XII.[↩]
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