Le libre arbitre en état de péché est-il réduit en esclavage par le péché, si bien qu’il ne peut rien faire d’autre que pécher ? A-t-il toujours le pouvoir de s’incliner au bien, non seulement moral et civil, mais interne et spirituel, répondant de façon précise à la volonté de Dieu prescrite dans la Loi ? Nous affirmons la première, nous nions la dernière contre les papistes, les sociniens et les remontrants.
Nous ne parlons pas ici de notre liberté par rapport à la contrainte, mais de notre liberté par rapport au péché : peuvent-ils faire quelque chose qui ne soit pas un péché tant qu’ils ne connaissent pas Dieu ?
Nous ne parlons pas ici des biens « civils et extérieurs » : l’homme est toujours capable de faire un bien, de faire des œuvres charitables ou s’empêcher de commettre un homicide ou l’adultère. Mais l’homme est-il capable de s’affranchir d’une vie de péché et d’inclination vers le mal ?
L’homme peut décider, certes, mais peut-il décider de s’abstenir du péché ?
Nous nions que l’homme puisse décider de s’abstenir ou d’être indifférent quant au péché.
Par conséquent, la question revient à ceci : l’homme non régénéré a-t-il encore assez de force dans son libre arbitre pour être indifférent au bien et au mal et être capable de ne pas pécher sans la grâce de la régénération ? Les adversaires affirment ; nous nions. — François Turretin, Instituts de théologie élenctique, 10.4.5.
Les adversaires de Turretin au XVIIe siècle
Les sociniens
Qui sont les adversaires qu’il mentionne ? Les pélagiens, anciens et modernes qui, pour rendre l’homme libre, le rendent sacrilège. Tout d’abord les sociniens, ou précurseurs du rationalisme.
Car si, dans le premier homme, avant la chute, il y avait le libre arbitre, il n’y a aucune raison pour qu’il en soit privé à cause de la chute, puisque ni la nature de la chose elle-même ne l’exige, ni la justice de Dieu ne le permet. — Socin, Praelectionis theologicae, 5.
Catholiques
Du côté des catholiques du XVIIe siècle, le message est plus mitigé. Bellarmin affirme des choses qu’un calviniste approuve :
L’homme, dans les choses relatives à la piété et au salut, ne peut rien faire ni vouloir sans la grâce spéciale de Dieu. — Bellarmin, De gratia et libero arbitrio, 6.4.
L’homme ne peut, par ses propres forces, se disposer à la grâce, ni faire quoi que ce soit pour que la grâce divine lui soit accordée.
Mais en d’autres endroits, il s’en éloigne :
L’homme peut, sans aide spéciale, accomplir quelque bien moral, si aucune tentation ne le presse. — Bellarmin, De gratia et libero arbitrio, 5.9.
Et le concile de Trente condamne les opinions interdites suivantes :
Le libre arbitre, mû et excité par Dieu, ne coopère en rien avec lui en consentant et en répondant à son appel, par lequel il se dispose et se prépare à la grâce de la justification, ni ne peut s’opposer s’il le souhaite. — Session 4.
Si quelqu’un dit qu’après le péché d’Adam, le libre arbitre a été perdu et éteint. — Session 5.
Mais cette opinion était contestée par les thomistes, les dominicains et les jansénistes, qui affirmaient la totale incapacité de l’homme à choisir le Bien suprême. À ce sujet, je vous renvoie vers un dominicain contemporain, le père Serge-Thomas Bonino qui perpétue cette tradition.
Remontrants (ou arminiens)
Pour ce qui est des remontrants (réformés dissidents des Pays-Bas, à l’époque de Turretin), il semblerait qu’ils ne diffèrent pas de nous en termes de doctrine :
L’homme, dans l’état de défection et de péché, ne peut de lui-même penser, vouloir ou faire quoi que ce soit de bon, qui soit véritablement bon, comme la foi salvatrice, mais il est nécessaire qu’il soit régénéré, renouvelé dans son esprit, ses affections ou sa volonté, et toutes ses facultés par Dieu en Christ à travers son Saint-Esprit, pour être capable de connaître, vouloir et accomplir quelque chose de bon. — Collato scripto habita Hagae Comitis, art. 3.
Mais lorsqu’on regarde de plus près, ils définissent le libre arbitre comme une indifférence entre le bien et le mal (une opinion réfutée à la question précédente). La grâce de Dieu nous met en état de choisir le Bien, mais elle est résistible, et dans notre état d’indifférence nous pouvons choisir le bien ou le mal.
Ils disent avec Grevinchovius (pages 209, 210+) que la grâce de Dieu et le libre arbitre sont en même temps des « causes partielles » ou « co-causes » ; de sorte que le libre arbitre ne peut rien faire par lui-même (c’est-à-dire seul), mais peut encore faire quelque chose avec la grâce. Tout cela indique suffisamment que, quoi qu’ils proclament bruyamment à propos de la corruption de la nature, ils le disent dans le but de créer un écran de fumée, pour tromper le lecteur imprudent, et que leur véritable opinion est que le libre arbitre a encore assez de force pour œuvrer à son propre salut avec la grâce. — François Turretin, ITE, 10.4.8.
La volonté humaine est impuissante
Premier argument, à partir de la servitude du péché
Le péché est décrit comme quelque chose qui nous asservit, qui domine sur les non-croyants et dont seul Christ nous délivre :
- Romains 6,12 et 14 : Que le péché ne règne donc plus dans votre corps mortel pour vous soumettre à lui par ses désirs. […] En effet, le péché n’aura pas de pouvoir sur vous.
- 2 Pierre 2,19 : Ils sont eux-mêmes esclaves de la corruption, puisque chacun est esclave de ce qui l’a dominé.
- Jean 8,44 : Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père.
- Éphésiens 2,2 : Vous pratiquiez autrefois conformément à la façon de vivre de ce monde, conformément au prince de la puissance de l’air, de l’esprit qui est actuellement à l’œuvre parmi les hommes rebelles.
- Jean 8,36 : Si donc le Fils vous libère, vous serez réellement libres.
Il n’est pas raisonnable de dire que cette servitude peut cohabiter avec une possibilité de choisir le bien salutaire. Elle est exclusive comme il apparaît dans les versets suivants :
- Romains 7,14 : Nous savons, en effet, que la loi est spirituelle ; mais moi, je suis marqué par ma nature, vendu au péché.
- 2 Pierre 2,19 : Ils leur promettent la liberté alors qu’ils sont eux-mêmes esclaves de la corruption, puisque chacun est esclave de ce qui l’a dominé.
- 1 Timothée 3,7 : Il faut enfin qu’il reçoive un bon témoignage de la part des gens de l’extérieur, afin de ne pas tomber dans le discrédit et dans les pièges du diable. → C’est donc que les pièges du diable sont opposés à la vie chrétienne, et ne peuvent pas coexister.
- Hébreux 2,14-15 : Puisque ces enfants ont en commun la condition humaine, lui-même l’a aussi partagée, de façon similaire. Ainsi, par sa mort, il a pu rendre impuissant celui qui exerçait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable, et libérer tous ceux que la peur de la mort retenait leur vie durant dans l’esclavage. → Le langage de la libération présent ici oppose radicalement la servitude du péché à la libération apportée par Christ.
Deuxième argument, à partir de la mort spirituelle
Celui-ci s’est davantage maintenu jusqu’à notre époque, parmi les calvinistes. Il repose sur Éphésiens 2.1 : Quant à vous, vous étiez morts à cause de vos fautes et de vos péchés. Cette métaphore implique une incapacité radicale à vivre spirituellement, tout comme un mort physique ne peut pas par lui-même revenir à la vie.
Objection 1 : La comparaison entre un mort et un pécheur ne doit pas être poussée trop loin en raison de leurs différences.
→ Réponse : Bien que la comparaison présente des différences, elle est précise sur le point clé : comme un mort est privé de vie naturelle, le pécheur est privé de la vie de grâce, incapable de connaître le vrai ou de faire le bien, tout comme un mort ne peut se ramener à la vie.
Objection 2 : Des restes de vie spirituelle subsistent chez le pécheur, suffisants pour connaître et adorer Dieu dans une certaine mesure.
→ Réponse : Ces restes ne constituent pas une vie spirituelle véritable et n’empêchent pas la mort spirituelle, car ils ne sont pas de même nature que la vie conférée par Christ, et peuvent même exister chez les endurcis ou Satan, qui reste mort dans le péché.
Objection 3 : Les pécheurs, qualifiés de « dormeurs » ou « malades », conservent une certaine force vitale, contrairement à un mort.
→ Réponse : L’Écriture utilise diverses images (sommeil, maladie, mort) pour décrire le même état, chacune complétant l’autre. Le pécheur est comparé à un mort pour souligner l’extinction totale de la vie spirituelle, et non une simple faiblesse.
Objection 4 : La mort dans le péché désigne davantage un état de condamnation future que la corruption actuelle du pécheur.
→ Réponse : Être mort dans le péché (présent) désigne la corruption actuelle, tandis que mourir dans le péché (futur) renvoie à la punition à venir, les deux notions étant distinctes.
Objection 5 : Les croyants, dits « morts au péché », conservent une capacité à pécher ; ainsi, les pécheurs « morts dans le péché » pourraient avoir une force pour le bien.
→ Réponse : Être « mort au péché » (croyants crucifiant le vieil homme) s’oppose à être « mort dans le péché » (pécheurs dépourvus de la vie de Dieu). Ces expressions sont contraires : la première indique l’abolition du péché (justification, sanctification, devoir), tandis que la seconde reflète une immersion totale dans le péché.
Troisième argument, à partir de l’aveuglement et l’endurcissement du péché
Tant que l’homme est en état de péché, il a l’intellect aveugle :
- Éphésiens 4,18 : Ils ont l’intelligence obscurcie, ils sont étrangers à la vie de Dieu à cause de l’ignorance qui est en eux, à cause de l’endurcissement de leur cœur.
- Éphésiens 5,8 : Car si autrefois vous étiez ténèbres, maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur. Conduisez-vous comme des enfants de lumière ! → Notez la radicalité de l’expression « vous étiez ténèbres ».
Quand on décrit notre volonté, la Bible dit que dans le péché, notre cœur est de pierre (Ézéchiel 36,26).
Objection 1 : Les non-régénérés sont dits « aveugles », mais comme les Laodicéens (Apocalypse 3,17), qui croient tout en étant négligents, cela ne signifie pas une incapacité totale à comprendre.
→ Réponse : L’aveuglement des Laodicéens est relatif, lié à leur vanité, tandis que l’aveuglement des non-régénérés est absolu, les privant totalement de connaissance salvatrice.
Objection 2 : Les croyants, appelés « lumière dans le Seigneur » (Éphésiens 5,8), ont encore des ténèbres ; ainsi, les non-régénérés pourraient avoir une certaine lumière.
→ Réponse : Les croyants sont « lumière » en Christ, non en eux-mêmes, car ils sont partiellement régénérés. Les non-régénérés, eux, n’ont qu’une nature totalement obscure, sans dualité.
Objection 3 : La comparaison du cœur de pierre est une expression figurée qu’il ne faut pas exagérer.
→ Réponse : Les expressions figurées ont une force réelle quand l’Écriture les explique, comme en Ézéchiel 36,26, où Dieu promet un cœur nouveau. La comparaison est pertinente : comme une pierre ne peut s’adoucir seule, le cœur non-régénéré ne peut se tourner vers la régénération sans l’action de l’Esprit de Dieu.
Quatrième argument, sur les passages qui affirment l’impuissance de l’homme
Les Écritures disent que l’homme est incapable de faire le bien :
- Genèse 6,5 : L’Éternel vit que les hommes commettaient beaucoup de mal sur la terre et que toutes les pensées de leur cœur se portaient constamment et uniquement vers le mal.
- Jean 15,5 : Sans moi vous ne pouvez rien faire.
- 1 Corinthiens 2,14 : L’homme naturel n’accepte pas ce qui vient de l’Esprit de Dieu, car c’est une folie pour lui ; il est même incapable de le comprendre.
- 2 Corinthiens 3,5 : Je ne dis pas que nous soyons capables, par nous-mêmes, de concevoir quelque chose comme si cela venait de nous. Notre capacité, au contraire, vient de Dieu.
- Romains 8,7 : La nature humaine tend à la révolte contre Dieu, parce qu’elle ne se soumet pas à la loi de Dieu et qu’elle n’en est même pas capable.
- Matthieu 7,18 : Un bon arbre ne peut pas porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter de bons fruits.
- Matthieu 12,34 : Races de vipères, comment pourriez-vous dire de bonnes choses, mauvais comme vous l’êtes ?
- Jean 6,44 : Personne ne peut venir à moi, à moins que le Père qui m’a envoyé ne l’attire.
Cinquième argument, à partir de 1 Corinthiens 4,7
Qui est celui qui te distingue ? Qu’as-tu que tu n’aies pas reçu ? — 1 Corinthiens 4,7
Ce ne serait pas cohérent si c’était par nous-mêmes que nous pouvions nous déterminer au bien. Et même si, comme le disent les arminiens, c’est une congruence ou une coopération entre nous et Dieu, cela ne tient pas. En effet, dans l’hypothèse où Dieu nous rend capables et où nous prenons la décision d’arbitrer en sa « faveur », eh bien, c’est nous qui causons la grâce en nous.
Sixième argument, parce que l’œuvre de grâce est une création
L’œuvre du salut est une œuvre de nouvelle création : par la régénération, Dieu crée en nous un cœur nouveau. Par la résurrection, il crée un corps nouveau. Aucune créature ne peut avoir ce pouvoir.
Objection : Dieu nous commande de nous convertir, ce qui montre que la conversion vient de nous (Ézéchiel 18,31 ; Éphésiens 5,14).
→ Réponse : Ce que Dieu nous commande, il nous le donne par grâce pure, comme on le voit en Lamentations 5,21 : Fais-nous revenir vers toi, Éternel, et nous reviendrons ! La première grâce (fais-nous revenir) est une grâce opérante et la deuxième (nous reviendrons) est une grâce coopérante.
Turretin finit cette section sur deux citations patristiques :
Bernard de Clairvaux1 :
« Que fait le libre arbitre ? Je réponds brièvement : il est sauvé. Cette œuvre ne peut être accomplie sans deux : l’un qui la réalise, l’autre en qui elle est réalisée ; Dieu, l’auteur du salut ; le libre arbitre, uniquement capable de le recevoir. »
Hugues de Saint-Victor2 :
« La grâce réparatrice insuffle d’abord dans le libre arbitre pour qu’il existe, puis l’inspire pour qu’il soit mû ; d’abord elle l’opère, puis agit à travers lui. »
Réponses aux objections
Objection 1 : Dieu propose aux Israélites le choix entre la vie et la mort (Deutéronome 30,15) et souhaite leur conversion (Deutéronome 32,29), ce qui impliquerait une liberté de choisir le bien.
→ Réponse : Dieu s’adresse aux Israélites instruits, non aux incrédules dans leur corruption native. Il indique leur devoir, non leur capacité à choisir le bien sans grâce, pour les rendre inexcusables s’ils refusent.
Objection 2 : Les commandements de Dieu mesurent la force humaine, sinon ils seraient injustes.
→ Réponse : Les commandements définissent le devoir, non la capacité actuelle, révélant ce que l’homme devrait faire et sa chute depuis Adam. L’incapacité volontaire du pécheur n’annule pas l’obligation d’obéir.
Objection 3 : Les commandements impossibles à accomplir sont inutiles.
→ Réponse : Les commandements ont des buts divins : montrer le droit de Dieu, le devoir humain, l’impuissance du pécheur, et pousser à chercher la grâce. Pour les pieux, ils préparent à la régénération ; pour les impies, ils révèlent leur devoir, permettent une obéissance externe et exposent leur hypocrisie.
Objection 4 : Nul n’est tenu à l’impossible, donc le pécheur n’est pas tenu d’obéir.
→ Réponse : L’impossibilité volontaire du pécheur, due à sa corruption, ne l’exempte pas de l’obligation d’obéir, contrairement à une impossibilité physique absolue (ex. aveugle qui ne peut voir).
Objection 5 : Les paroles de Dieu à Caïn (Genèse 4,7) suggèrent une capacité à dominer le péché.
→ Réponse : Ces paroles indiquent le devoir de Caïn, non sa capacité à faire le bien spirituel. Le texte se réfère à Abel, non au péché, soulignant que Caïn devait aimer son frère, sans impliquer une liberté de volonté pour le bien.
Objection 6 : Les méchants et les pieux partagent des œuvres communes (ex. aimer, prêter, Luc 6,32-33), suggérant une capacité au bien.
→ Réponse : Ces œuvres sont externes, non spirituellement bonnes devant Dieu, comme les sacrifices de Caïn et Abel ou les prières du Pharisien et du publicain.
Objection 7 : Les païens accomplissent des choses de la loi (Romains 2,14-15), ce qui montre une capacité au bien.
→ Réponse : Ils agissent selon leur conscience, non en obéissance spirituelle. Leur « excuse » est terrestre, non céleste, et ils restent condamnés s’ils pèchent.
Objection 8 : Les sages-femmes hébreues (Exode 1,15) et Rahab (Hébreux 11,31) montrent une capacité au bien chez les non-régénérés.
→ Réponse : Les sages-femmes étaient hébreues, et leur crainte de Dieu venait de la lumière naturelle, non de la foi. Rahab et Corneille étaient des prosélytes croyant déjà au Messie, non des non-régénérés.
Objection 9 : Les vertus des païens prouvent une capacité au bien civil.
→ Réponse : Ces vertus, aidées par une grâce spéciale, sont civiles, non spirituelles, et ne prouvent pas une capacité au bien spirituel.
Objection 10 : L’homme est un « collaborateur » de Dieu (1 Corinthiens 3,9), suggérant une capacité à coopérer.
→ Réponse : Cela concerne les régénérés agissant par la grâce, et se réfère aux fonctions ecclésiastiques, non à la repentance.
Objection 11 : Paul attribue son travail à lui-même et à la grâce (1 Corinthiens 15,10), suggérant une coopération.
→ Réponse : Paul attribue tout à la grâce, non à lui-même, corrigeant son propos pour souligner l’action exclusive de la grâce dans son ministère, non sa régénération.
Objection 12 : Dieu frappant à la porte (Apocalypse 3,20) implique que l’homme peut ouvrir de lui-même.
→ Réponse : Dieu frappe soit pour inciter les régénérés à utiliser la grâce reçue, soit pour donner aux élus la force d’ouvrir, soit pour condamner les réprouvés qui refusent, sans impliquer une capacité autonome.
Objection 13 : L’homme innocent avait la liberté de choisir (Siracide 15,14), donc l’homme corrompu aussi.
→ Réponse : Le Siracide parle de l’état d’innocence, non de corruption. Le choix du pécheur est rationnel, mais non indifférent au bien sans la grâce.
Objection 14 : Les non-régénérés peuvent résister à Dieu, donc ils peuvent aussi accepter son appel.
→ Réponse : Résister est une imperfection naturelle ; accepter l’appel nécessite la grâce, qui restaure. Les reproches montrent le devoir, non la capacité.
Objection 15 : Les punitions (Jérémie 32,23) impliquent une capacité à agir justement.
→ Réponse : Les punitions visent le devoir, non la capacité. Les pécheurs agissent volontairement contre ce qu’ils savent devoir faire, méritant ainsi la condamnation.
Objection 16 : La différence entre bons et méchants vient d’une inclination naturelle au bien.
→ Réponse : Tous sont également enclins au mal. La différence vient de la grâce distinctive pour les régénérés et de la providence commune pour les non-régénérés, limitant leur corruption par divers moyens (nature, éducation, discipline, peur du déshonneur).


Bien que catholique, j’apprécie grandement la lecture (en français) des textes de cet auteur mis ici à disposition. Merci donc.