Cet article est traduit de The Calvinist International.
Martin Bucer admet qu’il est vrai, dans un certain sens, que l’Église est venue avant les Écritures. Il est vrai que l’Église fut établie avant que le canon du Nouveau Testament soit fixé. Cela ne signifie pas, insiste-t-il, que l’église avait (ou continue d’avoir) l’autorité de faire ou changer la Parole de Dieu. Bucer ne dit pas, toutefois, que l’Église devrait accepter aveuglément la Parole de Dieu. Au contraire, il dit que l’Église doit éprouver les Écritures pour être certaine qu’elles sont authentiques et ne sont pas des contrefaçons. Ainsi, l’Église possède bien une autorité quant aux Écritures, mais une autorité de protection bien plus que de création. Bucer explique cela en utilisant diverses analogies, montrant que c’est un désir de loyauté, et non une tentative de subterfuge, qui a conduit l’Église a établir l’authenticité des Écritures :
Une ville dont la vie est gouvernée par les décret du prince doit déterminer correctement si les lois ou les édits publiés en son nom proviennent réellement de lui, ou s’ils sont des contrefaçons; mais cela vous permettrait-il de dire que la ville possède un pouvoir sur les lois du prince ou qu’elles lui confèrent leur autorité ou que cela les rend authentiques ? C’est une chose de reconnaître de l’or, c’est autre chose d’en créer. Pénélope a reconnu Ulysse, mais pour se soumettre à lui, non lui donner des ordres. De même les commandements des princes ne sont certainement pas acceptés par leurs sujets à moins qu’il soit établi premièrement qu’ils sont effectivement les commandements du prince, et c’est pour cela qu’ils sont analysés avec grande attention. Mais aucune personne saine d’esprit prétendra que pour cette raison les sujets détiennent un certain pourvoir sur ces commandements ou peuvent les changer. En fait, c’est précisément parce qu’ils n’ont aucun droit sur ces commandements, mais leur sont entièrement soumis, qu’ils sont si fervents pour découvrir s’ils sont effectivement ce qu’ils prétendent être. Leur but est d’éviter de transgresser les commandements de leur prince en acceptant les ordres d’un autre.
Martin Bucer, Loci Communes.
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