L'endurcissement de Pharaon selon Augustin.
18 avril 2018

Voici ce qu’Augustin rapporte sur l’endurcissement du Pharaon :

Dieu ne cesse de dire: « J’endurcirai le cœur de Pharaon », et, pour ainsi dire, il explique pourquoi il agit ainsi. J’endurcirai, dit-il, le cœur de Pharaon et j’accomplirai mes signes et mes présages en Égypte, comme si l’endurcissement du cœur de Pharaon était nécessaire, afin que les signes de Dieu soient multipliés ou accomplis en Égypte. C’est pourquoi Dieu utilise bien souvent les coeurs mauvais quand il veut manifester le bien ou se montrer à ceux à qui il va faire du bien. Et, bien que l’état de chaque cœur dans la mauvaise action – c’est-à-dire, quelle sorte de penchant le cœur maintient vers le mal – naisse de son propre vice, qui s’est développé à partir du choix de la volonté; néanmoins, à cause de cette condition maléfique, il se manifeste que le cœur est animé de la sorte lorsqu’il est entraîné par les causes qui provoquent son esprit. Que ces causes existent ou n’existent pas ne dépend pas de la puissance d’un homme, mais elles viennent à lui de la providence secrète, très juste et très sage de Dieu qui ordonne et administre l’univers qu’il a fait. Par conséquent, que Pharaon avait un cœur d’une telle sorte qu’il n’était pas poussé par la patience de Dieu vers la piété, mais plutôt vers l’impiété, appartenait à son propre vice; mais le fait que ces choses soient arrivées par lesquelles son cœur, si méchant à cause de son propre vice, a résisté aux commandements de Dieu – car c’est ce que l’on entend par « endurci », qu’il ne voulait pas consentir à Dieu, mais qu’il lui résistait de façon inflexible – appartenait à l’ordre divin, par lequel une punition non pas injuste, mais manifestement juste était préparée pour un tel cœur, par laquelle ceux qui craignaient Dieu pourraient être corrigés. […] C’est ainsi que les causes qui se présentent aux hommes méchants ne sont pas en leur pouvoir, mais ils accomplissent ces actes mauvais en étant poussés par elles, conformément au genre de personnes qu’ils sont déjà devenus par les propres vices de leur disposition passée. Il faut examiner avec sobriété si l’expression « J’endurcirai » peut être comprise de cette façon, comme s’il disait : « Je montrerai à quel point le cœur de Pharaon est dur ».

Augustin, Questions sur l’Exode, Livre II des Questions sur L’Heptateuche.

Cela s’accorde avec ce que Thomas D’Aquin et les calvinistes ont enseigné par la suite : quand Dieu endurcit un coeur, il n’a pas besoin d’y créer du mal, il a juste à mettre face à lui des bonnes choses et, le coeur humain étant constamment orienté vers le mal (Gen 6:5), celui-ci usera avec méchanceté de ces choses. En effet, dans le cas de Pharaon, Dieu n’a pas eu à créer du mal dans le coeur de Pharaon, il l’a livré à son propre coeur et lui a proposé des choses bonnes : « Laisse partir mon peuple » et les châtiments, les plaies d’Égypte, pour son péché. Par contre, quand nous voyons une quelconque disposition au bien dans un homme, sachons qu’elle vient de Dieu qui est la source de tous les biens.

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Maxime Georgel

Maxime est interne en médecine générale à Lille. Fondateur du site Parlafoi.fr, il se passionne pour la théologie systématique, l'histoire du dogme et la philosophie réaliste. Il affirme être marié à la meilleure épouse du monde. Ils vivent ensemble sur Lille avec leurs trois enfants, sont membres de l'Église de la Trinité (trinitelille.fr) et sont moniteurs de la méthode Billings.

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