Marie est-elle la Mère de Dieu ?
12 août 2017

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S’il y a bien un titre de Marie qui est incompris chez les évangéliques, c’est celui-ci. Mais ce n’est pas entièrement de leur faute, toute la dévotion catholique autour de Marie rend ambiguë cette expression « Mère de Dieu ». Certains pensent que cela implique que Dieu ait un commencement, que Marie soit supérieure à Dieu, etc. Rien n’est plus faux ! Même l’Eglise catholique n’enseigne pas de telles choses.

L’expression « Mère de Dieu » vient du grec Theotokos qui signifie porteuse-de-Dieu. Elle fut utilisée véritablement lors du Concile de Chalcédoine et du Concile d’Éphèse. Des Conciles qui, étonnamment, ne s’intéressaient pas tellement à la question de la personne de Marie mais à celle de Christ. En effet, à cette époque, toute sorte d’hérésies au sujet du Christ se répandaient, conformément à ce qu’avaient annoncé les apôtres. Certains insistaient tellement sur la divinité du Fils qu’ils en diminuaient son humanité, d’autres, en réaction, utilisaient des formulations préjudiciables pour la divinité du Fils. Certains, à la suite des gnostiques, disaient que Dieu serait venu habiter en Jésus après sa naissance. Il y avait des désaccords sur le fond mais il y avait aussi et surtout un soin particulier à formuler les choses de la façon la plus exacte.

Nestorius, de son côté, proposait d’utiliser l’expression Christotokos, porteuse-du-Christ, voulant dire par cela que Marie était seulement la mère de l’homme Jésus. Il introduisait ainsi une discrète dissociation entre les deux natures du Christ. Mais Marie n’est pas la mère d’une nature humaine, elle est la mère d’une Personne, qui est Divine.

Ainsi, pour répondre à tout cela, le Concile de Chalcédoine a statué :

Suivant donc les saints pères, nous enseignons unanimement que nous confessons un seul et même Fils, notre Seigneur Jésus Christ, le même parfait en divinité, et le même parfait en humanité, le même vraiment Dieu et vraiment homme (composé) d’une âme raisonnable et d’un corps, consubstantiel au Père selon la divinité et le même consubstantiel à nous selon l’humanité, en tout semblable à nous sauf le péché, avant les siècles engendré du Père selon la divinité, et aux derniers jours le même (engendré) pour nous et notre salut de la Vierge Marie, Mère de Dieu selon l’humanité.

Quand on considère tous les débats qui avaient lieu à l’époque, on ne peut qu’être admiratif de la précision des termes utilisés, de la façon dont toutes les hérésies semblent être combattues en peu de mots. Les pères de Chalcédoine ont donc opté pour l’expression « Mère de Dieu selon l’humanité ». En utilisant « Mère de Dieu », ils ont ainsi répondu aux nestoriens qui dissociaient les deux natures de Christ et en utilisant « selon l’humanité » ils ont répondu aux collyridiens et autres sectes qui affirmaient que Marie était la Mère de Dieu « selon la divinité ». Ces collyridiens adoraient Marie et lui offraient des gateaux dont la forme leur a donné leur nom.

Ainsi, paradoxalement, le titre de « Mère de Dieu » condamne ceux qui adorent Marie ! Mais ce qui est à retenir, c’est que le titre « Mère de Dieu » ne concerne pas premièrement Marie mais Christ. Appeler Marie « Mère de Dieu » c’est simplement confesser que l’enfant dans son ventre est réellement Dieu. Dieu n’est pas venu habiter en Christ après sa naissance mais Dieu est venu en chair, dans le ventre d’une femme et celle-ci l’a porté. Elle est porteuse-de-Dieu, Mère de Dieu. Ce titre est une façon de confesser l’Incarnation. Ce qui, comme vous le voyez, n’a rien à avoir avec le fait d’adorer Marie ou de lui donner une supériorité sur Dieu.

Les protestants n’ont pas rejeté cette vérité. Le débat interne au protestantisme est plutôt celui de la traduction de Theotokos. Devrions-nous traduire Porteuse de Dieu pour éviter l’ambiguïté face à la mariolâtrie populaire ? Beaucoup de nos frères américains ont fait ce choix et traduisent « God-bearer ». Calvin fait toutefois exception, bien qu’il ne rejetait pas les Conciles de Chalcédoine et d’Éphèse, il considérait qu’étant donné la superstition autour de Marie au temps de la Réforme, il fallait être prudent et délaisser l’expression. Peut-être aurait-il préféré Porteuse de Dieu. Quoi qu’il en soit, la théologie protestante n’est pas en désaccord avec ce qu’exprime le titre Mère de Dieu.

Comment m’est-il accordé que la mère de mon Seigneur vienne chez moi ?

Luc, chapitre 1, verset 43

Notre Dieu, Jésus-Christ, fut porté dans le ventre de Marie.

Ignace d’Antioche, Lettre aux Éphésiens 18:2

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Maxime Georgel

Maxime est interne en médecine générale à Lille. Fondateur du site Parlafoi.fr, il se passionne pour la théologie systématique, l'histoire du dogme et la philosophie réaliste. Il affirme être marié à la meilleure épouse du monde. Ils vivent ensemble sur Lille avec leurs trois enfants, sont membres de l'Église de la Trinité (trinitelille.fr) et sont moniteurs de la méthode Billings.

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