Anselme discute ici avec son élève Boson et lui montre en quoi ses oeuvres ne pourront jamais lui procurer la justice devant Dieu afin de conclure plus tard pourquoi le Christ était indispensable.
Anselme. – Réponds donc : que donnerais-tu à Dieu en acquittement de ton péché ?
Boson. – La repentance, un coeur contrit et humilié, des privations et toute sorte de travaux corporels, la miséricorde qui donne et qui pardonne, et l’obéissance.
A. – En tout cela, que donnes-tu à Dieu ?
B. – Est-ce que je n’honore pas Dieu quand, par crainte et amour de lui, dans la contrition de mon coeur, je rejette la joie du siècle, quand, dans les privations et le travail, je foule aux pieds les plaisirs et le repos de cette vie, quand, en donnant et en pardonnant, je distribue largement ce qui m’appartient, quand, dans l’obéissance, je me soumets moi-même à lui ?
A. – Lorsque tu rends à Dieu une chose que tu lui dois même si tu n’as pas péché, tu ne dois pas la compter comme une dette due au titre du péché. Or tu dois à Dieu toutes ces choses dont tu parles. Si grand en effet doit être en cette vie mortelle l’amour (de Dieu), et – c’est là l’objet de ta prière – si grand le désir de parvenir à ce pour quoi tu as été créé, si grande la douleur de ne pas y être encore parvenu, si grande la crainte de ne pas y parvenir, que tu ne devrais éprouver aucune espèce de joie en dehors de ce qui te procure facilité ou espoir d’y parvenir.
[…]
A. – Que donnes tu donc à Dieu pour t’acquitter de ton péché ?
B. – Si, même sans pécher, je lui dois, pour éviter le péché, ma personne et toutes ses possibilités, rien ne me reste que je puisse lui donner en compensation de mon péché.
Anselme, Cur Deus Homo, Livre I, chapitre XX.
Voilà un coeur qui a compris la grâce.
Excellent !!
Merci Nono.