Le côté obscur de la vie chrétienne – Pascal Denault – Recension
12 décembre 2019

Le côté obscur de la vie chrétienne est un livre de Pascal Denault, publié éditions Cruciforme. J’ai l’habitude de lire Pascal Denault sur son blog « Un héraut dans le net » ou sur les podcasts « Coram Deo ». J’apprécie vraiment son œuvre, et je recommande ses prêches. Il a donc publié un livre de théologie pratique sur « les doutes de la foi, la dépression de l’âme et le manque de croissance spirituelle ».

Pour résumer : C’est orthodoxe, très pastoral, accessible. Je le garde sous la main pour le jour où j’aurais à enseigner sur ce thème, car on ne peut pas faire mieux niveau précision et concision, et équilibre. Bravo à Pascal Denault, c’est une belle œuvre. En revanche, il faut bien garder en tête que c’est un traité de théologie avant d’être pastoral. Même s’il est conçu pour réconforter le lecteur, il reste un ouvrage relativement technique, et selon les profils il sera encore trop “sec”. Cela ne m’empêche pas de le recommander.

Plan détaillé

Pascal Denault décrit 3 « vides » de la vie chrétienne : celui qui entoure les doutes concernant le salut ; le vide qui entoure la dépression de l’âme ; les frustrations qui entourent l’absence de croissance spirituelle.

Première partie : L’assurance du salut dans la vie du chrétien

Pascal Denault traite dans cette partie de l’angoisse de ceux qui ne sont pas sûrs de leurs saluts, ne sont pas sûr que Dieu les as bel et bien élus.

Le chapitre 1 « L’angoisse du doute » décrit les différents types de doutes qui nous saisissent à ce sujet et les fausses conceptions qui causent des souffrances spirituelles.

Le chapitre 2 « La distinction entre foi et assurance » corrige l’idée qui veut que la foi soit une sorte confiance cuirassée. Il insiste sur l’aspect objectif de l’assurance du salut. Nous sommes sûrs de notre salut parce que la promesse est sûre, pas parce que nous en sommes sûrs nous-même.

Le chapitre 3 « Une ancre de l’âme, sûre et solide » insiste sur cet aspect objectif de la promesse du salut. Comme Pascal Denault le dit très bien « L’ultime question de l’assurance du salut n’est pas le degré de confiance, mais la compétence du chirurgien ».

Le chapitre 4 : « La vie nouvelle » parle des témoignages internes quant à la sécurité de notre salut, où comment notre salut est validé à l’intérieur de notre âme, comment nous pouvons être sûr de notre salut à l’intérieur de notre âme.

Le chapitre 5 : « Le témoignage du St Esprit » traite de ce même sujet. Pascal Denault définit avec précision ce qu’il est et ce qu’il n’est pas. Des précisions utiles.

Deuxième partie : la dépression de l’âme

Dans cette partie, nous parlons des faiblesses de l’âme qui suivent les « saisons noires » de l’âme, ou la dépression.

Le chapitre 6 : « La Bible et la dépression de l’âme » cherche d’abord à définir la dépression de l’âme, Bible en main, laissant au psychiatre ce qui est au psychiatre et au pasteur ce qui est pour le pasteur. Un très bon passage.

Le chapitre 7 : « Les conséquences psychologiques du péché » rappelle qu’avant d’être un problème de « mécanique interne » la dépression de l’âme est avant tout une conséquence du péché. Il rappelle ainsi la pertinence de la théologie et de la Parole de Dieu face à la pure psychologie.

Le chapitre 8 : « Les souffrances d’une âme traumatisée » parle des effets de la dépression. Pascal propose 3 façons d’y répondre (selon la profondeur du traumatisme) : exonérer, supporter ou lâcher prise. Pour plus de détails, lisez le livre.

Le chapitre 9 : « L’épuisement et le stress » fait le lien entre les faiblesses de l’âme et le rythme de vie. L’homme étant une unité, beaucoup de dépressions ont pour origine quelque chose d’aussi simple qu’une mauvaise hygiène de vie. Pourtant, Pascal Denault ne devient pas coach youtube pour autant, mais expose clairement les ressorts de péché et les moyens de grâce qui conviennent.

Le chapitre 10 : « Posologie pour une vie heureuse ». Un beau chapitre pastoral, où Pascal nous propose comme prévention de la dépression : obéir aux commandements de Dieu, cesser de vivre pour soi-même, entretenir de bonnes relations, apprendre la maîtrise de soi, cultiver notre âme, veiller au bien-être de son corps, être actif et productif en accomplissant notre vocation. Saturés de versets bibliques.

Troisième partie : La croissance spirituelle

Pascal Denault traite ici des frustrations qui nous saisissent quand nous mesurons que notre vie spirituelle végète, et qu’elle est à l’arrêt, ou bien que nous continuons de porter en nous un péché tenace qui ne disparaît pas.

Le chapitre 11 : « Le péché dans la vie du chrétien » décrit les différents aspects du péché rémanent, celui qui reste en nous même après la conversion. Un très bon traitement d’une question à laquelle je n’avais pas de réponse encore. Merci Pascal.

Le chapitre 12 : « L’erreur du piétisme » traite du mauvais remède que nous appliquons souvent à ce péché rémanent : le piétisme. Par ceci, Pascal parle de l’accent qui est mis sur les œuvres « purement » spirituelles dans lesquelles nous nous jetons comme des moyens de grâce. Il expose avec méthode pourquoi le piétisme ne peut pas offrir ce qu’il promet. Le chapitre vaut à lui seul la lecture du livre. Très très bon.

Le chapitre 13 : « L’erreur de l’antinomisme évangélique » réfute avec le même talent l’excès opposé, qui cherche à résoudre la présence de péché en ignorant sa présence. Magistral et très équilibré. J’y reviendrais plus tard.

Le chapitre 14 : « L’amour dans la vie du chrétien »  explique avec beaucoup de précision ce que signifie l’amour de Dieu pour le chrétien, et comment nous devons l’utiliser pour combattre notre frustration spirituelle. Il est en somme l’enseignement positif qui conclut les deux chapitres précédents plus négatif. Très bien.

Conclusion : « L’espérance du chrétien » récapitule comme le fait la Bible en rappelant que l’antidote contre la souffrance ici bas c’est notre espérance, c’est-à-dire le bien futur qui nous est promis après la résurrection. De belles pages.

Qualité

Après avoir décrit le contenu, parlons de la forme.

C’est un traité de théologie pastorale, et non une exhortation à tenir bon. Cela a bien évidemment l’avantage d’être beaucoup plus solide, mais n’hésitez pas à lire quelques pages pour voir si le style correspond à vos besoins. Selon les profils, il paraîtra sec, mais cela vient du fait qu’il est dense et qu’il va droit au but, ce que j’ai apprécié. Pascal est très pédagogique, et j’ai particulièrement apprécié son usage des confessions de foi et du catéchisme de Heidelberg, qui ancrent son discours dans la Tradition.

Je reconnais aussi un authentique sens pastoral dans ses écrits : il y a une vraie volonté de connecter et donner du sens aux souffrances ordinaires des humains. Pascal traite bien du vécu et non d’un sujet abstrait. Mais il ne tombe pas non plus dans le piège de tout réduire au psychologique et « horizontal ». Il est respectueux des compétences de chacun, et reste bien dans sa charge de pasteur, à faire le lien entre notre vie et la parole de Dieu.

Il a aussi un sens de la justesse et de l’équilibre rare. Sans perdre de temps à condamner les excès, il établit la saine doctrine avec une grâce et un équilibre parfait. De la jolie dentelle.

Conclusion 

Je recommande le livre de Pascal Denault, pour ceux qui veulent un enseignement bien calibré sur le sujet, ou qui veulent enseigner dessus. Il devrait rester pour une bonne génération une ressource très utile sur le sujet.

Disclaimer: Ce livre m’a été fourni en service presse par BLF éditions, en échange d’une recension honnête.

Étienne Omnès

Mari, père, appartient à Christ. Les marques de mon salut sont ma confession de foi et les sacrements que je reçois.

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