Déclaration commune suite à l’adoption de la loi bioéthique
11 août 2020

À l’heure où nous écrivons ces lignes, l’Assemblée nationale a adopté en deuxième lecture un projet de loi regroupant bien des abominations, dont la plus inquiétante est la suivante : la possibilité de procéder à un avortement jusqu’au terme de la grossesse, « en cas de détresse psychosociale ». Derrière un terme en apparence propre et technique, c’est un grand flou qui permet de faire rentrer n’importe quelle motivation ou démotivation afin de procéder à un infanticide, avec la bénédiction de la République française.

Nous voulons parler afin que les générations suivantes sachent que l’Église n’est pas restée silencieuse1.

Nous affirmons que le Magistrat est établi par Dieu, et dans la France de 2020, cela signifie toutes les branches de l’État, dont l’Assemblée nationale. En conséquence, à cause du cinquième commandement, nous lui devons le respect et l’obéissance. Mais de son côté, ce corps doit aussi se rappeler qu’il est lui-même soumis à une loi supérieure, la Loi naturelle et divine. Or, les députés n’en ont tenu aucunement compte, ne reconnaissant aucune autre loi supérieure que celle de leurs propres ventres. Il n’y aucune autorité pour faire le mal. Et cette loi en est un exemple.

Nous affirmons que les chrétiens ne sont pas si étrangers au monde qu’ils doivent l’abandonner. Si notre première patrie est celle du ciel, notre tente est toujours située dans ce monde, et nous sommes toujours citoyens de la France. Nous sommes donc pleinement légitimes pour mobiliser tous les leviers légaux qui sont à notre portée. Et si notre philosophie n’est pas la bienvenue, la saine réaction n’est pas de battre en retraite et disparaître, mais de l’assumer et d’affronter l’opposition.

Nous affirmons que bien que nous ayons à cœur ce sujet depuis l’enfance de ce blog, et que cette thématique ait été parmi les premières traitées, nous avons eu tort de ne pas lui accorder le poids qu’elle mérite. Nous nous repentons d’avoir été si légers, et nous nous engageons à agir davantage contre l’infanticide, selon les occasions et les compétences que Dieu nous donne. Nous agirons de façon intelligente et responsable, mais nous ne laisserons plus d’autres seuls sur « le front ». Dans les temps prochains, avec toute la sagesse que le Seigneur nous accordera, nous écrirons plus régulièrement à ce sujet, et nous ne manquerons pas de considérer les moyens concrets d’agir personnellement. Nous n’écrirons pas pour l’affichage de vertu, mais pour gagner efficacement.

Nous rejetons le découragement et les fausses accusations qui cherchent à nous faire taire. Nous refusons la fausse humilité qui veut exclure les chrétiens de la parole publique. Si nous sommes citoyens français, et si nous sommes appelés un jour à hériter de la création, alors cela fait deux raisons invincibles pour agir et parler haut.

Nous rejetons les distractions et les combats annexes qui nous détournent de la mère des batailles culturelles : de l’aveu même des féministes radicales comme Mary Daly, le combat autour du droit à l’infanticide est le principal locus de la guerre culturelle. C’est sur le sang des nouveau-nés que les grandes religions et philosophies de notre époque s’affrontent. Nous n’avons pas choisi le terrain, mais nous choisissons de répondre au défi.

Nous regrettons l’absence de réaction de la Fédération protestante de France, sans nous en étonner, et les réactions timides des Église évangéliques. Le CNEF en est un triste exemple. Ce silence s’explique en partie par les pressions progressistes, toujours plus grandes, de ces dernières décennies. Face à elles, l’Église s’est sentie obligée de prouver sa tolérance, son ouverture. Un changement de tactique s’est alors opéré : le message a été éludé, les propos se sont adoucis et une posture fragile a été adoptée. Bref, l’Église a perdu sa virilité. Ce n’est pas une qualité très en vogue, on n’en parle d’ailleurs plus comme étant une qualité. Pourtant, la virilité est avant tout, d’après Harvey C. Mansfield, « la confiance dans une situation de risque ». Elle est donc toujours d’actualité et peut très bien être endossée par l’Église. C’est même un devoir : devons-nous rappeler que l’Église est une institution divine ? Elle doit ainsi faire montre de courage, affirmer haut et fort ses convictions et ne pas plier le genou dans les situations de risque que nous oppose notre société. Ajoutons à cela qu’il suffit à l’Église d’observer le camp adverse pour voir le caractère utopique de la tolérance : la guerre entre des activistes trans et certaines féministes mise en valeur par l’affaire J. K. Rowling, une guerre semblable entre les LGBs et les T, ou encore les violences subies par le collectif féministe Némésis lors d’une manifestation. Ainsi, nul besoin pour l’Église de se victimiser et de se montrer la plus inclusive possible, notre société avoue qu’elle ne peut l’être elle-même. Et quand elle pense l’être, elle fait preuve d’une tolérance naïve, qui refuse de faire un choix parmi les différents combats et qui parle peu des conflits internes pour essayer de montrer un tout assez cohérent. Cette schizophrénie a été, par exemple, récemment illustrée par le joueur de basket-ball Dwyane Wade. Ainsi, nous prions pour que l’Église refuse cette naïveté et n’ait plus peur de se montrer virile dans ses combats.

Délivre ceux qu’on traîne à la mort, ceux qu’on va tuer, agis pour qu’on les épargne ! Si tu dis : “Ah ! nous ne savions pas !” Celui qui pèse les coeurs ne le comprend-il pas ? Celui qui veille sur ta vie ne le sait-il pas et ne rendra-t-il pas à chacun selon ses oeuvres ?

Proverbes 24:11,12

  1. Inspiré de HOOKER Richard, Laws of Ecclesiastical Polity I, 1. “Je n’écris pas avec d’autres buts que celui-ci : que la postérité sache que nous n’avons pas gardé le silence”.[]

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