La raison est pour Dieu – résumé (1/12) : Il est impossible qu’il n’existe qu’une seule vraie religion
9 mars 2021

Cette série d’articles propose un résumé des arguments donnés par Timothy Keller en faveur du christianisme et contre les objections courantes contre la foi chrétienne dans son livre La raison est pour Dieu. C’est un très bon livre, assez généraliste dans ses réponses, dans le sens où il n’entre pas dans les détails philosophiquement et ne se base pas sur une tradition philosophique particulière (thomiste par exemple).

Mais il reste très bon comme première lecture d’apologétique et ouvrage de référence accessible à tous (croyants et non-croyants). Keller sait attirer l’attention du lecteur, présenter des arguments, tout en restant toujours humble et sympathique. Il est agréable à lire et très bien traduit.

Le but de cet article est de résumer et regrouper les arguments de Keller, mais aussi de les rendre plus compréhensibles. C’est pour ça que je les complèterai ou les expliquerai parfois un peu plus en détail. De plus, il est question de rendre accessible gratuitement ce que présente Keller, mais aussi de vous donner envie de le lire quand vous en aurez les moyens.

Timothy Keller, La raison est pour Dieu. La foi à l’ère du scepticisme, Lyon : éd. Clé, 2010, 304 pp.

Le christianisme serait intolérant pour quatre raisons. Voici chacune d’entre elles avec la réponse de Keller.


1) Toutes les religions partagent le même message

C’est faux comme elles possèdent des éléments qui se contredisent. Par exemple, les bouddhistes croient en la réincarnation que les musulmans rejettent. Donc le bouddhisme et l’islam ne partagent pas le même message. Elles ne peuvent pas être toutes vraies, il doit y en avoir qui se trompent.


2) Toutes les religions détiennent chacune une part de la vérité

On peut prendre comme exemple plusieurs personnes dans le noir en train de toucher un éléphant. Chacun touche une partie différente de l’éléphant et a donc accès à une partie de la vérité, différente de celles des autres. Personne ne sait que c’est un éléphant, mais arrive à peu près à apprendre quelque chose sur lui.

Si l’on reprend cet exemple jusqu’au bout, on se rend compte qu’il faut finalement quelqu’un (le narrateur en fait) qui connaisse l’éléphant tout entier pour savoir que tous les autres se trompent ou ne touchent qu’une partie. Il faut donc quelqu’un qui détienne toute la vérité contrairement à ce qu’affirme cet argument.


3) Le christianisme, comme toute religion, est conditionné par la culture et l’histoire des gens, il ne peut donc pas être vrai

Par exemple, quelqu’un né au Michigan est chrétien seulement parce qu’il a grandi là-bas. Au contraire, quelqu’un qui a grandi au Maroc est musulman juste parce qu’il a grandi dans ce pays. Cette position n’est rien d’autre que du relativisme/pluralisme : il n’y a pas de vérité absolue, la vérité dépend du contexte de chacun.

Le problème avec cette objection, c’est qu’elle s’auto-réfute. Même la position de ce relativiste/pluraliste est conditionnée par sa culture et son histoire. Telle personne est relativiste/pluraliste juste parce qu’elle est née en France près de Paris. D’après son propre critère, le pluralisme ne peut pas non plus être vrai.


4) Le christianisme est orgueilleux en prétendant être la seule et unique vérité

En résumé, il est orgueilleux pour les chrétiens de prétendre détenir la vérité et de chercher à convertir les autres parce qu’il existe d’autres personnes aussi intelligentes qu’eux qui ne partagent pourtant pas leur avis.

Encore une fois, cette objection s’auto-réfute : on peut aussi accuser d’orgueil celui qui affirme que les chrétiens sont orgueilleux. En effet, il existe de nombreuses personnes qui rejettent cet affirmation et qui sont pourtant aussi très intelligentes.

La religion est une affaire purement privée

Tout d’abord, on peut donner un sens plus large au mot religion que croyance au surnaturel. En effet, des religions comme l’hindouisme ne croient pas au surnaturel, mais seulement à la réalité sensible. On peut donc utiliser le mot religion pour parler de religion « implicite », « un ensemble de croyances qui expliquent ce qu’est la vie et ce que nous sommes, et qui indiquent aux humains quelles sont les activités les plus importantes auxquelles ils doivent consacrer leur temps. » On utilise plus souvent l’expression « vision du monde » pour désigner cette idée.

En partant de cette définition plus large de la religion, il est impossible en pratique d’aborder de nombreux sujets sans faire intervenir ses croyances religieuses. Par exemple, quelqu’un qui discute du mariage et du divorce devra à un moment ou un autre révéler ses convictions religieuses. Si le mariage sert à principalement au bien être de la société, de la famille, il sera du côté du confucianisme, du judaïsme et du christianisme. Alors que si pour lui le mariage sert essentiellement au bien-être de l’individu, il penchera du côté de la philosophie individualiste des Lumières.

Enfin, bannir les opinions religieuses de la sphère publique est déjà en soi un acte religieux qui n’est pas neutre mais repose sur des présupposés idéologiques (une laïcité antireligieuse, etc.).


Illustration de couverture : Claude Monet, Nymphéas, huile sur toile, 1897-1898 (musée d’art du comté de Los Angeles).

Laurent Dv

Informaticien, époux et passionné par la théologie biblique (pour la beauté de l'histoire de la Bible), la philosophie analytique (pour son style rigoureux) et la philosophie thomiste (ou classique, plus généralement) pour ses riches apports en apologétique (théisme, Trinité, Incarnation...) et pour la vie de tous les jours (famille, travail, sexualité, politique...).

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