Apprendre à raisonner (51) : La différence entre argument et explication
4 janvier 2023

Cet article est le cinquante-et-unième d’une série consacrée à la logique classique (ou aristotélicienne, c’est-à-dire développée par Aristote). Dans le cinquantième, j’ai présenté les tautologies. Dans cet article, j’expliquerai la différence entre argument et explication. Comme d’habitude, je reprendrai énormément le contenu du livre Socratic Logic de Peter Kreeft, pp. 193-194.


Nous avons vu dans le dernier article que nous pouvions détecter des arguments grâce à certain mots clés. Par exemple car, en effet et parce que. Mais il faut faire attention car ces termes apparaissent aussi dans les explications qu’on doit différencier des arguments. Ce sont deux choses différentes. Autrement dit, la phrase « Y parce que X. » (où X et Y sont des propositions) peut soit être une cause, soit être une explication. Voici maintenant la différence entre les deux.

Les arguments

Un argument cherche à prouver une conclusion à partir d’une ou plusieurs prémisses. On ne sait pas au début si la conclusion est vraie (on peut la remettre en cause) : le but est justement de la prouver. On part de la cause vers l’effet.

Pour reprendre l’exemple ci-dessus, X est la prémisse et Y la conclusion dont on ignore si elle est vraie et fausse au début. Dans « Ce chien est intelligent car il sait aller chercher la balle », X est « Il sait aller cherche la balle », Y est « Ce chien est intelligent ». Et on a bien là un argument, car on ignore au départ si ce chien est intelligent avant de l’avoir vu courir après la balle de son maître.

Les explications

Une explication suppose qu’une proposition (un effet) est vraie, puis cherche la cause qui assure cela : on part de l’effet vers la cause. Contrairement aux arguments, une explication suppose que la proposition (ou la chose) à expliquer est vraie.

Selon cette compréhension de « Y parce que X », Y est la proposition à expliquer qu’on sait déjà être vraie et X son explication qui peut être vraie ou fausse. Par exemple, « Laurent aime le riz parce qu’il est chinois » est bien une explication car on sait que « Laurent aime le riz » (Y) est vrai (on ne peut pas en douter) et qu’on cherche justement à l’expliquer avec « Il est chinois » (X).

Comment savoir dans quel cas on a à faire à un argument ou une explication ? Il n’y a pas de méthode miracle ou de recette. Il faut de l’intuition, de l’entraînement et faire attention au contexte et au sens des mots.


Illustration : Éducation d’Alexandre par Aristote, gravure de Charles Laplante, publiée dans le livre de Louis Figuier, Vie des savants illustres – Savants de l’antiquité (tome 1), Paris, 1866, pp. 134-135.

Laurent Dv

Informaticien, époux et passionné par la théologie biblique (pour la beauté de l'histoire de la Bible), la philosophie analytique (pour son style rigoureux) et la philosophie thomiste (ou classique, plus généralement) pour ses riches apports en apologétique (théisme, Trinité, Incarnation...) et pour la vie de tous les jours (famille, travail, sexualité, politique...).

sur le même sujet

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *