Cet article est le cinquante-quatrième d’une série consacrée à la logique classique (ou aristotélicienne, c’est-à-dire développée par Aristote). Dans le cinquante–troisième, j’ai donné les trois différents sens que pouvait prendre l’expression “parce que”. Dans cet article, je présenterai plusieurs manières de classer les arguments. Comme d’habitude, je reprendrai énormément le contenu du livre Socratic Logic de Peter Kreeft, pp. 205-206.
Il existe plusieurs critères selon lesquels on peut classer les arguments :
- Par la forme ;
- Par la causalité ;
- Par « le sens du mouvement » ;
- Par la longueur ;
- Par la stratégie.
1. Par la forme
J’ai déjà classé les arguments selon ce critère dans cet article où j’avais terminé par ce schéma récapitulatif :
- Les arguments sont soit des inférences immédiates (une seule prémisse et deux termes), soit des inférences médiates (au moins deux prémisses et au moins trois termes).
- Les inférences immédiates se divisent entre quatre types : conversion, obversion, contraposée et inversion.
- Les inférences médiates sont soit déductives (vont d’une prémisse générale à une conclusion particulière), soit inductives (vont d’une prémisse particulière à une conclusion générale).
- Les arguments déductifs sont le plus souvent des syllogismes : soit des syllogismes simples (composés de propositions catégoriques simples), soit des syllogismes composés (composé d’au moins une proposition composée).
- Parmi les syllogismes composés, on trouve les syllogismes hypothétiques, les syllogismes disjonctifs et les syllogismes conjonctifs.
2. Par la causalité
Les arguments déductifs comprennent les arguments qui vont de la cause à l’effet et les arguments qui vont de l’effet à la cause. Chaque type se divise en quatre groupes en fonction de la nature de la cause étudiée : cause formelle, cause matérielle, cause efficiente ou cause finale.
3. Par « le sens du mouvement »
On divise ici les arguments en deux groupes : ceux qui vont des prémisses d’un argument à sa conclusion et ceux qui vont de sa conclusion jusqu’à ses prémisses. Les deux ont la même forme mais ils reflètent deux façons subjectives de raisonner, deux « processus psychologiques » différents.
- Soit on raisonne de façon explicite : on part de prémisses explicites qu’on pose pour aller à une conclusion.
- Soit on raisonne de façon implicite : on remonte d’une conclusion à une prémisse implicite. Ici, cette méthode est utile pour savoir quelle prémisse on doit supposer vraie pour parvenir à la conclusion. Par exemple, comme en mathématiques quand on veut savoir déterminer les hypothèses d’une proposition en en recherchant les conditions nécessaires.
4. Par la longueur
Cette division découpe les arguments en deux types : ceux qui sont très courts (qui tiennent en une seule étape) et ceux qui nécessitent plusieurs arguments à la suite. Les seconds ne sont rien d’autre que des suites d’arguments simples où la conclusion d’une étape devient la prémisse de la suivante.
5. Par la stratégie
Un argument en plusieurs étapes (qui contient plusieurs arguments) peut se présenter de deux façons :
- Comme un argument linéaire : on va d’argument en argument, de conclusion en conclusion de manière linéaire, à la chaîne, « en allant tout droit ». Chaque argument dépend de tous les précédents, la conclusion dépend de toutes les prémisses et conclusions précédentes.
- Comme un argument cumulatif : on a plusieurs arguments et prémisses différents qui donnent la même conclusion. C’est comme si on empruntait plusieurs « chemins » différents (les arguments et les prémisses) pour montrer qu’ils mènent tous au même endroit (la conclusion).
Illustration : Éducation d’Alexandre par Aristote, gravure de Charles Laplante, in Louis Figuier, Vie des savants illustres – Savants de l’antiquité (tome 1), Paris, 1866, pp. 134-135.
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