Apprendre à raisonner (56) : Les arguments déductifs et les arguments inductifs
24 février 2023

Cet article est le cinquante-sixième d’une série consacrée à la logique classique (ou aristotélicienne, c’est-à-dire développée par Aristote). Dans le cinquantecinquième, j’ai expliqué comment représenter les arguments avec des schéma intuitifs. Dans cet article, je présenterai en détails les différences entre les arguments déductifs et les arguments inductifs. Comme d’habitude, je reprendrai énormément le contenu du livre Socratic Logic de Peter Kreeft, pp. 210-211.


La plupart des arguments que l’on rencontre le plus souvent1 sont les arguments déductifs et les arguments inductifs déjà abordés brièvement ici. Nous allons voir les différences plus en détails.

Différents types de prémisses

En général, les raisonnements par induction partent de prémisses particulières (e.g. « Je suis mortel » et « Tu es mortel » et « Il est mortel » et « Elle est mortelle ») pour arriver à une conclusion universelle qui est plus générale (e.g. « Tous les hommes sont mortels »). Alors qu’en général, les raisonnements par déduction partent d’au moins une prémisse générale ou universelle (e.g. « Tous les hommes sont mortels ») pour arriver à une conclusion plus particulière, moins générale (e.g. « Je suis mortel »).

J’ai précisé « en général » car ce n’est pas tout le temps vrai. Par exemple, dans l’argument déductif suivant « Tous les asiatiques ont pour continent d’origine l’Asie. Or, ceux qui ont pour continent d’origine l’Asie aiment le riz. Donc tous les asiatiques aiment le riz », la conclusion n’est pas moins universelle que les prémisses.

De même, dans l’argument inductif « Je suis étourdi. Ma mère est étourdie. Mon père est étourdi. Donc mon frère est étourdi », on n’a pas de conclusion plus universelle que les prémisses. Toutes les propositions sont particulières, elles ne concernent qu’un seul individu.

Différentes sources de connaissance

Les arguments inductifs ont des prémisses provenant de l’observation de choses concrètes par les sens (la vue, l’ouïe, etc.) et donc qui ne partent que de cas individuels. Alors que les arguments déductifs ont des prémisses provenant d’une compréhension intellectuelle (d’une abstraction), ce qui inclut systématiquement quelque chose d’universel.

Différents degrés de certitude

Les arguments par induction ne nous font connaître des choses qu’avec une certaine probabilité, sans certitude. Si l’on a vu quatre hommes ou quatre millions d’hommes mourir, nous ne pouvons en déduire avec certitude que tous les hommes sans exception sont mortels. Les arguments déductifs nous font connaître des choses avec certitude lorsqu’il est correct. Il est certain que si tous les hommes sont mortels et que je suis homme, que je suis donc mortel.

On peut cependant noter une exception pour l’induction : l’énumération exhaustive. Si l’on énumère et vérifie tous les cas possibles, alors on peut aboutir à une conclusion certaine. Par exemple, si j’observe que tous les élèves d’une classe ont eu plus de zéro sur vingt au dernier contrôle, je peux par la suite savoir avec certitude qu’aucun élève de la dite classe n’a eu zéro sur vingt.

Différentes règles

Les arguments déductifs ont des règles rigides, certaines et infaillibles : si on les respecte, on peut savoir automatiquement que notre argument est valide. C’est pour cela qu’un ordinateur peut facilement déterminer si un argument déductif est valide ou invalide. Les arguments inductifs quant à eux ont des règles plus flexibles.


Illustration : Éducation d’Alexandre par Aristote, gravure de Charles Laplante, publiée dans le livre de Louis Figuier, Vie des savants illustres – Savants de l’antiquité (tome 1), Paris, 1866, pp. 134-135.

  1. Je ne dis pas « tous » car il y a d’autres types comme les arguments abductifs/les abductions, mais on les utilise en général moins souvent. Raison pour laquelle la logique classique se concentre sur les déductions et les inductions.[]

Laurent Dang-Vu

Etudiant en maths/info, passionné par la théologie biblique qui me permet d'admirer la beauté et la cohérence de la Bible comme une seule grande histoire, par l'apologétique culturelle (l'analyse d'oeuvres culturelles, films/jeux/anime/littérature à la lumière de la foi) et par la philosophie thomiste pour ses riches apports en apologétique.

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *