Les décrets de Dieu sont-ils éternels ? Nous l’affirmons contre Socin.
Les sociniens, précurseurs des rationalistes, avaient à cœur de sauvegarder l’indétermination du libre-arbitre (et donc que nous ne sommes pas déterminés par Dieu). Pour ce faire, il fallait absolument séparer Dieu et les décrets de salut. Un des moyens qu’ils avaient trouvés était de prouver que les décisions de Dieu n’étaient pas éternelles. Turretin s’y oppose.
Argumentation (§§ 2-5)
Tout d’abord, la Bible enseigne que les décrets sont éternels :
- Matthieu 25,34 : Prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde.
- Éphésiens 1,4 : En lui Dieu nous a élus avant la fondation du monde.
- 2 Timothée 1,9 : Selon la grâce qui nous a été donnée en Jésus-Christ avant les temps éternels.
- 1 Pierre 1,20 : [Christ] prédestiné avant la fondation du monde.
Ensuite, Dieu connaît toutes choses depuis l’éternité ; c’est donc qu’il les as décidées de toute éternité. Actes 15,17-18 : Le Seigneur, qui fait ces choses, et à qui elles sont connues de toute éternité.
Ensuite, si les décrets étaient faits dans le temps, alors cela voudrait dire que Dieu prendrait conseil comme n’importe quel monarque humain. Cela ne convient ni à sa parfaite sagesse, ni sa perfection, ni son immuabilité.
Enfin, on ne remarque aucune nuance, ni subtile distinction dans la notion d’éternité qu’utilise l’Écriture, contrairement au bestiaire qu’essayaient d’introduire les sociniens : l’éternité, c’est l’éternité, point.
Objections (§§ 6-13)
§ 7 : Attention quand on parle de succession de traités : il est vrai que certains traités en précèdent d’autres : par exemple, Dieu a décidé que l’homme chutât, puis il a décidé de sauver. Cela doit être compris comme une succession logique, et non chronologique. Tout comme 2+2 précède = 4, ainsi un décret peut précéder un autre, dans un sens logique.
§ 8 : Bien que Dieu change son administration envers les hommes dans le temps, en bien ou en mal, il n’en suit pas que le décret lui-même change ou soit fait dans le temps, car ce changement même est décrété de toute éternité. Plutôt que de comprendre ces choses à la manière des hommes, nous devons les comprendre à la manière de Dieu ; non en attribuant un changement à Dieu, mais un changement dans ses œuvres. C’est ainsi que l’on doit comprendre les passages suivants : Jérémie 18,10 ; 31,28 ; Deutéronome 28,63.
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