L’ordre de la création – Turretin (5.6)
20 février 2024

Dans quel ordre les œuvres de la Création ont-elles été produites par Dieu en six jours ?

Turretin commente ici l’ordre des différentes parties de la Création, et leur harmonie interne.

Premier jour (§§ 3-8)

Création des cieux…

Au premier jour, Dieu crée l’espace même des cieux et de la terre. Il rejette qu’ils soient coéternels avec Dieu, contre Socin. Il affirme aussi que ce ne sont pas seulement les cieux « matériels », que nous appelons l’espace, qui ont été créés, mais aussi le « troisième ciel », l’empyrée, les cieux des cieux… bref, le lieu spirituel où résident les anges et notre Seigneur Jésus-Christ. Cela s’oppose à l’opinion des luthériens du XVIIe siècle, qui disaient que ce ciel-là n’était pas local, et qu’il était présent partout, afin de faciliter leur défense de consubstantialité : ce n’est pas que la nature humaine de Jésus est ubiquitaire, c’est qu’il est aux cieux et que les cieux sont partout. Non, déclare Turretin.

À noter cependant que ce n’est que l’ébauche des cieux et de la terre, sans ornements, splendeurs, ni perfections. Et avec l’empyrée, il y a bien sûr la création des anges, puisqu’ils admirent ensuite la création des astres (Psaume 148,2).

… et de la terre

Au sujet de « l’Esprit qui plane sur les eaux » :

  • Ce n’est pas un vent (esprit et souffle sont le même mot en hébreu) : il n’est pas encore créé.
  • Ce n’est pas un ange : la Création n’est pas l’œuvre d’un ange, comme nous l’avons déjà montré.
  • Cette proposition désigne l’esprit de Dieu, avec une métaphore tirée des oiseaux dont l’usage est de réchauffer leurs petits au creux de leurs ailes.

La lumière

Dieu a aussi créé la lumière au premier jour, car c’est avec elle qu’il va orner les cieux et féconder la terre. Turretin affirme qu’elle était regroupée autour d’un certain corps, appelé à être fractionné au quatrième jour entre le soleil, la lune et les autres étoiles. Il dit ceci afin de contrer les catholiques qui soutenaient la transsubstantiation en s’appuyant sur la lumière du premier jour : bien sûr qu’on peut avoir les accidents du pain sans le pain, regardez la lumière du premier jour ; il y avait bien les accidents du soleil, sans le soleil. Turretin affirme qu’il y avait bien un corps lumineux, bien qu’il fût différent du soleil.

Autre intérêt de créer la lumière au premier jour : faire une allégorie de l’Évangile, qui sera reprise par l’apôtre Paul en 2 Corinthiens 4,6 : Car Dieu, qui a dit : “La lumière brillera du sein des ténèbres !” a fait briller la lumière dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de la gloire de Dieu sur la face de Christ.

Le second jour (§§ 9-11)

Le second jour est celui de la création des cieux « aériens » pour reprendre les termes du XVIIe siècle, que nous appelons l’atmosphère aujourd’hui. L’espace et les cieux spirituels sont inchangés. Et avec cette séparation, l’apparition des nuages comme « les eaux d’en haut ». Turretin refuse aussi l’idée des « eaux supra-célestes », une idée astronomique ancienne dont je ne vais pas vous encombrer.

Le troisième jour (§§ 12-13)

Turretin refuse une idée ancienne qui voulait que les réseaux aquatiques souterrains à l’origine des sources d’eaux appartinssent au second jour. Je ne vous embêterai pas avec cela.

Sur l’émergence des végétaux, Turretin dit que les arbres ont été créés immédiatement en train de porter du fruit.

Le quatrième jour (§ 14)

Les astres sont enfin séparés et distingués, pour les raisons suivantes :

  • Afin de séparer le jour et la nuit.
  • Pour marquer les saisons.
  • Pour agir sur le monde « sublunaire », tel que les marées et autres influences astrales, dont les hommes sont cependant exceptés (sujet de la question suivante).

Les cinquième et sixième jours (§§ 15-16)

Tout comme Dieu a peuplé les cieux au quatrième jour, il ne reste plus qu’à peupler le reste aux cinquième et sixième jours : d’abord les oiseaux dans l’atmosphère (créée au second jour) puis les poissons dans la mer (créée au troisième jour), puis les animaux sur la terre ferme, puis enfin, l’homme, la touche finale et le couronnement de la Création.

Étienne Omnès

Mari, père, appartient à Christ. Les marques de mon salut sont ma confession de foi et les sacrements que je reçois.

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