Cyrille continue d’exposer en profondeur les symboles qui se cachent derrière le rituel du baptême, un moment vécu par les nouveaux convertis. Chaque étape de ce rituel est empreinte d’une signification spirituelle, reliant les participants au Christ et à son œuvre rédemptrice.
1. La nudité : une imitation du Christ
Les nouveaux convertis commencent par se dévêtir, un geste symbolique chargé de sens. En se mettant nus, ils imitent le Christ, qui fut dépouillé sur la Croix. Ce dépouillement représente l’abandon de l’ancien homme, corrompu par les convoitises trompeuses, comme l’exprime Cyrille :
Vous vous êtes dépouillés, vous étiez nus ; en cela aussi, imitant le Christ, qui fut dépouillé nu sur la Croix, et par sa nudité se dépouilla des principautés et des puissances, et triompha ouvertement d’elles sur le bois. Car, puisque les puissances adverses avaient fait leur repaire dans vos membres, vous ne pouvez plus porter ce vieil habit ; je ne parle pas du tout de cet habit visible, mais de l’homme ancien, qui se corrompt par les convoitises de la tromperie. Que l’âme qui l’a une fois rejeté ne le revête plus jamais, mais dise avec l’Épouse du Christ dans le Cantique des Cantiques : J’ai ôté ma tunique, comment la remettrais-je ? Ô chose merveilleuse ! Vous étiez nus aux yeux de tous, et vous n’aviez pas honte ; car véritablement, vous portiez la ressemblance du premier Adam, qui était nu dans le jardin, et n’avait pas honte.
Ce geste symbolise un retour à l’innocence originelle d’Adam avant la chute, tout en marquant une rupture avec le péché.
2. L’onction : participation à la plénitude du Christ
Ensuite, les convertis sont oints avec une huile exorcisée, un symbole de leur greffe sur le véritable olivier, le Christ. Cette onction chasse les influences hostiles et purifie l’âme :
Car vous avez été coupés de l’olivier sauvage et greffés sur le bon, et vous avez été rendus participants de la richesse du véritable olivier. L’huile exorcisée était donc un symbole de la participation à la plénitude du Christ, un charme pour chasser toute trace d’influence hostile. Car, comme le souffle des saints et l’invocation du Nom de Dieu, telle une flamme ardente, brûlent et chassent les esprits mauvais, de même cette huile exorcisée reçoit une telle vertu par l’invocation de Dieu et par la prière, qu’elle non seulement brûle et purifie les traces des péchés, mais chasse aussi toutes les puissances invisibles du malin.
L’onction est ainsi une préparation spirituelle, une purification qui ouvre la voie à l’union avec le Christ.
3. Le baptistère : une mort et une naissance
Les convertis sont ensuite conduits au baptistère, où ils vivent une immersion symbolisant la mort et la résurrection du Christ. Cette immersion, répétée trois fois, reflète les trois jours que le Christ a passés dans le tombeau :
Après cela, vous avez été conduits à la piscine sainte du Baptême Divin, comme le Christ fut porté de la Croix au Sépulcre qui est devant nos yeux. Et chacun de vous fut interrogé, s’il croyait au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, et vous avez fait cette confession salvatrice, et vous êtes descendus trois fois dans l’eau, et vous êtes remontés ; là encore, faisant allusion par un symbole aux trois jours de l’ensevelissement du Christ. Car, comme notre Sauveur passa trois jours et trois nuits au cœur de la terre, de même vous, dans votre première remontée hors de l’eau, vous avez représenté le premier jour du Christ dans la terre, et par votre descente, la nuit ; car celui qui est dans la nuit ne voit plus, mais celui qui est dans le jour demeure dans la lumière, ainsi dans la descente, comme dans la nuit, vous ne voyiez rien, mais en remontant, vous étiez comme dans le jour. Et au même instant, vous mouriez et naissiez ; et cette Eau de salut fut à la fois votre tombeau et votre mère. Et ce que Salomon a dit d’autres vous convient aussi ; car il a dit, en ce cas, Il y a un temps pour naître et un temps pour mourir ; mais pour vous, dans l’ordre inverse, il y eut un temps pour mourir et un temps pour naître ; et un seul et même moment accomplit ces deux choses, et votre naissance alla de pair avec votre mort.
Ce passage par l’eau est à la fois une mort au péché et une nouvelle naissance en Christ, un moment où la grâce du salut opère.
4. Une réalité plus profonde que le symbole
Cyrille insiste sur le fait que la puissance de ces symboles ne réside pas dans les actes eux-mêmes, mais dans le Christ qu’ils représentent. Le baptême n’est pas une simple imitation, mais une participation réelle à la rédemption :
Ô chose étrange et inconcevable ! Nous ne sommes pas vraiment morts, nous n’avons pas été vraiment ensevelis, nous n’avons pas été vraiment crucifiés et ressuscités ; mais notre imitation était dans une figure, et notre salut dans la réalité. Le Christ fut réellement crucifié, et réellement enseveli, et véritablement ressuscité ; et toutes ces choses, Il nous les a librement accordées, afin que nous, partageant ses souffrances par imitation, puissions obtenir le salut en réalité. Ô surabondante bonté ! Le Christ reçut des clous dans ses mains et ses pieds immaculés, et souffrit l’angoisse ; tandis que sur moi, sans douleur ni labeur, par la communion de sa souffrance, Il m’accorde librement le salut.
5. Plus qu’un pardon : une identification au Christ
Cyrille souligne que le baptême chrétien dépasse le simple pardon des péchés, déjà offert par le baptême de Jean. Sa spécificité réside dans l’identification aux souffrances du Christ, comme l’écrit Paul dans Romains 6:3. En passant par la mort du Christ dans le baptême, les croyants sont unis à sa vie éternelle :
Si nous sommes passés par sa mort dans le baptême, sa Vie éternelle nous attend maintenant, comme si nous étions plantés avec lui.
Ainsi, le baptême est une porte ouverte vers une vie nouvelle, où le croyant est greffé sur le Christ, partageant sa victoire sur la mort et le péché.
Conclusion
Cyrille nous offre une vision riche et symbolique du baptême, où chaque geste, chaque étape, reflète une réalité spirituelle profonde. Cependant, il insiste sur le fait que la force de ces symboles ne vient pas de nous, mais du Christ, qui, par sa mort et sa résurrection, nous accorde le salut. Le baptême n’est pas seulement un rituel, mais une participation mystique à la vie divine, un passage de la mort à la vie éternelle.
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