Les Écritures peuvent-elles être lues par tous les croyants, et si l’on doit leS lire sans permission ? Nous l’affirmons contre les papistes
Depuis Vatican II, l’Église romaine a fait machine arrière sur ce point, mais pendant près de quatre siècles, la règle officielle issue du concile de Trente était la suivante :
Considérant que l’expérience a prouvé qu’à cause de la hardiesse des hommes, il y a eu plus de dommages que de bienfaits d’avoir permis la Bible en langue commune, ils interdisent la Bible en toute ses parties, imprimées ou manuscrites, quelque soit la langue vernaculaire.
ITE, 2.18.1
C’est donc par rapport à cette ancienne règle que Turretin réagit, plutôt brièvement :
Nous maintenons que non seulement tous les croyants peuvent lire librement les Écritures. mais aussi qu’ils le doivent, sans attendre la permission d’un évêque ou d’un prêtre.
Ibid.
Formulation de la question (§§ 2-3)
- La question est de savoir s’il est légitime d’interdire la lecture de la Bible aux gens ordinaires. Pas de savoir s’il est nécessaire que les bébés et les analphabètes puissent lire pour être sauvés.
- La question n’est pas non plus de savoir si on ne devrait pas accompagner la lecture de la Bible et l’entourer d’enseignements pour se prévenir de certaines dérives. Elle porte uniquement sur l’interdiction pure et simple.
Argumentation (§ 4)
- Parce que c’est un commandement direct de Dieu qui s’applique à tous : Deutéronome 6,6-8 ; 31,11-12 ; Psaume 1,2 ; Colossiens 3,16 ; Jean 5,39 ; Josué 1,8 ; 2 Pierre 1,9 ; Apocalypse 1,3.
- Parce que le but de l’Écriture est d’équiper tous les croyants pour le combat spirituel : 2 Timothée 3,16 ; Romains 15,4 ; Éphésiens 6,17.
- Parce que c’est l’usage de toute l’Église ancienne, comme en témoigne Deutéronome 17,18-19 ; Actes 8,27 ; 17,11 ; 2 Pierre 1,19 ; 2 Timothée 3,15-16.
- C’est aussi le témoignage des pères de l’Église.
Turretin cite comme témoignage patristique:
- Jean Chrysostome, Sermon 9 sur la Genèse section 6.
- Jean Chrysostome, Première homélie sur Matthieu
- Jean Chrysostome, Discours 7 sur Lazare, section 3, où il répète que l’ignorance de l’Écriture est la cause de tous les maux.
- Augustin, Confessions, 6.5
- Augustin, Sermon 35 De Tempore
- Basile le grand, Homélie 10 sur le Psaume 1
- Cyprien Des spectacles
- Origène Sermon 9 sur le Lévitique
- Origène Sermon 12 dans l’Exode
- Jérôme de Stridon sur 107 À Laeta
Réponses aux objections (§§5-9)
§ 5 Ce qui apporte plus de mal que de bien doit être suspendu. La libre lecture de l’Écriture a apporté plus de mal que de bien. Donc elle doit être suspendue.
→ Réponse : Ce n’est qu’accidentellement, à cause de la malice des hommes que ce mal jaillit. Le problème n’est pas dans l’accès à l’Écriture, mais les hommes qui l’interprètent.
Ne faut-il pas maintenir tout de même une régulation de bon sens ? Pas de lecture automatique par des laïcs.
→ Réponse : Loin de là, ce sont le plus souvent des savants théologiens qui démarrent des hérésies.
Si des erreurs viennent des Écritures mal comprises, au lieu de rejeter leur usage, cela doit au contraire nous exciter à chercher davantage. Ainsi, en les comprenant proprement, nous serons capable de réfuter de telles erreurs.
Ibid.
§ 9 Ne peut-on pas se contenter de l’autoriser comme privilège à certains, les mieux armés pour sa lecture ?
→ On ne doit pas accorder comme privilège ce qui est imposé à tous comme un devoir.
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