Où était l'Église avant Luther ?
25 novembre 2017

Alors que nous avons célébré les 500 ans de la Réforme, certains ont pu se demander où était l’Eglise avant que notre moine allemand se réveille. En effet, il n’est pas rare dans nos milieux de penser qu’entre l’apôtre Jean et Luther ou entre les pères de l’Église et Luther, l’Église a plus ou moins disparue ou été carrément obscurcie. À la question : où était l’Église avant Luther, beaucoup n’ont donc pas de réponse ou plutôt ont pour réponse : nulle part !

Mais cette façon de voir les choses, même en restant simplement d’un point de vue de la Réforme, comporte deux incohérences : Premièrement les réformateurs ne partageaient pas cette façon de voir et deuxièmement la Réforme ne se limite pas à Luther. La Réforme a commencé dans divers pays et de diverses façons pour différentes raisons. Depuis certains débats du XIXème, les protestants ont commencé à considérer Calvin comme le fondateur des réformés (avant c’était plutôt Théodore de Bèze qui était vu ainsi, selon Carl Trueman). Mais des réformateurs comme John Knox et Thomas Cranmer ou Zwingli ont été éclipsés tout en restant relativement connus. D’autres, comme Oecolampade, Jérome Zanchi, Pierre Martyr Vermigli, Aonio Paleario, etc. sont tombés dans l’oubli. Avant donc de répondre à la question, il faut que nous croyons au clair sur ces faits : (1) “La” Réforme n’a pas commencé avec Luther ni ne s’est limité à sa personne. Et (2) la Réforme n’est pas conçue comme une révolution qui rétablie une Église disparue quelque part au Moyen-Âge.

Ces précisions étant faites, nous pouvons commencer à répondre à la question tout en la reformulant : Quelles sont les racines du protestantisme avant la Réforme ? Carl Trueman, dans ses cours sur l’Histoire de l’Église, dit qu’il y a traditionnellement 3 réponses à cette question. Nous reprendrons ces réponses dans cet article en les classant de la moins pertinente à la plus pertinente.

Le fil rouge, la lignée du sang.

Une première réponse classique et particulièrement chère aux protestants anglais est celle de la lignée des martyrs. En effet, les protestants étant persécutés en Angleterre, ils ont eu tendance à lire leur expérience dans le passé (éternelle erreur de tous les historiens). Voyant qu’ils étaient persécutés pour la vérité, que les premiers chrétiens l’étaient, ils se sont dit que certainement les “hérétiques” persécutés au Moyen-Âge devaient eux aussi être des bons chrétiens persécutés par une méchante Église apostate.

Le problème avec cette solution, c’est que la plupart des hérétiques persécutés au Moyen-Âge auraient continué à l’être dans les pays européens protestants du XVIème. Leurs erreurs seraient encore condamnées aujourd’hui (nous pensons ici aux Cathares, Albigeois, Bogomils, etc. que l’on a parfois voulu élever comme proto-protestants). La seule heureuse exception à cela sont les vaudois qui se distinguent par leur morale, leur doctrine, leur catholicité et leur ancienneté.

Liens théologiques

Les vaudois ont en effet un véritable lien théologique avec les protestants. Leur doctrine est tout d’abord catholique, ce que je veux dire par cela est qu’ils ne se considèrent pas comme un groupe ayant une autre origine que les apôtres et les pères de l’Église qu’ils citent souvent dans leurs écrits. Leur confession, comme tout bon catéchisme médiéval, commence par une affirmation du Credo des Apôtres. Puis, comme toute bonne confession protestante par la suite, par une exposition de l’étendu du canon et de la doctrine des Écritures. Ils citent à l’occasion Saint Jérôme, ce qui confirme ce que je disais sur leur catholicité.

Leur confession rejette explicitement la prière à Marie et aux saints et ne reconnait que 2 sacrements : le Baptême et l’Eucharistie. Certains auteurs rapprochent leur conception de la Cène de celle du réformateur Zwingli.

En plus de leur doctrine, leur organisation ecclésiale est encore en phase avec le protestantisme. En effet, les “barbes” (nom des pasteurs vaudois) se réunissait régulièrement pour faire des synodes. L’organisation des vaudois était presbytéro-synodale (dirigée par des anciens qui se réunissent en synode) et non pas épiscopale (dirigée par un évêque) et les synodes étaient réguliers (Patrick Cabanel, Histoire des protestants en France, p. 119). Ce fonctionnement sera aussi celui des églises réformées.

Liens historiques

En plus de liens théologiques, les protestants et vaudois ont effectivement été en contact, notamment via le réformateur Martin Bucer qui a finalement permis que ceux-ci rejoignent l’Église réformée.

Mais les liens sont encore plus profonds. En effet, les vaudois sont ceux qui ont financé la première traduction française de la Bible à la Réforme, celle du réformateur Théodore de Bèze.

Plus haut, j’ai fait remarqué que les vaudois avaient une organisation synodale et presbytérienne tout comme les réformés, mais l’historien Patrick Cabanel va plus loin que cela en considérant que ce sont les vaudois qui ont donné cette structure aux réformés, en particulier dans son aspect “décentralisé et polynucléaire” (Patrick Cabanel, Histoire des protestants de France, p. 121).

Les valdéismes

Quand nous parlons des vaudois, il y a deux erreurs majeures qu’il faut toutefois éviter. La première consisterait à croire que tous les groupe appelés vaudois au Moyen-Âge (que ce soit avant ou après Pierre de Lyon) étaient comme les vaudois que nous avons décrit, la seconde serait de croire que les vaudois du Piémont (les “vrais”) sont équivalents au mouvement appelé pauvres de Lyon puis vaudois.

En effet, comme nous l’avons montré dans cet article, les groupes hérétiques du Moyen-Âge étaient tous appelés vaudois, même Jeanne d’Arc fut brûlée comme vaudoise ! Quand donc nous parlons des vaudois, nous voulons parler plus précisément des vaudois du Piémont. Les vaudois d’Europe, qui sont en fait l’ensemble des hérétiques, comportaient des groupes issus des vaudois du Piémont (les vaudois de Provence par exemple).

Ces “vrais” vaudois étaient aussi appelés léonistes car ils prétendent remonter au temps du pape Léon. Ces léonistes sont ainsi décrits par l’Inquisiteur Rainier Sacco :

De toutes ces sectes qui existent ou qui ont existé, il n’en est point d’aussi pernicieuse à l’Eglise que celle des léonistes, et cela pour trois raisons. La première, parce qu’elle est la plus ancienne, puisque selon quelques-uns elle s’est conservée depuis le temps de Sylvestre, selon d’autres depuis le temps des apôtres. La seconde raison, c’est qu’elle est la plus répandue; en effet, il n’est presque pas de pays où elle ne se trouve. La troisième raison est celle-ci, que, pendant que toutes les autres sectes inspirent l’horreur à ceux qui les entendent, par la grandeur de leurs blasphèmes contre Dieu, celle des léonistes manifeste une grande apparence de piété, en ce que ceux qui en sont membres vivent justement devant les hommes, ont la vraie foi en Dieu, et qu’ils croient tous les articles du symbole. »
(Max. Biblioth., P. P., t. XXV, cap. V et VI, p. 264 et suiv.)

Les groupes de contestation

Une autre racine du protestantisme sont les groupes ayant contesté les doctrines et l’organisation de l’Église ainsi que sa corruption morale vers la fin du Moyen-Âge. Sont souvent cités Jean Hus, John Wycliffe, Pierre de Lyon, etc. qui ont eu, eux-aussi, une certaine influence sur les réformateurs.

Là encore, un groupe se distingue des autres, il s’agit des lollards en Angleterre, qui étaient réputés comme des prédicateurs itinérants et militant pour la traduction de la Bible en langue du peuple. Ils ont accueillis le protestantisme à son arrivée en Angleterre et ont caché des protestants durant l’implantation de la Réforme dans ce pays pour finir par se fondre dans le protestantisme. Leur origine remonte à l’oeuvre de Wycliffe et leurs actions ont pris une forme politique réprimée par la persécution.

Les liens théologiques sont moins forts que pour les vaudois du Piémont, mais ces groupes sont symptomatiques d’une véritable crise dans l’Église d’occident qui devait aboutir à la Réforme.

À ces groupes “hérétiques”, nous pouvons rajouter le courant humaniste dont Érasme, Calvin ou Zwingli ont fait partie. Il ne faut pas le confondre avec ce que l’on appelle aujourd’hui humanisme. Les humanistes du temps de la Réforme sont comparables aujourd’hui à ce que l’on appelle les hommes de lettres. Le mouvement est caractérisé par une étude des grands classiques et des langues originales, par une soif de renouveau dans l’éducation et l’enseignement et par une affinité pour les écrits d’un certain moine allemand !

Les théologiens catholiques trinitaires et anti-pélagiens

C’est, selon Carl Trueman, le lien le plus probant entre les chrétiens réformés et les chrétiens du Moyen-Âge. Les théologiens, docteurs et pères de l’Église sont le lien le plus “assumé” dans les écrits des réformés et des réformateurs. Les réformés se réclament d’un héritage patristique et médiéval large et construisent leur théologie en dialogue avec ces grands théologiens qui sont véritablement nos pères en la foi en particulier en ce qui concernent les doctrines trinitaires et la doctrine de la grâce et la prédestination.

C’est en ce sens que Zanchi et Pierre Martyr Vermigli se réclament de Thomas D’Aquin ou que Calvin se réclame de Bernard de Clairvaux. C’est encore en ce sens que certains évangéliques ont la folie d’appeler D’Aquin “calviniste” !

L’idée n’est pas de dire que nous recevons tout ce que ces théologiens ont dit. La démarche est double : premièrement, nous reconnaissons l’autorité et la sainteté de ces docteurs, nous nous appuyons sur leurs écrits et sommes à l’écoute de leurs travaux et développements théologiques. Deuxièmement, l’intérêt est apologétique, quand il s’agit de montrer aux catholiques romains que nous nous accordons avec les pères ou les docteurs médiévaux sur tel ou tel point que, eux, rejettent aujourd’hui (prédestination, suffisance formelle des Écritures, etc.). En effet, la question “où était l’Église avant Luther ?” a bien plus souvent la forme d’une accusation dans la bouche des papistes : “où était votre Église avant Luther ?”.

Conclusion

Le but de cet article était double : corriger les présupposés qu’ont certains évangéliques qui voient la Réforme comme un mouvement venant de nulle part, sans continuité avec ce qui précède, comme une restauration de l’Église perdue; et donner à l’étudiant protestant en histoire de l’Église des pistes dans ses recherches afin de mieux comprendre sa propre tradition protestante et ce qui la précède.

Maxime Georgel

Maxime est interne en médecine générale à Lille. Fondateur du site Parlafoi.fr, il se passionne pour la théologie systématique, l'histoire du dogme et la philosophie réaliste. Il affirme être marié à la meilleure épouse du monde. Ils vivent ensemble sur Lille avec leurs trois enfants, sont membres de l'Église de la Trinité (trinitelille.fr) et sont moniteurs de la méthode Billings.

10 Commentaires

  1. Tribonien Bracton

    Article fort intéressant. Les docteurs catholiques romains du Moyen Âge central tels Bernard de Clairvaux et Thomas d’Aquin n’adhéraient-ils pas au marialisme et au culte des saints ? Je crois que oui et c’est ce polythéisme inavoué qui m’empêche de les voir comme le maillon entre l’Église antique et la Réformation. Chose certaine, cette thèse mérite d’être creusée.
    Concernant les vrais vaudois (les vaudois au sens restreint), il est clair qu’ils sont antérieurs à Pierre Valdo. De ce que je comprend, l’importance de Valdo tient plutôt du fait que c’est sous son impulsion que le vrai valdéisme est sorti de son berceau provençal & piémontais et s’est répandu à travers l’Europe continentale. Au Bas Moyen Âge, les vaudois entretenaient des liens serrés avec les hussites, et les hussites avec les wiclyfites d’Angleterre, si bien que ces trois groupes étaient non seulement en communion mais ils formaient pratiquement une seule et même Église pan-occidentale.
    Avis aux intéressés, à propos de la dispersion médiévale des vaudois, j’ai déniché une carte que j’ai reproduite ici : https://monarchomaque.org/2012/01/31/proto-protes/

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    • Maxime Georgel

      Les pères tout comme les docteurs médiévaux et les réformateurs ont erré en plusieurs points, cela n’empêche pas Calvin, comme nous le constatons, de considérer Saint Bernard comme un “père”. Oui Bernard priait Marie, sachant ce qu’il faisait et encourageant cela. Thomas Aussi, Anselme aussi. Mais ce n’est pas pour autant qu’il n’y pas une forte continuité entre les dévotions autour de la croix de Saint Bernard et la théologie de la croix de Luther, ou entre Cur Deus Homo de Anselme et la substitution pénale de nos réformateurs. Mettons-nous à l’école des pères, des docteurs médiévaux et des réformateurs tout en les soumettant à la Bible, sachant que la Tradition n’a pas pour but de dominer mais de nous servir en nous éclairant et exposant la Parole et en étant éclairée par elle !

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  2. JesusKS

    “organisation des vaudois était presbytéro-synodale (dirigée par des anciens qui se réunissent en synode) et non pas épiscopale (dirigée par un évêque)”
    D’où vient cette distinction historiquement parlant sachant que scripturairement l’évêque (l’épiscope ou surveillant) et l’ancien (presbytre) sont juste l’appellation d’autorité pour l’un et “honorifique” pour l’autre? Il est vrai que très tôt Ignace (ou polycarpe je ne sais plus) a dérivé doctrinalement en enseignant qu’un seul évêque par.ville, mais cette distinction entre évêque et ancien ?

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    • Maxime Georgel

      Quand je dis épiscopale je préssupose mono-épiscopat par opposition a presbytérat.

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  3. JesusKS

    “Les pères tout comme les docteurs médiévaux et les réformateurs ont erré en plusieurs points, cela n’empêche pas Calvin, comme nous le constatons, de considérer Saint Bernard comme un « père ». Oui Bernard priait Marie, sachant ce qu’il faisait et encourageant cela. Thomas Aussi, Anselme aussi.”
    Pour considérer de telles hommes comme des pères dans la Foi il faut les considérer comme chrétien… Or comment faire cela avec des déviations doctrinales aussi fondamentales que le culte marial. La base de la Foi judéo-chrétienne est l’adoration en un seul Dieu éternel (appelé artistoclicien) contrairement aux nations païennes. Le fruit de l’Esprit est premièrement de tourner le culte vers le Dieu véritable. C’est aussi pour ça qu’il est difficile de croire que quelqu’un rejetant la divinité de Christ soit né de nouveau. Ou en.tout cas il arrivera très vite à cette conclusion, tout au moins.

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    • Maxime Georgel

      Le culte marial n’est pas une adoration mariale, du moins dans l’intention. Si D’Aquin n’était pas chrétien, alors personne ne l’est !

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  4. Tribonien Bracton

    Si l’idolâtrie mariale n’est pas suffisante pour disqualifier l’idolâtre qui s’y adonne du titre de chrétien, je me demande bien où se situe la ligne de démarcation théologique entre le christianisme scripturaire et le syncrétisme pagano-“chrétien” de l’Église de Rome ou des Églises pseudo-orthodoxes orientales. Certes, ça ne prends pas une théologie 100 % parfaite pour être sauvé, mais il faut néanmoins respecter un minimum de critères ! D’où l’importante distinction entre l’hérésie damnable et l’hétérodoxie non-damnable. Il y a une sacrée différence entre reconnaître qu’il existe de bons éléments dans la pensée de maints docteurs médiévaux comme Bernard de Clairvaux ou Thomas d’Aquin, et chercher à voir en ces papistes idolâtres superstitieux d’authentiques chrétiens.

    Je me permets aussi de remarquer que malgré que Patrick Cabanel évoque la théorie selon laquelle l’ecclésiologie presbytéro-synodale provient du valdéisme dans son ‹Histoire des protestants en France› (p. 119-121), il ne fournit pas la moindre preuve validant cette idée. Nous pourrions tout aussi bien théoriser qu’« avec son organisation des ministères, Calvin a transposé dans l’Église les structures collégiales des conseils de ville » (Marianne Carbonnier-Burkard, ‹Calvin dresseur d’Églises›, dans Collectif, ‹Jean Calvin : Les visages multiples d’une Réforme›, p. 125). Bref, il est assez difficile de cerner l’origine historique des spécificités du presbytéro-synodalisme concocté au milieu du XVIème siècle.

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      • Tribonien Bracton

        Merci pour cette suggestion de lecture, j’ai lu le texte de Rémy Bethmont attentivement. La triple distinction proposée par Richard Hooker est visiblement fabriquée sur mesure pour qu’il puisse conclure que les catholiques romains médiévaux étaient sauvés. Sa démarche obéit davantage à un impératif apologétique qu’à une considération proprement théologique. Sans vouloir manquer de sympathie envers monsieur Hooker, sa démarche semble être un cas typique où c’est la polémique qui oriente la doctrine plutôt que la doctrine qui oriente la polémique : « C’est cette ignorance innocente de la pure doctrine que Dieu pardonne pour les générations passées, nées trop tôt pour bénéficier des lumières de la Réforme. »

        Je comprends très bien la forte pression émotive (liée à la question du salut des ancêtres biologiques) qui était exercée sur les réformateurs, car la même pression existe encore aujourd’hui, quoique dans un contexte encore plus confus. Qui souhaite que ses progéniteurs polythéistes – cathos ou hindous, peu importe – brûlent en Enfer pour l’éternité ? Personne, bien entendu. Mais le vertige émotionnel provoqué par cette terrible possibilité ne doit pas nous décontenancer. À la loi et au témoignage !

        Richard Hooker avance que les papistes idolâtres médiévaux étaient sauvés parce que leur « hérésie du 3ème degré » était inconsciente. Paraphrase : Ces croyants-pratiquants étaient sincères dans leur foi donc Dieu ne doit pas leur en tenir rigueur. J’ai bien peur que c’est exactement ce profil auquel Jésus fait allusion en Matthieu 7:21-23 (« Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé par ton nom ? » etc.).

        Rémi Bethmont est ambivalent quant à savoir si la position de Richard Hooker ici est conforme à la pensée réformée orthodoxe. Pour ma part, il est manifeste que la déclaration suivante tirée de Déclaration de Savoy (article 26:2) puis reprise dans la Confession de 1689, vise de prime abord les zouaves et les ouailles de la Papauté : « ceux qui […] détruisent […] leur propre profession par des erreurs qui en subvertissent le fondement ». (Bien que cette clause précise n’apparaisse pas dans la Confession de Westminster, ce point de doctrine est partagé par les réformés presbytériens, si je me fie au commentaire d’A.A. Hodge sur ladite Westminster.)

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        • Etienne Omnès

          Ce n’est pas que du sentimentalisme à propos de la mamie superstitieuse: il y a un véritable enjeu de continuité historique pour l’Église Réformée: si la moindre dévotion mariale exclut du salut alors l’Église a été suspendue pendant 1000 ans, avant de réapparaître magiquement à la Réforme! Or, les réformés ont toujours pris soin de résister à cette doctrine d’anabaptiste, et à souligner qu’ils étaient bel et bien la continuité de l’Église médiévale, quelle qu’aient été ses corruptions. Généralement, à la suite de Calvin, c’est la thèse du “reste fidèle” qui prévaut, et c’est celle-ci que retient Turretin dans sa Théologie Elenctique, Sujet 18 question 10.

          Ce dernier écrit dans la section 10: “Si nous traitons de la foi chrétienne, nous disons que la substance des choses à croire et faire pour être sauvé à toujours été présente dans les Écritures, dans le symbole des Apôtres, dans la loi de Dieu et le Notre Père, scellée par les sacrements, que par une providence spéciale il a désiré toujours conserver dans l’Église pour soutenir les élus, bien que la doctrine soit fréquemment mélangée à différentes erreurs.Nous devons ici correctement distinguer entre la substance de la foi et les accidents corrompant la doctrine et le culte, au milieu desquels Dieu savait comment préserver les élus dans la pureté nécessaire pour le salut, **jusqu’à l’époque de la Réforme**.” ”

          Sans aller jusqu’à dire qu’il endosse l’argument de Hooker qui est beaucoup plus développé, on remarquera que les deux sont compatibles: un chrétien comme Thomas d’Aquin est soumis à un standard différent qu’un chrétien après la Réforme, et peut donc être sauvé malgré les mélanges et erreurs qu’il faisait en suivant les usages de l’Église de son époque.

          Quant à la polémique qui conduit la doctrine plutôt que l’inverse, c’est généralement comme ça que cela se passe: un hérétique propose une erreur et dans notre volonté de détruire cette erreur, nous construisons la juste doctrine. La polémique engendre la saine doctrine. D’ailleurs, ce n’est pas un défaut propre à Monsieur Hooker: tous les théologiens anglais de cette époque se comportaient comme des berserks au vu des enjeux phénoménaux de la Réforme Anglaise.

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