Bien souvent, la façon dont le salut est présenté s’éloigne considérablement de ce que la Réforme voulait dire par « justification par la foi seule ». Voilà ce qu’est devenu le récit-type du salut que l’on entend un peu partout et qui n’est plus vraiment l’Évangile de la grâce de Dieu :
Normalement, nous aurions du être sauvé en pratiquant parfaitement la loi mais, puisque personne n’y arrive, Dieu a décidé de nous donner une seule condition à remplir : croire en son Fils qui est mort pour nous.
Cette présentation de l’Évangile est très problématique et je vais relever ici les plus grands problème que cela pose.
Dieu n’a pas renoncé aux exigences de sa Loi, mais il les a accompli en Christ.
La Loi de Dieu n’a pas été donnée pour que les hommes aient un moyen d’être sauvé. La Loi de Dieu a été donnée parce qu’elle est juste et qu’elle reflète le caractère de Dieu. Dieu n’a pas renoncé aux exigences de sa Loi. Elles pèsent encore sur tout homme, c’est précisément pour cela qu’il a envoyé son Fils.
Quand Christ est venu, il n’a pas simplement pris la colère de Dieu que mérite nos péchés sur la croix. Il a aussi vécu une vie d’obéissance parfaite à la Loi et d’amour parfait envers Dieu et les hommes. Il a accomplit la Loi, témoignant ainsi de sa validité et de sa nécessité.
Bien plus, le Saint-Esprit nous pousse maintenant à l’obéissance à la Loi. « Nous ne sommes plus sous la Loi » signifie que nous n’avons pas à accomplir la Loi pour obtenir la justification. Mais ça ne veut pas dire que la Loi n’est plus nécessaire : nous sommes sauvé par les oeuvres; non pas les nôtres, mais celles de Jésus-Christ ! Et, aujourd’hui encore, la Loi est une lampe à nos pieds, un guide pour aimer nos prochains et notre Créateur et refléter ainsi la vie du Christ en nous.
La foi n’est pas une condition à remplir remplaçant celles de la Loi
C’est l’erreur majeure de cette façon de présenter l’Évangile : la foi devient une oeuvre accomplie par l’homme, par laquelle il choisit Dieu et n’aurait plus besoin d’obéir aux autre commandements.
Non ! La foi n’est pas quelque chose que l’homme accomplit, c’est un don de Dieu (Eph 2:8), une nouvelle création dans le coeur de l’homme afin de l’unir à Jésus-Christ et de recevoir les bénéfices de son oeuvre. La foi, c’est une oeuvre surnaturelle de l’Esprit de Dieu et vécue par l’homme. La foi n’est pas « le dernier commandement que Dieu nous a laissé à accomplir », elle n’est pas « la seule condition laissée à l’homme pour qu’il l’accomplisse et soit sauvé ». La foi est créée par Dieu, expérimentée par l’homme. Mais c’est Dieu la cause et le donateur. C’est lui qui en est à l’origine et qui la conduit à sa perfection (Hébreux 12:2). Et c’est bien nous qui l’expérimentons. Nous croyons, mais c’est Dieu qui crée la foi dans le coeur de ses élus. Oui, c’est l’homme qui croit et oui la foi est une condition de l’alliance de grâce mais ne le voyons pas comme « le truc à faire à la place d’obéir à tous les commandements » car les commandements pèsent encore sur le croyant pour son bien et la foi n’est pas « un truc que l’homme fait ».
La prédication de l’Évangile est puissante précisément parce que Dieu l’utilise pour créer par son Esprit la foi dans ceux auxquels il ouvre les yeux du coeur. (Actes 16:14).
La vie et la mort de Christ ne dépendent pas d’un acte humain pour être efficaces
Une telle façon de présenter l’Evangile pose un autre problème majeur : alors que la vie, la mort et la résurrection de Christ sauvent selon la Bible, ici elles ne font que rendre l’homme « sauvable ». En d’autres termes, cet évangile consiste à dire : Dieu a fait sa part, faite la vôtre et vous serez sauvé. Ne voyez-vous pas que c’est un évangile des oeuvres, où l’action décisive est donnée à l’homme ?
La Bible nous parle d’un Sauveur Tout-Puissant. Le salut est l’oeuvre du Dieu trinitaire : le Père nous a choisi de toute éternité; le Fils s’incarne, vit une vie d’amour et s’offre par amour en prenant sur Lui la colère du Père et finalement l’Esprit nous régénère, nous ouvre les yeux et nous donne la foi. Cet évangile des oeuvres annule l’oeuvre du Père, du Fils et celle de l’Esprit. Le Père ne choisirait personne, la mort de Christ ne serait pas efficace à moins que l’homme y rajoute sa foi et l’Esprit ne viendrait que comme une cerise sur le gâteau chez ceux qui ont gentiment ouvert la porte de leur coeur.
Non, le Dieu de Jésus-Christ est bien un Dieu Sauveur, pas un dieu qui essaye de sauver. Dieu sait bien que nous ne sommes que chair et que la chair « ne se soumet pas à Dieu, elle en est même incapable » (Rom 8:7). Nous ne sommes pas des pauvres nageurs en train de nous noyer, Dieu nous jetant la bouée et attendant que nous la saisissions par notre libre-arbitre. Nous ne sommes pas sauvé par le choix mais par la foi ! Nous sommes des corps morts au fond de l’océan, incapables de sortir de là. Ce n’est pas une bouée qu’il nous faut, c’est une résurrection. Et oui, désolé de le dire comme ça, mais quand Jésus a ressuscité Lazare, il n’a pas attendu que celui-ci lui donne sa permission.
La vie et la mort du Christ sont efficaces. Christ est Sauveur. Sa mort n’est pas vaine. Si Christ est mort dans le but de sauver une personne, celle-ci sera sauvée. Pourquoi ? Car il est Tout-Puissant et car le Père a choisit cette personne et que l’Esprit va la régénérer.
Bien d’accord…………