La raison est pour Dieu – résumé (9/12) : La religion et l’Evangile, deux réponses différentes au péché
7 juillet 2021

Cette série d’articles propose un résumé des arguments donnés par Tim Keller en faveur du christianisme et contre les objections courantes contre la foi chrétienne dans son livre La raison est pour Dieu. C’est un très bon livre, assez généraliste dans ses réponses, dans le sens où n’entre pas dans les détails philosophiquement et ne se base pas sur une tradition philosophique particulière (thomiste par exemple).

Mais il reste très bon comme première lecture d’apologétique et ouvrage de référence accessible à tous (croyants et non-croyants). Keller sait attirer l’attention du lecteur, présenter des arguments tout en restant toujours humble et sympathique. Il est agréable à lire et très bien traduit.

Le but de cet article est résumer, regrouper les arguments de Keller mais aussi de les rendre plus compréhensibles. C’est pour ça que je les complèterai ou les expliquerai parfois un peu plus en détails. Bien sûr aussi de rendre accessible gratuitement ce que présente Keller mais aussi de vous donner envie de le lire quand vous en aurez les moyens.


Introduction

Nous avons vu dans l’article précédent que le principal problème de l’homme, c’est qu’il est mauvais de nature, le mal est profondément gravé en lui : il est pécheur. Son péché le conduit à définir son identité en s’attachant à des substituts à Dieu (les relations amoureuses, le travail, les études, les divertissements, les possessions, le sport etc), qui deviennent ainsi ses « dieux ». Chacun d’entre eux est instable, incertain (peut-être perdu à tout moment) et n’apporte pas une satisfaction durable.

Par conséquent, celui qui s’attache à ce substitut est sans cesse dans l’anxiété, dans la peur de perdre ce bien et même quand il le possède, il est insatisfait. Pire, quand il perd son « dieu », c’est toute son identité qui s’écroule, il tombe dans le désespoir et il est rempli d’amertume, de frustrations soit envers les autres, soit envers lui-même.

Nous avions conclu l’article en proposant une solution : Jésus-Christ, le Dieu-Sauveur que nous présente la Bible. Supposons que le problème du péché tel que le décrit la Bible existe bel et bien, et qu’il doit être résolu. Pourquoi dire que le christianisme est la solution et non pas une autre religion ?

C’est la question à laquelle nous chercherons à répondre dans cet article. Nous verrons qu’il n’y a que deux choix possibles : l’Evangile et la religion. L’Evangile, c’est le message principal de la Bible, « le salut par la grâce1 C’est-à-dire la délivrance du péché (vu comme une maladie qui nous détruit) et de notre peine qu’on obtient gratuitement de la part de Dieu sans avoir à mériter quoi que ce soit par de bonnes actions.

J’utiliserai le mot « religion » non pas dans son sens large2 de « croyances à propos de quelque chose de transcendant » mais dans un sens restreint : « salut obtenu par des efforts sur le plan moral ». C’est-à-dire chercher à se libérer tout seul du péché, par ses propres efforts en cherchant à faire le bien, à devenir parfait.

I. Deux formes d’égocentrismes

Keller nous explique qu’il existe deux manières d’être égocentriques, égoïstes. « La première consiste à être très mauvais et à enfreindre toutes les règles, la seconde à être très bon, à respecter toutes les règles et à devenir suffisant. » (La raison est pour Dieu, p. 208).

A. La première forme d’égoïsme

Pour bien nous faire comprendre ces deux possibilités, Keller rapporte l’histoire qu’un romancier, Robert Louis Stevenson raconte dans son roman Le cas étrange du Docteur Jekyll et de Mister Hyde. C’est l’histoire d’un docteur, Jekyll qui essaye de devenir un homme bon après avoir remarqué qu’il est un « mélange de bien et de mal ».

Pour cela, il invente une potion capable de séparer ses deux natures : son côté bon et son côté mauvais. Après l’avoir bue, il se rend compte que son côté mauvais est encore plus mauvais que ce qu’il pensait. Il appelle son mauvais côté Edward Hyde, « Hyde » qui renvoie à « hide » (cacher en anglais) car Edward Hyde est bien caché en Jekyll. Edward Hyde blesse les gens sans aucun problème et tue ceux qui le gênent. Keller explique bien comment tout le monde, y compris les meilleurs hommes ont tous un Edward Hyde caché en eux :

Stevenson montre que même les gens les meilleurs se dissimulent à eux-mêmes ce qu’ils ont à l’intérieur : une énorme tendance à l’égotisme, à l’égocentrisme et à la prise en compte prioritaire de leurs propres intérêts au détriment de ceux des autres.

La raison est pour Dieu, p. 206-207

B. La deuxième forme d’égoïsme

Jekyll décide donc de réprimer son côté égoïste en faisant beaucoup d’efforts. Déjà il décide de ne plus jamais reprendre la potion et « se consacre à la charité et aux bonnes œuvres, d’une part pour expier ce qu’Edward Hyde a fait, et d’autre part dans le simple but d’étouffer sa nature égoïste en agissant avec altruisme3. »

Après avoir accompli tant d’exploits, il commence à se sentir supérieur aux autres qui ont fait beaucoup moins de bien que lui et à les considérer comme des incapables, des lâches. C’est à ce moment-là qu’il réalise qu’il est redevenu Edward Hyde alors qu’il n’a pas pris la potion…

En résumé, quand nous cherchons à nous délivrer du mal, de notre égoïsme avec de bonnes œuvres, nous finissons par devenir orgueilleux et à nous sentir supérieurs aux autres. Et nous retombons ainsi dans notre égoïsme. La seule chose que nous avons réussi à changer, c’est notre apparence mais pas notre cœur, ce qu’il y a de plus profond en nous. Nous avons besoin de changer nos motivations, et nous en sommes bien incapables.

II. Les ravages du pharisaïsme

A. L’origine de ce mot

Les pharisiens étaient les responsables religieux juifs à l’époque de Jésus. Ils cherchaient à faire sans cesse de bonnes actions, exactement comme le docteur Jekyll. Ce qui les amenait à devenir orgueilleux, à se vanter de leur piété et de leur bonnes actions devant tout le peuple juif. Voici comment Jésus décrivait de manière très juste les pharisiens :

Malheur à vous, spécialistes de la loi et pharisiens hypocrites, parce que vous nettoyez l’extérieur de la coupe et du plat, alors qu’à l’intérieur ils sont pleins du produit de vos vols et de vos excès. Pharisien aveugle ! Nettoie d’abord l’intérieur de la coupe et du plat, afin que l’extérieur aussi devienne pur. Malheur à vous, spécialistes de la loi et pharisiens hypocrites, parce que vous ressemblez à des tombeaux blanchis qui paraissent beaux de l’extérieur et qui, à l’intérieur, sont pleins d’ossements de morts et de toutes sortes d’impuretés. Vous de même, de l’extérieur, vous paraissez justes aux hommes, mais à l’intérieur vous êtes pleins d’hypocrisie et d’injustice.

Matthieu 23.25-28

Les pharisiens faisaient partie de ceux qui ont condamné Jésus par pure jalousie, parce qu’il était plus populaire qu’eux. On utilise parfois ce mot (“pharisien”) aujourd’hui (surtout dans le milieu chrétien) pour désigner les gens qui cherchent à faire le bien mais qui n’arrivent pas à changer leurs motivations intérieures et qui finissent par mépriser les autres avec orgueil. En réalité, dès que nous cherchons à devenir meilleurs, nous finissons tous inévitablement par devenir des “pharisiens”.

B. La faiblesse du pharisaïsme

Les pharisiens ne sont pas à la hauteur de leurs exigences : ils ne prient pas assez, n’aiment pas assez, ont toujours de mauvaises pensées. Ils finissent donc par être déçus et tombent dans l’anxiété et l’insécurité, encore plus que les personnes non religieuses qui préfèrent faire ce qu’elles veulent (aller en boite, faire la fête, etc.). Ce qu’explique très bien Richard Lovelace :

Beaucoup […] appuient leur certitude d’être acceptés par Dieu sur leur sincérité, l’expérience de leur conversion, ce qu’ils ont accompli récemment sur le plan religieux ou la rareté relative de leurs désobéissances conscientes et volontaires […] Leur manque d’assurance se révèle au travers de leur orgueil, de l’affirmation énergétique et défensive de leur propre vertu et des critiques adressées à autrui pour se justifier. Ils en viennent naturellement à détester les autres modèles culturels et les autres races afin d’assurer leur propre sécurité et d’évacuer leur colère contenue. 

The Dynamics of Spiritual Life, p. 212ss, cité par Keller

Le pharisaïsme ne détruit pas seulement l’individu mais crée aussi des conflits sociaux. Il conduit les pharisiens à rejeter les autres, ceux qui n’adhèrent pas aux mêmes principes ou à la même idéologie (religieuse, philosophique, politique, sociale, humanitaire, environnementale etc). Ce qui donne lieu notamment aux discriminations comme le racisme.                                                                    

C. Le pharisaïsme : un virus qui contamine même les Eglises

Malheureusement, le pharisaïsme est une maladie qui a contaminé beaucoup d’Eglises. Il est probable que les Eglises que vous avez visitées prêchent ce message : « faites le bien et tout ira bien pour vous, Dieu vous acceptera ». Ce qui nous l’avons vu et nous le verrons encore, est complètement à l’opposé de ce que dit le véritable christianisme.

Dans ces Eglises, on y trouve souvent des hypocrites4, des pharisiens qui se soucient beaucoup des apparences extérieures mais dont l’intérieur reste répugnant. Des gens prompts à condamner, à mépriser les autres. Vous avez peut-être rejeté le christianisme et les religions en général à cause de cela. Je vous invite à oublier ces Eglises et à regarder quelques temps avec moi ce qu’enseigne réellement la Bible.

Comment cela se fait que des Eglises soient aussi éloignées de ce qu’enseigne la Bible ? Elles ont oublié ou négligé son message fondamental : la grâce. C’est notamment dans ce contexte que les Protestants sont apparus à la Réforme : rappeler la grâce de Dieu à une époque où elle était oubliée (ou au moins déformée) par les Catholiques.

III. La grâce fait toute la différence

Le pharisaïsme repose au fond sur une conception particulière de Dieu et de nous : la religion (dans un sens étroit) ou les œuvres. A l’opposé, on trouve dans le christianisme un principe opposé : la grâce. La religion dit que Dieu nous accepte sur la base de nos efforts alors que la grâce dit que Dieu nous accepte gratuitement sur la base des efforts de quelqu’un d’autre (qui a obéit à Dieu à notre place en tant que notre représentant) : Jésus. C’est Jésus qui est mort pour nos fautes envers Dieu et qui a obéi parfaitement à Dieu, ce dont aucun de nous n’est capable.

Dans chacune de ces deux conceptions, les efforts, les bonnes actions ont un but différent. Dans la religion, le but des bonnes actions, c’est de mériter quelque chose, d’obtenir le droit d’être accepté par Dieu. Dans la grâce, Dieu m’accepte d’abord gratuitement, puis je fais de bonnes actions non pas pour gagner son approbation mais pour le remercier de m’avoir accepté (le but des bonnes actions, c’est de lui exprimer notre reconnaissance). Les différences entre ces styles de vie sont énormes, les voici :

A. La motivation

Comme nous venons de le voir, dans chacun de ces deux styles de vie, nous n’obéissons pas à Dieu pour les mêmes raisons. Dans la religion, nous sommes motivés par la peur, la peur de perdre la bénédiction de Dieu, l’enfer. Ou alors par l’orgueil, le besoin de sentir meilleur que les autres. Dans la grâce, nous sommes motivés par la gratitude envers Dieu qui nous déjà bénis gratuitement en Jésus-Christ qui a donné sa vie pour nous.

B. Notre identité et notre estime de soi

Comme nous l’avons vu dans la partie précédente sur la pharisaïsme, vivre selon le principe de la religion nous pousse à l’orgueil, à mépriser les autres. Cela est vrai qu’on soit libéral (progressiste) ou conservateur (fondamentaliste). Les libéraux vont mépriser tous ceux qu’ils trouvent étroits d’esprit tandis que les conservateurs mépriseront tous ceux vivent « dans la débauche ». La religion nous pousse aussi au dénigrement de soi : nous sommes dégoûtés de nous-mêmes lorsque nous ne sommes pas à la hauteur de nos propres critères.

La grâce permet justement d’éviter à la fois d’un côté l’orgueil et le mépris des autres, de l’autre, le dénigrement de soi, le désespoir et la culpabilité. Si nous sommes acceptés par Dieu gratuitement, nous n’avons plus rien de quoi nous vanter. Dieu nous a acceptés quand nous n’avions absolument aucun mérite à faire valoir devant lui.

De plus, nous n’avons plus de raison de nous sentir « ratés » et coupables car Jésus a été punis pour nos péchés et qu’il partage avec nous son innocence, son obéissance parfaite. Ainsi Dieu, nous voit comme s’il voyait Jésus, il nous voit comme des gens parfaits, innocents au lieu de nous voir comme des coupables méritant l’enfer.

C. La manière de traiter le prochain

Aujourd’hui, dans notre société postmoderne, les gens ou les groupes se définissent souvent en fonction de quelque chose qu’ils rejettent. Les libéraux se définissent par leur rejet des conservateurs, les conservateurs par leur rejet des libéraux. Au contraire, le chrétien trouve sa valeur :

Grâce au Seigneur qui a été exclu pour lui. La grâce du Christ me rend à la fois plus profondément humble que ne peut le faire la religion (puisque je suis trop imparfait pour que mes efforts réussissent à me sauver) tout en me donnant cependant une assurance nettement plus affirmée que ne pourrait le faire la religion (puisque j’ai la certitude absolue que Dieu m’accepte sans condition).

La raison est pour Dieu, p. 213

Au final, la religion conduit au mépris de l’autre. Alors que la grâce telle que nous la présente le christianisme nous rend humble et nous permet d’aimer notre prochain, même lorsqu’il a des croyances différentes. Elle nous permet même de reconnaître que notre ami incroyant est « meilleur » que nous du point de vue moral.

D. La gestion de la souffrance

Si nous acceptons le principe de la religion : nous adhèrerons forcément aussi à celui-ci « si je me comporte bien, tout ira bien ». Du coup, quand la souffrance s’abat sur nous, nous devenons soit furieux contre Dieu, soit contre nous-mêmes pour avoir raté quelque chose d’important.

Si nous acceptons de vivre par la grâce de Dieu, nous nous rappellerons constamment qu’à la base, nous ne méritons absolument rien de sa part et que le principe donné plus haut (« si je me comporte bien, tout ira bien ») est faux. Le contre-exemple parfait, c’est Jésus-Christ : lui le parfait innocent a pourtant vécu une vie de souffrance, de rejet et de torture. La grâce nous permettra ainsi d’échapper à l’amertume et au dénigrement de soi.

4. La menace de la grâce

Souvent, quelqu’un qui entend parler de la grâce répond d’un air sceptique que ça a l’air bien pratique. On pourrait être accepté par Dieu gratuitement, puis on pourrait de nouveau faire tout ce qu’on veut sans s’inquiéter d’une punition.

En fait, le christianisme ne marche pas du tout comme ça. Une fois que nous sommes acceptés par Dieu gratuitement, nous ne sommes plus libres d’agir à notre guise mais nous devons lui obéir. Est-ce arbitraire, cruel et est-ce que cela fait de Dieu un tyran ? Je vous propose de découvrir la réponse à cette question à travers deux exemples concrets que nous donne Keller.

A. L’exemple d’une relation amoureuse

Prenons par exemple la relation d’un jeune garçon avec sa petite amie. Imaginons que celui-ci ait demandé à cette fille de sortir avec lui et qu’elle ait accepté. Est-ce qu’après avoir « été accepté » par cette fille, il pourra faire ce qu’il veut, comme la tromper, ne jamais la fréquenter, ne jamais lui parler ou lui écrire des texto ?

Non. Le fait que la fille l’ait accepté, par grâce dans un sens comme elle aurait tout à fait pu lui dire non, l’oblige à respecter certaines règles qui encadrent leur nouvelle relation d’amoureux. Mais ces contraintes ne rendent pas le jeune homme malheureux, triste et mécontent. Au contraire, c’est un plaisir pour lui de faire tout ce qu’il peut pour rendre heureux celle qu’il aime. De l’emmener au cinéma, en voyage, découvrir de nouveaux paysages, lui rendre service etc.

Avec Dieu, c’est pareil. Dès que nous entrons dans une relation intime avec lui par grâce, nous devons nous engager à lui. Mais cet engagement n’est pas un fardeau qui pèse sur nous, mais plutôt un honneur et un plaisir. Une fois que nous avons goûté à la grâce, à l’amour de Dieu, nous avons naturellement envie de lui plaire, de l’aimer en retour. Et cet amour s’exprimera à travers l’obéissance à ses règles, tout comme l’amour d’un homme pour sa femme.

B. L’exemple dans Les Misérables de Victor Hugo

Cet exemple me touche tout particulièrement comme il vient de mon roman préféré et de mon écrivain préféré, Les Misérables de Victor Hugo (même s’il ne semble pas qu’il ait été chrétien). Si vous ne l’avez pas encore fait je vous conseille vraiment de le lire et si vous avez la flemme, au moins de regarder le film de 2000 (même s’il n’est pas entièrement fidèle) où joue Gérard Depardieu. On y trouve un exemple magnifique de la grâce. Même s’il repris par de nombreux chrétiens, je trouve que Keller est celui qui le présente le mieux, en plus il est le seul qui parle de Javert. L’extrait sera plus long que d’habitude :

Personne ne décrit cette situation de manière aussi vivante que Victor Hugo dans Les Misérables. L’un des principaux personnages, Jean Valjean, est un ancien bagnard rempli d’amertume. Il vole l’argenterie d’un évêque qui avait fait preuve de bonté envers lui. Arrêté par les gendarmes, il est ramené au domicile de l’ecclésiastique. Agissant par pure grâce, l’évêque lui dit avoir donné l’argenterie à Valjean et le fait relâcher. Cette preuve de compassion secoue profondément le voleur. Dans le chapitre suivant, Hugo explique clairement ce que cette grâce avait de menaçant :

« Il opposait à cette indulgence céleste [de l’évêque] l’orgueil, qui est en nous comme la forteresse du mal. Il sentait indistinctement que le pardon de ce prêtre était le plus grand assaut et la plus formidable attaque dont il eût encore été ébranlé ; que son endurcissement serait définitif s’il résistait à cette clémence ; que, s’il cédait, il faudrait renoncer à cette haine dont les actions des autres hommes avaient rempli son âme pendant tant d’année, et qui lui plaisait ; que cette fois il fallait vaincre ou être vaincu, et que la lutte, une lutte colossale et définitive, était engagée entre sa méchanceté à lui et la bonté de cet homme.5 »

Valjean choisit de laisse la grâce le toucher. Il arrête de s’apitoyer sur son sort et abandonne toute amertume pour consacrer sa vie à faire preuve désormais de miséricorde envers autrui. Son être est transformé jusqu’à la racine.

L’autre personnage principal du roman est Javert, le policier qui a bâti toute sa vie sur sa conception des récompenses et des châtiments. Avec suffisance, il poursuit Jean Valjean sans relâche d’un bout à l’autre du roman, bien que son acharnement détruise sa propre vie. Javert finit par tomber aux mains de Valjean. Au lieu de tuer son ennemi, l’ancien forçat le laisse s’en aller. Cette manifestation de grâce absolue trouble profondément Javert. Il comprend que, pour répondre de manière adéquate à ce geste, il devra changer complètement sa vision du monde. Plutôt que de s’y résoudre, il préfère se jeter dans la Seine. 

La raison est pour Dieu, p. 214-216
  1. Il est vrai que l’on n’utilise presque jamais ce mot (“grâce”) dans la vie courante (dans son sens religieux ou théologique de cadeau gratuit venant de Dieu, le sens où je l’utilise dans cet article). A part peut-être pour dire qu’une femme est très belle dans le même sens que “charmante” : “C’est une fille pleine de grâce”. On retrouve pourtant encore ce sens, par exemple dans l’expression grâce présidentielle (une grâce non plus par rapport à Dieu mais au président de la République) : “La grâce présidentielle permet au Président de la République de supprimer ou de réduire la peine d’un condamné.” (source).[]
  2. Dans sens, même le christianisme est une religion.[]
  3. La raison est pour Dieu, p. 207[]
  4. C’est-à-dire des personnes qui agissent de manière différente en public que lorsqu’elles sont seules.[]
  5. Victor Hugo, Les Misérables, tome 1, chapitre 13 « Petit-Gervais »[]

Laurent Dv

Informaticien, époux et passionné par la théologie biblique (pour la beauté de l'histoire de la Bible), la philosophie analytique (pour son style rigoureux) et la philosophie thomiste (ou classique, plus généralement) pour ses riches apports en apologétique (théisme, Trinité, Incarnation...) et pour la vie de tous les jours (famille, travail, sexualité, politique...).

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