Quatre arguments contre le scientisme — Edward Feser
19 juillet 2021

Dans cet article je donnerai quatre arguments (présentés par Feser dans son livre Scholastic metaphysics) contre le scientisme : une position philosophique portant sur notre connaissance de la réalité à laquelle adhèrent actuellement beaucoup de philosophes (par exemple Alex Rosenberg, James Ladyman, Don Ross, David Spurrett, John Collier) et de scientifiques (Richard Dawkins, Lawrence Krauss), qu’ils en soient conscients ou non.

Le scientisme est l’affirmation selon laquelle seule la science (au sens où on utilise ce mot dans la vie de tous les jours : les disciplines qui étudient des phénomènes naturels quantifiables comme la physique, la chimie, la biologie etc., et non au sens plus large de connaissance) peut nous donner une connaissance objective de la réalité. Du coup, tout système métaphysique devient inutile s’il ne se réduit pas en réalité à la science (le seul type de connaissance « autorisé »). Voici les quatre arguments que nous détaillerons chacun à leur tour :

1. Le scientisme tombe dans un dilemme : ou bien il se réfute lui-même, ou bien il dit quelque chose de trivial et d’inutile.

2. La méthode scientifique ne peut même pas, en principe, nous donner une description complète de la réalité.

3. Les lois de la nature à l’aide desquelles la science explique les phénomènes ne peuvent pas, en principe, nous donner une explication complète de la réalité.

4. L’argument en faveur du scientisme qui se base sur les progrès apportés par la science et sur son pouvoir prédictif ne tient pas.

1. Le scientisme tombe dans un dilemme

A. Première face du dilemme : le scientisme se réfute lui-même

Par définition, le scientisme réduit tout type de connaissance à la science, y compris ses propres arguments que l’on peut en fait résumer par celui-ci : « Le raisonnement scientifique est la seule méthode fiable pour acquérir des connaissances. »

Or cette affirmation elle-même n’est pas basée sur la science, elle ne satisfait pas le critère de connaissance/de vérité (« être prouvé par la science ») fixé par le scientiste (celui qui adhère au scientisme et non pas un scientifique comme scientist en anglais). Par conséquent, le scientisme se réfute lui-même : son principe de base n’est même pas digne d’être considéré comme une connaissance légitime d’après ses propres critères.

B. Deuxième face du dilemme : le scientisme est trivial

Cependant, le scientiste peut choisir d’être plus modeste et se contenter de dire que pour être un moyen de connaissance légitime, la philosophie doit faire partie de la science. Le scientiste réduit alors arbitrairement tout type de connaissance à la science, et donc y compris tous les arguments qu’on pourrait lui opposer dans la science. Dans ce cas-là, avec une définition aussi large de la science, le scientisme ne peut plus « interdire » la métaphysique pour la raison qu’elle n’est pas scientifique. Au final, il perd son argument décisif contre la métaphysique et devient totalement inoffensif.

2. Les limites descriptives de la science

A. Un résumé de l’argument des scientistes

Les scientistes avancent souvent que comme dans la démarche scientifique, nous ne trouvons aucune qualité (les couleurs par exemple) dans les choses, cela signifie qu’elles n’existent pas. En fait, tout serait purement quantitatif et pourrait être compris entièrement et uniquement à travers des équations mathématiques. En résumé, comme on constate l’absence de qualités dans les choses qu’on étudie lorsqu’on met en œuvre la méthode scientifique, cela impliquerait que ces qualités n’existent pas. Les qualités ne seraient donc que des illusions. En réalité il n’y aurait que des chiffres derrière.

B. Une objection à cet argument

Mais cette implication n’est pas valide. Il suffit de se rendre compte que si la méthode scientifique choisit de faire abstraction des qualités, d’ignorer exprès toutes les qualités et de ne retenir que ce qui est quantifiable dans son analyse, c’est uniquement par un souci de méthodologie, pour suivre une méthode, une « recette » efficace. En effet, par définition, les seules choses que la science est capable de décrire, ce sont les phénomènes quantitatifs/quantifiables. On peut voir la méthode scientifique comme un filtre qui enlève toutes qualités et qui ne laisse passer que les quantités (les grandeurs qu’on peut mesurer avec des nombres). C’est grâce à cette abstraction des qualités que la science arrive à avoir un pouvoir aussi prédictif et précis. Il n’est donc pas du tout étonnant qu’elle ne nous conduise à aucune qualité, puisqu’elle les a, dès le début, toutes volontairement mises de côté précisément pour respecter sa méthodologie !

C. Une illustration pour comprendre

Pour illustrer cet argument, prenons une équipe d’ingénieurs qui essaye de résoudre un problème : calculer le nombre maximal de passagers (tous avec une même taille moyenne, disons 1 m 70) qu’on peut mettre dans un avion. Dans la résolution de ce problème mathématique, les ingénieurs choisissent délibérément de ne prendre en compte que la taille des passagers sans se préoccuper de quoi que ce soit d’autre, comme par exemple leurs goûts culinaires (kebab ? chinois ? spaghetti bolognese ?) et les films qu’ils préfèrent (Matrix ? Star Wars ?). Toute autre information ne sert à rien et n’aidera pas à résoudre ce problème précis. Grâce à des techniques d’optimisation mathématique (la méthode du simplexe par exemple), ils vont très certainement aboutir à un résultat satisfaisant. Et si ce résultat est satisfaisant, c’est seulement parce qu’ils ont choisi de mettre temporairement de côté tous les autres paramètres (goûts culinaires, film préféré, etc.) autres que la taille des passagers (une quantité mesurée en m).

Pourtant, il serait absurde de dire que les goûts culinaires et les préférences de films des passagers n’existent pas dans la réalité juste parce qu’on ne retrouve pas ces éléments dans le modèle mathématique établi par les ingénieurs. Ils n’existent pas dans le modèle mathématique abstrait, mais ils existent dans la réalité concrète. Si de tels éléments sont absents de leur modèle, c’est précisément parce que leur méthode les écarte dès le début.

D. Excursus : L’impact du scientisme sur la philosophie de l’esprit

C’est pour cette raison que beaucoup de philosophes ont choisi de nier l’existence de qualités objectives comme la couleur, le goût, le son et de les réduire à des perceptions purement subjectives. Ils les appellent souvent les qualia de notre expérience consciente en lien avec notre esprit. La notion de qualia est cruciale en philosophie de l’esprit.

Si l’on s’intéresse tout particulièrement aux débats contemporains sur le corps et l’esprit, on voit bien que leurs présupposés nous poussent à dire que l’esprit n’a absolument aucun lien avec le monde matériel. On tombe ainsi dans un dualisme à la Descartes qui pose deux substances (ou principes) complètement séparées et impossibles à concilier : le corps et l’esprit.

D’où les problèmes classiques de la philosophie contemporaine sur lesquels j’aimerais revenir dans de futurs articles : le problème de l’interaction, le problème des autres esprits, le problème des zombies, « l’épiphénoménalisme ». En résumé, le dualisme corps-esprit est une conséquence directe de la conception philosophique du monde populaire aujourd’hui dans notre société qu’est le scientisme et non pas une tentative de s’en protéger, comme beaucoup le croient aujourd’hui.

E. Cet argument pousse le scientisme à s’auto-réfuter

De plus, le scientisme se réfute lui-même si on pousse ce raisonnement plus loin. En effet, les étapes importantes de la méthode expérimentale (l’observation, l’expérimentation) sont définies comme des expériences conscientes. Elles dépendent donc de caractéristiques qualitatives (la conscience par exemple). Pour résumer, quand le scientiste nie l’existence des qualités, il rend impossible par là-même l’application de la démarche scientifique car elle fait intervenir des qualités, dont il vient justement de nier l’existence. On pourrait dire qu’il scie la branche sur laquelle il s’assoit.

F. Une autre erreur de cet argument

L’argument présent est faux pour une deuxième raison. Je répète encore ce que dit l’argument. Comme le scientiste ne trouve que des choses quantifiables dans la méthode scientifique, il en déduit qu’il n’existe que des choses quantifiables. Ce que les gens prennent habituellement pour des qualités (par exemple la couleur, le son, l’esprit) ne seraient en réalité rien d’autre que des quantités.

Mais en réalité, le scientiste confond deux choses : les qualités et les quantités corrélées à ces qualités (les seules choses qu’il détecte avec ses appareils de mesure, un voltmètre, un ampèremètre, etc.) Les propriétés physiques qu’il détecte ne sont pas les qualités, mais juste des quantités corrélées aux qualités. Ces qualités, il ne pourra jamais les détecter avec la méthode scientifique, puisqu’il a choisi dès le départ de les mettre de côté de son modèle. C’est ainsi que la réduction de la couleur et du son à de la quantité est injustifiée.

G. La physique nous apprend qu’il existe autre chose que ce qu’elle décrit

Enfin, la physique, loin de parvenir à décrire toute la réalité, nous amène au contraire, à reconnaître qu’il existe des choses qu’elle ne décrit pas. En particulier, pour reprendre les mots de Russel : « Les seules choses que la physique nous donne, ce sont des équations qui décrivent des changements à l’aide de propriétés abstraites. Mais la physique reste entièrement silencieuse au sujet de “ce qui” change ainsi que sur le point de départ et le point d’arrivée du changement. » (Bertrand Russel, My Philosophical Development)

Pour le dire autrement, Russel explique que la physique décrit la structure abstraite du monde matériel mais ne nous apprend rien sur « ce qui » possède cette structure. Bien évidemment, une structure est toujours la structure de quelque chose, il n’existe jamais de structure in abstracto. Il existe forcément « un quelque chose » qui possède cette structure. Et ce quelque chose, la physique est incapable de nous dire ce que c’est. C’est vers la philosophie, une discipline qui prend en compte les qualités, qu’il faut se tourner.

3. Les limites explicatives de la science

Non seulement la science est limitée dans ce qu’elle peut décrire (par exemple les qualités qu’elle écarte pour obtenir une « recette » efficace) mais elle l’est aussi dans ce qu’elle est capable expliquer.

Le physicien Lawrence Krauss prétend dans son livre A Universe From Nothing expliquer uniquement avec des termes scientifiques pourquoi quelque chose dans l’univers existe plutôt que rien. Plus précisément, comment de l’énergie et les lois de la physique ont pu donner naissance à l’univers tel qu’on le connaît aujourd’hui. Krauss reconnaît l’univers ne vient pas de « rien » mais de l’énergie, de l’espace et des lois de la physique. Mais d’où viennent ces lois de la physique ? D’autres lois, et ainsi de suite. Et il finit par dire qu’on peut remonter ainsi à l’infini, par une régression ou une série infinie de lois.

Mais expliquer l’origine de l’univers avec une série de lois de la nature n’explique pas les choses en profondeur. Il faut déjà savoir ce qu’est une loi de la nature (ou une série de lois de la nature), ce qui fait qu’elle est efficace et d’où elle vient (son origine). La science est incapable de répondre à ces questions, elle ne peut que présupposer les lois.

Les philosophes ne se sont jamais mis d’accord sur ce qu’est une loi de la nature. Cependant, il suffit de remarquer qu’aucune position philosophique sur les lois de la nature n’est compatible avec le scientisme (le fait que les lois naturelles sont l’explication ultime de toute chose). Quelle que soit la définition des lois de la nature qu’on accepte, à chaque fois elles sont incapables de donner une explication ultime de la réalité. Examinons pour cela chaque position l’une après l’autre.

A. La position scolastique est incompatible avec le scientisme

On a d’abord la position scolastique qui voit les lois de la nature gouvernant une chose matérielle comme un résumé de la manière d’agir de cette chose étant donné sa nature ou son essence. Cette définition scolastique repose sur un principe fondamental qui dit que ce fait une chose reflète ce qu’elle est. Par exemple, si j’entends un animal miauler, je saurai alors que c’est un chat alors que si j’entends un animal aboyer, je saurai que c’est un chien.

Ici, les lois de la nature présupposent l’existence et les actions de la chose qui suit ces lois, qui est décrite par elles. Du coup, les lois de la nature ne peuvent pas expliquer les objets matériels qu’elles décrivent. Les lois de la nature ne donnent pas d’explication ultime. Pour revenir au cas de Krauss, étant donné que les lois de la nature supposent l’existence de l’univers, on ne peut pas les utiliser pour expliquer l’origine de l’univers.

B. La position cartésienne et newtonienne est incompatible avec le scientisme

D’après la position cartésienne ou newtonienne (celle de Descartes et de Newton), les lois de la nature décrivent l’action de Dieu qui a mis en marche le monde de telle sorte qu’il se comporte d’une manière régulière. Selon cette approche, c’est Dieu qui est l’explication complète et ultime de toute chose. Il n’y a plus de place pour les objets matériels ni pour les lois de la nature qu’ils suivent dans l’explication.

Le scientisme est bien évidemment incompatible avec cette position, comme il rejette l’existence de Dieu (une connaissance illégitime puisqu’impossible à acquérir à l’aide de la méthode scientifique).

C. La position humienne est incompatible avec le scientisme

Selon la position humienne (de David Hume), les lois de la nature sont la description de successions d’événements réguliers qu’on trouve dans le monde naturel. Contrairement aux deux positions précédentes, les lois de la nature ne reflètent plus la nature des choses ni la volonté de Dieu.

Encore une fois, le scientisme est impossible si l’on accepte cette position. En effet, si l’on accepte la définition de Hume, les lois de la nature ne sont finalement qu’une manière de décrire des successions d’événements réguliers avec de nouveaux mots. Elles n’expliquent pas ces régularités.

D. La position platonicienne est incompatible avec le scientisme

D’après les tenants de cette position proche de celle de Platon, les lois de la nature sont des objets abstraits semblables aux formes de Platon qui existent dans un monde différent du monde physique et auxquelles participent les choses physiques. Ainsi par exemple, tous les arbres de l’univers participent à la forme de l’arbre.

À nouveau, cette position ne donne pas d’explication satisfaisante. On pourrait toujours se demander comment le monde physique participe à ces lois et pourquoi il participe à de telles lois plutôt qu’à d’autres.

Conclusion

On a vu que, quelle que soit la définition existante des lois de la nature qu’on accepte, aucune d’entre elles ne parvient à nous fournir une explication ultime de la réalité (en particulier de l’univers). Par conséquent, la science est limitée dans ce qu’elle peut expliquer et le scientisme qui affirme que la science explique tout est faux.

4. Les argument basés sur les progrès et le pouvoir prédictif de la science ne tiennent pas

A. Le premier argument

1. Présentation de l’argument

Cet argument est présenté par Alex Rosenberg, un philosophe athée et naturaliste dans son livre The Atheist’s Guide to Reality. Par exemple : “La précision phénoménale des prédictions de la physique, le pouvoir inimaginable de ses applications technologiques ainsi que ses explications détaillées et à couper le souffle sont des raisons convaincantes qui devraient nous convaincre que la physique parvient à nous faire connaître tout ce qu’il y a à savoir concernant la réalité.” (The Atheist’s Guide to Reality, p. 25)

En résumé, l’argument prétend que, comme la science nous révèle efficacement des informations concernant un domaine précis (le monde tel qu’on peut le représenter avec des lois mathématiques et physiques), les seules choses réelles qui existent sont celles de ce domaine précis, dans lequel la science est efficace.

Si l’on peut écrit l’argument d’une manière plus formelle :
1. Le pouvoir prédictif et les applications technologiques de la science sont inégalés par toute autre source de connaissance.
2. Par conséquent, il n’y a probablement que ce qui est décrit par la science qui est réel.

2. La première erreur de l’argument : une implication invalide

En y repensant, on voit facilement l’erreur : l’implication ne suit pas. Ce n’est pas parce qu’une méthode est très efficace pour nous révéler des informations à propos d’un domaine (ici les phénomènes naturels et quantifiables de notre univers) que seules les choses de ce domaine existent et qu’il n’y a aucun autre domaine à étudier (Dieu/la théologie, la philosophie etc).

Par exemple, ce n’est pas parce qu’un détecteur de métal détecte parfaitement tous les métaux qu’il n’y a rien d’autres à détecter (le feu pour éviter des incendies, l’alcool pour le taux d’alcoolémie, les virus, les bactéries pour repérer des maladies etc).

A nouveau, si on est plus formel, on voit clairement que la proposition (1) n’implique pas la proposition (2). C’est exactement la même erreur que ce premier argument commet :
1. Les détecteurs de métaux détectent plus efficacement les pièces de monnaies et d’autres objets métalliques que n’importe quelle autre méthode.
2. Par conséquent, il n’y a probablement que ce que les détecteurs de métaux détectent (c’est-à-dire les métaux) qui est réel (qui existe réellement).

3. La deuxième erreur de l’argument : une prémisse cachée qui est fausse

Il est également important de noter qu’une prémisse cachée de cet argument est que, si la métaphysique et la théologie sont des moyens complètement inefficaces pour parvenir à des théories scientifiques solides et pour inventer des technologies très utiles, alors cela veut dire qu’ils ne servent à rien et qu’ils n’ont rien d’autre à nous faire découvrir.

Pour compléter l’analogie entre le détecteur de métaux et la science, accepter cet argument, ce serait comme accepter le raisonnement suivant. On va tester si des pratiques comme la cuisine, le jardinage et la peinture sont capables de détecter des métaux de manière efficace. Si on voit qu’elles n’y arrivent pas, cela voudra dire que ces pratiques ne servent à rien, qu’il faut arrêter de les pratiquer et se mettre à n’utiliser dans sa vie que des détecteurs de métaux. Or on voit qu’elles ne sont pas du tout efficaces pour détecter des métaux. Par conséquent, il faut conclure deux choses. D’abord que les pelles, les casseroles et les pinceaux ne servent à rien, qu’il faut les jeter et les remplacer par des détecteurs de métaux. Ensuite que le seul domaine important est la métallurgie, qu’il faut arrêter de faire du jardinage, de cuisiner et faire de la peinture pour ne faire plus qu’une chose dans la vie : détecter des métaux.

On voit bien que cette manière de penser est absurde : ces outils ont beau être inutiles en métallurgie, ils restent quand même utiles dans d’autres domaines (le jardinage, la cuisine, la peinture) et ces domaines existent bel et bien. Pourtant c’est exactement la même erreur que la prémisse cachée commet. Comme l’écrit Feser : “Ce n’est pas parce qu’une méthode est très utile pour accomplir certaines buts précis qu’il n’existe aucun autre but digne de notre intérêt ni aucune méthode plus appropriée (que la première) pour accomplir ces autres buts.” (Scholastic Metaphysics, p. 23)

Au final, on en déduit que cette dernière est fausse et donc que tout l’argument de Rosenberg est faux aussi.

Il est crucial d’être conscient que si la métaphysique et la théologie sont complètement utiles d’un point de vue scientifique (ce qui est complètement normal), ces disciples restent utiles pour accomplir d’autres buts que de décrire le monde physique avec des chiffres. La métaphysique nous permet de comprendre la réalité d’une manière encore plus profonde (plus juste quantitativement avec des chiffres mais qualitativement avec des concepts qualitatifs), par exemple que c’est un homme, l’âme, le bien et le mal, l’amour, des choses quand mêmes assez utiles et concrètes. La théologie nous permet de connaître Dieu (Étienne a humblement essayé de montrer comment ici), notre Créateur qui est le Bien parfait, le seul capable de nous apporter le véritable bonheur, ce qui est quand même plutôt pratique et concret !

B. Le second argument

Ce deuxième argument nous vient encore de Rosenberg. Il se résume à cela : à moins d’être d’accord avec le fait que la science est la seule méthode fiable pour acquérir des connaissances (en gros à moins d’être scientiste), on ne peut pas croire de manière cohérente que la science est vraiment capable de nous apprendre quoi que ce soit.

En gros, si vous n’êtes pas scientistes, vous “n’avez pas le droit” de faire de la science, d’utiliser toute la technologie de tous les jours que vous apporte la science (internet, votre voiture, votre smartphone etc).

Encore une fois, on a là une implication qui est fausse. Pour comprendre pourquoi, reprenons l’exemple du détecteur de métaux. Dire que cet argument est vrai reviendrait à accepter cette implication : “si vous ne croyez pas que les détecteurs de métaux à eux seuls (sans avoir besoin d’aucun autre détecteur : “détecteur d’eau”, “détecteur de moustiques”, “détecteur de virus”, etc.) sont capables de détecter n’importe quel objet physique (de l’eau, un moustique, un virus etc), alors vous ne pouvez pas à la fois croire que ces détecteurs de métaux sont bien capables de détecter quelque chose (ici les métaux) et être cohérent.

C’est une implication qui bien évidemment est fausse. Et pourtant, dans un sens, c’est exactement le raisonnement qu’utilise le deuxième argument de Rosenberg si on change juste les bons mots. On peut donc conclure que son deuxième argument n’est pas non plus valide.


Illustration : Jan Adriaensz. van Staveren, Le docteur, huile sur toile, v. 1660 (Amsterdam, Rijksmuseum).

Laurent Dv

Informaticien, époux et passionné par la théologie biblique (pour la beauté de l'histoire de la Bible), la philosophie analytique (pour son style rigoureux) et la philosophie thomiste (ou classique, plus généralement) pour ses riches apports en apologétique (théisme, Trinité, Incarnation...) et pour la vie de tous les jours (famille, travail, sexualité, politique...).

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