La question vaccinale et plus encore celle de l’obligation vaccinale, du passe sanitaire et autres contraintes gouvernementales divisent la société. Les chrétiens n’échappent pas à ces questions et la polarisation n’est pas moins forte dans l’Église. Le but de cet article est d’expliquer pourquoi le vaccin peut poser des problèmes de conscience à certains chrétiens et pourquoi aimer son prochain et son frère, c’est aussi ne pas violer sa conscience mais la considérer. Mon objectif est que l’unité de l’Église soit préservée, non pas en taisant ce sujet en public pour murmurer dans les foyers mais en abordant avec réflexion et de front le problème.
Utilisation de fœtus humains avortés pour le développement des vaccins
Je m’étonne que si peu d’articles aient été produits par les chrétiens sur cette question en bientôt deux ans de crise sanitaire. Et, pour les quelques-uns qui ont abordé la question, il semble que l’enjeu n’ait pas été compris ou éludé avec trop de légèreté. Je veillerai donc ici à résumer en quoi consiste l’utilisation de lignées cellulaires humaines selon les différentes étapes de production d’un vaccin et à suggérer trois critères éthiques pouvant guider le discernement sur ces questions.
Une lignée cellulaire1 s’obtient en prélevant une cellule sur un embryon ou un fœtus humain avorté et en multipliant cette cellule dans un milieu de culture. Cette multiplication permet de ne pas avoir à prélever une nouvelle fois. Cette méthode existe depuis les années 60 et ainsi diverses lignées cellulaires, numérotées, existent depuis ce temps.
Un vaccin est produit en trois temps :
- Une phase de conception, comprenant des expériences préparatoires au cours desquelles il peut être fait usage de ces lignées ;
- Une phase de production, aboutissant au vaccin final et au cours de laquelle il peut encore être fait usage de ces lignées ;
- Une phase de test, en laboratoire, au cours de laquelle ces lignées peuvent encore être utilisées.
Il faut savoir que l’utilisation de ces lignées n’est pas une nécessité médicale. On peut très bien produire sur des lignées animales ou des levures, par exemple. Ainsi, si le vaccin rougeole-oreillons-rubéole français utilise des lignées fœtales humaines, le vaccin japonais utilise une lignée de cellules de lapin.
L’utilisation de ces lignées pose deux problèmes éthique majeurs : est-il licite d’utiliser tout ou partie du corps humain pour produire un produit qui sera commercialisé (cette question se pose plus largement pour un grand nombre de médicaments, comme les produits dérivés du sang) ? Est-il licite, si l’on ignore la première question, que ces cellules humaines ne proviennent pas de donneurs volontaires mais d’embryons avortés2 ? Le but de cet article n’est pas de répondre à ces questions, mais d’expliquer, en vue de l’unité de l’Église et du respect des consciences de nos frères, pourquoi accepter un vaccin produit de cette façon ne va pas de soi et il me semble que la complexité des questions manifeste assez clairement pourquoi un chrétien peut être amené à conclure qu’un tel procédé n’est pas éthique3.
À la lumière de ces considérations, l’Institut européen de bioéthique suggère trois critères pour guider la démarche éthique et je me contente de les reproduire en les commentant :
– L’existence ou non d’alternatives aux vaccins élaborés sur base de ces lignées cellulaires issues de fœtus avortés : si des vaccins élaborés de façon éthique existent et sont accessibles, il faut leur donner priorité. À ce jour, 19 laboratoires produisent des vaccins anti-covid sans lignées de cellules fœtales humains. Ce n’est pas le cas des plus célèbres qui en utilisent soit pour la phase de test (Pfizer, Moderna, Sanofi), soit pour la phase de conception (Sanofi), soit pour les trois phases (AstraZeneca, Janssen)4.
– Le degré d’éloignement, dans le temps mais surtout dans la responsabilité, entre l’avortement en question et le patient qui se fait vacciner. Par exemple, la responsabilité du patient qui se fait vacciner est faible par rapport à celle du chercheur qui utilise ces lignées cellulaires et encourage ainsi la production de lignées similaires. La responsabilité du patient n’est pas nulle, mais elle est moindre.
– Les phases du processus d’élaboration du vaccin auxquelles ont été utilisées des lignées de cellules fœtales : si le vaccin que reçoit le patient a été produit sur base de ces lignées cellulaires fœtales (phase 2), son utilisation alimente la reproduction de cellules fœtales. La coopération est cependant plus éloignée lorsque la société pharmaceutique n’a fait que tester certaines copies de ce vaccin sur des cellules fœtales (phase 3). En d’autres termes, les vaccins qui utilisent pour la production des cellules fœtales impliquent de produire de telles cellules et encouragent la multiplication des lignées cellulaires à partir d’embryons avortés. Les vaccins qui utilisent pour la phase de test uniquement les cellules d’embryons n’impliquent pas une telle production, bien que la démarche demeure problématique.
Pour des informations détaillées et mises à jour sur ce sujet précis voir cet article de l’Institut européen de bioéthique et, pour les anglophones, cet article du Charlotte Lozier Institute.
ARN messager et loi naturelle
Les vaccins traditionnels, desquels on vous parle depuis votre enfance, ont un mécanisme compliqué mais facile à vulgariser : il s’agit de présenter à votre système immunitaire des « morceaux » de virus ou des virus dont la dangerosité a été diminuée ou détruite de manière à produire une réaction immunitaire dans votre corps avant que celui-ci ne rencontre pour la première fois le virus en question. Ainsi, lorsqu’il le rencontrera et s’il le rencontre, il sera reconnu rapidement par votre système et combattu plus efficacement.
Un « vaccin » à ARN messager fonctionne très différemment. Il s’agit d’introduire dans nos cellules du matériel génétique qui lui est étranger mais qui lui est présenté comme sien pour qu’elle l’accepte. Le but est que cet ARN modifié soit ensuite lu par les ribosomes de nos cellules, des organites chargés de l’assemblage et de la production de protéines. L’idée est d’utiliser cette usine de nos cellules et de la faire travailler non pas à ce qu’elle fait naturellement mais à ce que nous voudrions qu’elle fasse : produire des parties de virus pour stimuler les défenses immunitaires contre la maladie en question. Selon l’expression de Tal Zaks, le directeur en chef de l’office médical de l’entreprise Moderna, il s’agit d’un « piratage du logiciel de la vie », une sorte de virus artificiel dont l’ARN a été retravaillé pour avoir des caractéristiques qui nous arrangent.
Le problème éthique posé par cette catégorie précise de « vaccins » est celui du transhumanisme : le rôle de la médecine est-il de rétablir un corps humain endommagé par une lésion, un trauma, une infection ou de modifier un être humain en parfaite santé (et donc tel que Dieu l’a voulu) afin de lui permettre d’acquérir de nouvelles fonctions ? Le transhumanisme se propose de faire acquérir de nouvelles fonctions à notre corps entier mais aussi à nos cellules prises individuellement5. Ici, il s’agit de faire produire des parties de virus pour activer les défenses immunitaires dirigées spécifiquement contre ce virus à des cellules qui ne sont pas naturellement conçues pour défendre ainsi le corps et de le faire par une ARN qui est structurellement différente de celle que l’on rencontrerait naturellement chez un virus.
Parmi les vaccins les plus célèbres contre le Covid qui utilisent cette technologie, on retrouve le vaccin Moderna (Le nom de l’entreprise signifiant en fait Modification of RNA, c’est-à-dire modification de l’ARN) et le vaccin Pfizer.
Pour plus d’informations sur ce sujet précis, voir cet article de Olivier Nguyen et Roselyne Legall6.
Il faut relever que l’utilisation d’embryons tout comme la modification des ARN messagers posent aussi des questions d’ordre sanitaire quant à leur sûreté et effets à long terme qui dépassent de loin ma compétence, celle des mes lecteurs, des hommes politiques et des journalistes ainsi que l’étendue de cet article.
Liberté individuelle et santé publique
La santé publique implique une réflexion sur la santé qui dépasse l’individu et la prise en compte de groupes à risques, des données épidémiologiques, des techniques de communications pour faire adhérer à une politique de santé. Dans cette démarche, dont des opérations comme le don du sang ou les clips télévisés contre le tabac relèvent, il est nécessaire de poser des actions qui n’auront pas d’intérêt particulier pour un individu parce qu’elles offrent un avantage considérable à la collectivité. Ainsi, donner son sang ne profite pas à celui qui le donne et pourrait même s’avérer dangereux, c’est pour cette raison, entre autres, que des dispositions strictes sont prises pour vérifier que nous sommes en mesure de donner notre sang.
Si toutefois, pour une raison qui lui est propre, un individu ne désirait pas donner son sang, serait-ce licite de lui prélever contre sa volonté au motif que c’est pour le bien commun de la nation ? Si cette personne avait des raisons de craindre que ça lui soit délétère ou des motifs de conscience de refuser, serait-ce honnête de lui imposer des contraintes, d’agiter des mesures incitatives, de stigmatiser et de considérer comme égoïste une personne qui ne veut que vivre avec une conscience pure et libre ? Et, dans notre situation, de faire cela à une personne qui, quoi qu’il en soit, n’est pas convaincue que ça rende service à quiconque de se faire vacciner ?
Oui, la santé publique implique d’aller au-delà de l’individu. Elle n’implique pas pour autant de piétiner sa conscience ou de nier qu’il s’agisse d’un agent moral avec une responsabilité et un jugement propres : c’est donc à lui que revient une décision morale le concernant aussi intimement que son corps le concerne. Mais quand l’Église accepte de participer à ce système de contraintes et d’incitations, en soumettant par exemple l’accès à certaines de ses activités à la condition du vaccin, n’encourage-t-elle pas, en fait, certains de ses membres à violer leurs consciences7? Avons-nous véritablement réfléchi à un moyen de ne pas mettre ainsi dans l’embarras nos frères et sœurs non vaccinés ?
Pragmatisme et principes
Il me semble que cette crise manifeste certains mécanismes éthiques plus fondamentaux. Certains chrétiens réagissent effectivement de manière pragmatique : certes, je ne suis pas convaincu que cette vaccination soit vraiment utile, mais c’est tout de même bien compliqué de vivre sans passe. D’autres auront un raisonnement plus « principiel », ils voudront être convaincu du bien-fondé de la vaccination, de sa sûreté et de sa licéité éthique avant de faire le pas (ou pas !). Là où cela devient problématique, c’est lorsqu’un chrétien habitué à faire au plus pratique vient condamner son frère, le jugeant étroit, compliqué parce qu’il désire prendre une décision qui soit faite en bonne conscience. La maturité chrétienne exige qu’on aille au delà du « c’est trop compliqué » et qu’on accepte que, parfois, le plus pratique n’est pas ce qui est juste. Puisqu’il en est ainsi, on ne peut pas exiger d’un autre chrétien qu’il fasse, toujours, ce qui est arrangeant et l’on doit veiller plus encore sur la préservation d’une bonne conscience que sur la facilité. Oui, prendre une décision morale dans un monde complexe et déchu n’est pas quelque chose qui se fait à la hâte et qui est simple.
Conclusion
Le chrétien doit aussi aller au-delà des slogans comme « se faire vacciner, c’est aimer son prochain ». Ils font l’économie de la réflexion et supposent en fait ce qu’il convient de démontrer. Un tel slogan suppose que le vaccin ne pose aucun dilemme éthique qui contrevienne à l’amour et que le vaccin que je vais prendre est bon pour mon prochain. Or, puisque le vaccin n’empêche pas totalement la transmission et que ça n’est pas le fait qu’on ne soit pas vacciné qui mettra en danger notre prochain qui, lui, est vacciné ; puisqu’il existe d’autres moyens de veiller à ne pas transmettre le virus à son prochain et puisque des problèmes éthiques majeurs se posent, rien ne va de soi dans ce slogan. Plus grave encore, un tel slogan fait du vaccin une question d’obéissance au plus grand commandement et non une question de discernement et de prudence. Parler ainsi, c’est supposer que la loi de Dieu exige que l’on se fasse vacciner. Puisqu’à mon avis, ça n’est pas le cas, loin de là, un tel slogan vient ajouter à la loi de Dieu et soumettre les consciences à un joug qu’elles n’ont pas à porter. La loi de Dieu exige bien que l’on prenne soin de son prochain, pas nécessairement qu’on le fasse de cette manière et à ce prix. La Réforme protestante a débuté sur des questions de soumission, de liberté de conscience et d’ajouts à la loi de Dieu. Sera-t-on étonné d’apprendre que le pape lui-même a prétendu que l’amour du prochain exigeait qu’on se fît vacciner ? Il me semble qu’un chrétien, et un protestant en particulier, doit être particulièrement vigilant lorsque quelqu’un prétend, au nom de Dieu, faire plier la conscience d’autres chrétiens au motif que cela serait pieux ou aimant.
Ne pensons pas non plus que ce sont des motivations altruistes qui poussent les gens à la vaccination. On constate que les pics de primo-vaccination correspondent aux annonces de restrictions et non aux pics épidémiques. Autrement dit, les gens décident majoritairement de se faire vacciner non pas parce qu’ils voient que l’hôpital est débordé et qu’ils aimeraient « faire leur part » mais tout simplement parce qu’ils veulent préserver leurs libertés. Garder cela en tête évite d’afficher sa vertu, en pensant que se déclarer vacciné nous place dans le camp des bons qui pensent aux autres opposé au camp des égoïstes qui défendent leur petite liberté. Les deux pensent à leur liberté, et c’est bien naturel. Certains ont tout simplement la conscience troublée face à ces problématiques et préfèrent la liberté d’une conscience pure à la liberté de vaquer sans restriction à leurs occupations. Ceux qui ne connaissent pas de tels troubles ne font tout simplement pas face au même dilemme. Et même lorsque des motivations nobles existent, une motivation noble ne justifie pas une action qui, en elle-même, est immorale. Ainsi, pour ceux qui pensent que cette action n’est pas licite, la bonne intention qu’ils pourraient invoquer ne suffit pas à apaiser la conscience. Si donc vous vous êtes fait vacciner, avec de nobles intentions et en toute bonne conscience, cela n’implique pas qu’un frère ayant les mêmes intentions pourra nécessairement le faire en bonne conscience. Chacun a aussi pu constater combien certains non vaccinés sont rigoureux dans leur prudence pour ne pas attraper et transmettre la maladie et combien d’autres, une fois leur vaccin reçu, pensent être inoffensifs et relâchent alors leur vigilance, ne sautons donc pas trop vite à la conclusion.
Comme le disait il y a quelques mois Étienne Omnès sur ce site, « il est permis et même désirable que les chrétiens se fassent une conviction sur les sujets sanitaires et de politique sanitaire, et même qu’ils s’organisent pour joindre d’autres citoyens sur ces questions. Nous ne devons pas nous interdire de réfléchir et parler comme un chrétien, mais nous devons simplement nous garder de lier l’autorité du nom de Dieu à une position faillible dans une querelle confuse. »
Ayons de l’égard pour nos frères, assez pour ne pas considérer leur conscience comme peu de chose : elle est plus précieuse encore que la santé du corps.
P.S. : Mon article n’est pas un argumentaire contre la licéité du vaccin. Il n’a pas pour but de convaincre les chrétiens que le vaccin n’est pas éthique. Ainsi, il est inutile d’y répondre en défendant la licéité du vaccin : j’admets tout à fait que quelqu’un puisse considérer les problèmes relevés et conclure qu’ils n’impliquent pas que prendre ce vaccin serait immoral. Dans cet article, je vise simplement 1) à expliquer quels sont les problématiques éthiques que ce vaccin pose, 2) pourquoi certains chrétiens ne peuvent pas prendre ce vaccin en bonne conscience en raison de ces problématiques et surtout 3) pourquoi nous ne devrions pas, en tant que chrétiens, participer à un système de contraintes/incitations tendant à faire plier les consciences de ces gens. Du reste, se vacciner ou non n’est pas le propos de cet article. Ce n’est pas que je n’ai pas d’avis sur ce qu’il serait préférable de faire, ce n’est simplement pas le sujet.
Illustration en couverture : Francisco de Goya, Hôpital de la peste, 1808-1810.
- Une lignée de cellules ou lignée cellulaire est une population homogène de cellules, stables après des mitoses (ou divisions cellulaires) successives, et ayant en théorie une capacité illimitée de division.[↩]
- L’éthicienne Helen Watt, de l’Institut de Bioéthique Anscombe d’Oxford propose cette analogie : « Il peut être utile d’imaginer ce que nous ressentirions nous-mêmes à l’idée d’utiliser un vaccin cultivé (si cela était physiquement possible) sur une lignée cellulaire produite à partir d’un rein adulte prélevé, disons, sur un dissident tué par un régime injuste. Ce tissu a été, imaginons, vendu ou donné par le régime à une banque de tissus à laquelle les chercheurs ont ensuite eu accès.
Si ces assassinats politiques avaient cessé avec la chute du régime et que le vaccin disponible aujourd’hui datait de plusieurs années, nous serions peut-être heureux (ou du moins, disposés) à accepter ce vaccin pour nos enfants ou pour nous-mêmes. Cela n’envoie pas de mauvais messages, pourrions-nous dire : l’infraction appartient au passé et tout le monde s’accorde à dire qu’elle était inadmissible et ne se répétera pas. Et après tout, nous n’avons rien à voir avec l’exécution, ni avec le prélèvement des tissus, la création de la lignée cellulaire ou la création du vaccin.
Cependant, serions-nous aussi heureux ou disposés à accepter le vaccin si le régime était toujours en vigueur, exécutait encore des dissidents et mettait leurs tissus à disposition pour la création de lignées cellulaires utiles ? Et si le vaccin que nous voulons, et peut-être même la récolte de tissus, datait d’un passé très récent ? »[↩]
- Ici, certains se demanderont si une telle réflexion ne conduirait pas à refuser de consommer une foule d’autres choses que ces vaccins. Bien que cela soit possible selon le produit considéré, mentionnons quelques particularités de ces vaccins :
1) C’est une chose d’acheter un produit à une entreprise qui, par exemple, promeut des choses contraires à la foi chrétienne et contribuer ainsi à l’enrichir. C’en est une autre de consommer un produit qui pose directement souci en lui-même. Dans le premier cas, c’est « simplement » l’usage qui est fait de l’argent gagné qui est mauvais, dans le second c’est le produit vendu qui l’est en lui-même. Le vaccin peut être problématique en lui-même en raison de sa façon d’agir (cf. le point sur l’ARNm) ou en raison de la façon dont il est produit (cf. le point sur les cellules fœtales).
2) C’est une chose de profiter des conséquences bonnes d’un mal, une autre de provoquer ce mal pour que des conséquences bonnes en sortent. Ici, on produit ou multiplie volontairement des lignées cellulaires pour cet objet.
3) C’est une chose d’agir en l’absence d’alternative, une autre d’agir sans autre alternative. Ici, d’autres manières de produire existent.
4) Le souci relevé au sujet de la technologie ARNm est plus intime que le souci que poserait un téléphone. Il est question du corps lui-même.
5) C’est une chose de poser une action qui n’aura aucune conséquence sur le mal considéré, une autre d’en poser une qui pourra encourager ce mal. Ici, il faut noter les recherches sur les embryons permettant de développer de nouvelles lignées de ce type ont été interdite par l’administration Trump en juin 2019. Plusieurs sénateurs démocrates ont tenté d’utiliser la crise comme prétexte pour annuler cette décision, prétendant qu’elle empêchait la science d’offrir des solutions à la crise. Il existe donc une connexion directe entre cette crise et le lobbying politique contre la vie.
6) L’ampleur du mal est aussi à considérer. L’avortement, c’est quelque chose qui, chaque année, tue plus que le COVID en 10 ans si on continuait ainsi. La production de ces lignées fœtales elles-mêmes ne nécessite pas qu’un seul avortement mais des dizaines pour les expériences préparatoires.
Ainsi, en raison de la nature de la participation au mal en question, du rapport au moindre mal, de l’existence d’alternatives, de l’intimité de la question, des conséquences et de l’ampleur du mal, la question éthique des vaccins me semble particulièrement sérieuse.
Une autre chose qui ajoute au sérieux, c’est la volonté de contraindre. Après tout, personne n’oblige ou pose, légalement, des restrictions pour obliger à consommer tel aliment ou tel produit électronique.[↩] - Un débat a fait surface en ligne autour de la lignée cellulaire HEK-293, dont l’origine pourrait être soit un fœtus avorté, soit issu d’une fausse-couche. Elle est couramment présentée comme issue d’un foetus avorté par la majorité des sources comme National Geographic, Science, France24 ou l’Institut Européen de Bioéthique et faisait l’objet depuis plusieurs années déjà de débats éthiques. Si l’on admettait toutefois qu’il s’agit d’une fausse-couche, cela n’ôterait pas totalement le dilemme éthique car la lignée PER.C6 utilisée notamment par Janssen est bien une lignée issue d’un avortement. De plus, si la souche s’appelle HEK-293, c’est qu’il y eut 292 expériences auparavant, toutes n’impliquant pas nécessairement un nouvel avortement mais il est vraisemblable que plusieurs fœtus soient concernés. Ainsi, pour le vaccin ROR français que je mentionnais, la souche WI RA 27/3 signifie qu’il s’agit du 27e fœtus avorté et du 3e tissu testé. Il est donc courant au cours de ces recherches que plusieurs avortements aient lieu. Pour revenir à la souche HEK-293, le débat provient du fait que celui qui a créé cette lignée dit aujourd’hui ne plus se souvenir de la provenance de ces cellules. Mais les documents du mercredi 16 mai 2001 de la Food and Drug Administration américaine font bien état d’un fœtus avorté, selon les dires, non pas de la même personne qui a opéré la manipulation pour créer cette lignée mais de celle qui, en amont, a prélevé les cellules sur les fœtus. La principale différence entre les deux lignées (HEK-293 et PER.C6), en dehors de la date de développement, est que la seconde est issue d’un fœtus de 18 semaines pour lequel nous savons que l’avortement était volontaire et sans raison médicale alors que pour HEK-293 nous ignorons la raison de l’avortement.[↩]
- Notons qu’ici la modification n’est que temporaire, puisqu’on ne sait pas encore si l’ARNm ainsi injecté peut véritablement s’intégrer au génome humain, même si certains résultats commencent à mentionner cette possibilité. Une seconde étude est venue appuyer la première. Une autre étude propose une explication alternative aux résultats de la première. Et d’autres encore nous disent que c’est soit exceptionnel, soit improbable. Le terme transhumanisme est donc utilisé de manière large ici, puisqu’il ne s’agit pas premièrement de modifier le génome humain directement, comme on le ferait pour un légume OGM, mais d’un pas dans cette direction, d’une suspension limitée et momentanée de la finalité naturelle de la cellule.[↩]
- L’article relève 5 problématiques posés par ces vaccins : 1) L’introduction d’un matériel étranger comme s’il ne l’était pas, 2) La modification de l’ARNm, 3) La modification du code génétique par ajout de nouvelles combinaisons codant pour les mêmes protéines, 4) L’occurence d’un ARNm non dépendant de l’ADN ou de l’ARN, porteur primitif de l’information, 5) Un leurre du système immunitaire considéré plus généralement.[↩]
- Ici, certains pourraient répliquer qu’il s’agit simplement de se soumettre au passe sanitaire et non au vaccin. Mais considérant le prix d’un test et la courte durée de sa validité, c’est en fait contraindre les plus pauvres parmi nous. Ne serait-ce pas beau que l’Église propose ici une solidarité financière à ces chrétiens qui ont un problème de conscience à se faire vacciner et désirent néanmoins se faire tester pour participer aux activités de l’Église ?[↩]
Merci pour cet article.
Très bonne application pastorale, centrée sur l’unité de l’Eglise et très équilibrée à mes yeux.
Merci !
Maxime, serait-il possible d’avoir tes sources par rapport à l’utilisation des lignées cellulaires de fœtus avortés dans l’élaboration (différentes phases) des vaccins ? D’avance merci,
Bonjour, j’ai donné dans l’article le lien vers l’Institut Européen de Bioéthique qui précise tout cela, j’ai ajouté le lien du Charlotte Lozier Institute pour les anglophones.
Un débat a fait surface en ligne autour de la lignée cellulaire HEK-293, dont l’origine pourrait être soit un fœtus avorté, soit issu d’une fausse-couche. Elle est couramment présentée comme issue d’un foetus avorté par la majorité des sources comme National Geographic, Science, France24 ou l’Institut Européen de Bioéthique et faisait l’objet depuis plusieurs années déjà de débats éthiques. Si l’on admettait toutefois qu’il s’agit d’une fausse-couche, cela n’ôterait pas totalement le dilemme éthique car la lignée PER.C6 utilisée notamment par Janssen est bien une lignée issue d’un avortement. De plus, si la souche s’appelle HEK-293, c’est qu’il y eut 292 expériences auparavant, toutes n’impliquant pas nécessairement un nouvel avortement mais il est vraisemblable que plusieurs fœtus soient concernés. Ainsi, pour le vaccin ROR français que je mentionnais, la souche WI RA 27/3 signifie qu’il s’agit du 27e fœtus avorté et du 3e tissu testé. Il est donc courant au cours de ces recherches que plusieurs avortements aient lieu. Pour revenir à la souche HEK-293, le débat provient du fait que celui qui a créé cette lignée dit aujourd’hui ne plus se souvenir de la provenance de ces cellules. Mais les documents du mercredi 16 mai 2001 de la Food and Drug Administration américaine font bien état d’un fœtus avorté, selon les dires, non pas de la même personne qui a opéré la manipulation pour créer cette lignée mais de celle qui, en amont, a prélevé les cellules sur les fœtus. La principale différence entre les deux lignées (HEK-293 et PER.C6), en dehors de la date de développement, est que la seconde est issue d’un fœtus de 18 semaines pour lequel nous savons que l’avortement était volontaire et sans raison médicale alors que pour HEK-293 nous ignorons la raison de l’avortement.
Les liens à ce sujet sont en notes de bas de page de l’article.
Merci énormément pour cet article. On se sent moins seul.
Courage à vous 🙂
Bonjour
C’est une très bonne analyse, I vous auriez pu aussi citer l’attitude des chrétiens pendant la dernière guerre qui ont caché et protégé des juifs, désobéissant ainsi au pouvoir officiel tout en étant juste devant Dieu.
J’ai déposé sur mon site le récit de plusieurs révélations sur la pandémie que j’ai intitulé « Du Covid-19 au Covid-21 ».
Je ne pense pas que cette comparaison soit valable. Par ailleurs, nous nous fondons sur la parole de Dieu et la droite raison et non sur les visions rapportées par les uns et les autres.
Et si la maman de Beethoven l’avait avorté? Idem Chopin, Vivaldi? Et si Elsabeth, puis Marie avait avorté. »’leur foetus »? Ainsi le déboisement des forêts et des incendies criminels(35.000 km2)(par an!) Ne sont ils que l’image des déboisements humains(avortements). Je suis indigné de l’horreur auquel se prêtent les frères humains.
La valeur de la vie ne dépend toutefois pas de ce que ces personnes ont pu apporter à l’humanité. Qu’un fœtus devienne un prodige ou un mendiant, sa vie demeure digne d’être protégée.
Merci pour cet article que je viens de lire avec beaucoup d’intérêt. J’apprécierais avoir ton avis sur une réflexion qui me vient en le lisant: Il me semble qu’on pourrait développer un peu l’argument de l’amour du prochain. Car l’amour du prochain n’implique pas seulement les prochains qui nous entourent immédiatement, mais aussi les prochains « à venir » comme nos enfants à naître par exemple auxquels nous ne voudrions pas laisser des séquelles d’un vaccin développé dans l’urgence et sans le recul nécessaire. Qu’en penses-tu?
Bonjour,
J’ai volontairement évité de prendre cet angle néanmoins intéressant parce qu’il a l’inconvénient de nous embarquer dans un débat d’experts. Mais, effectivement, c’est une motivation derrière le refus du vaccin chez plusieurs : la crainte des effets secondaires pour soi et pour d’autres qui, s’ils étaient importants et/ou nombreux, pourraient faire pencher défavorablement la fameuse balance bénéfice/risque. Cela est vrai de tout nouveau traitement d’une façon générale et l’évaluation d’un médicament sur ce plan dépasse la compétence d’un éthicien et certainement la mienne. Je ne rentre donc pas dans ces considérations dans le cadre d’un article comme celui-ci, parce qu’elles sont spéculatives et au-delà de ma portée.
Si vous êtes l’Olivier Favre derrière « le bon fondement », j’en profite pour vous féliciter pour cet ouvrage 🙂
Bonjour Maxime, Merci pour ta réponse que je comprends tout à fait. C’est un débat compliqué et j’ai vraiment apprécié tant le ton que le contenu de ton article. Je pense qu’on a vraiment besoin d’une telle analyse aujourd’hui pour maintenir la paix au sein de l’église de Dieu.
Oui je suis bien l’auteur du livre « Le bon fondement » et je suis reconnaissant au Seigneur de la manière dont il s’est servi de cet ouvrage.
Merci pour cette article très intéressant. Je crois que notre unité nous vient de notre relation avec Jésus-Christ et non sur notre opinion face à se faire vacciner ou non. Et dans les deux cas, nous pouvons faire preuve d’amour pour notre prochain. Les personnes vaccinées, ne devraient pas juger les personnes qui ne sont pas vaccinés. D’un autre côté, les personnes qui ne sont pas vaccinées devraient comprendre, que certaines personnes vaccinées peuvent avoir peur d’être contaminés par ceux-ci. Dans les deux cas nous devons faire preuve d’amour les uns envers les autres.
Un dernier point, je ne comprends pas le lien avec le transhumanisme, car le virus du Covid pirate nos cellules lorsque nous sommes infectés, donc prétendre que c’est dangereux qu’un vaccin pirate nos cellules, c’est la même chose. Si le vaccin peut modifier notre génome, le virus pourrait le faire aussi, non.
Bonjour,
L’article d’Olivier Nguyen en lien explique bien en quoi la modification est différente dans le cas du vaccin ARNm.
Bonjour Maxime. Merci pour cet article par lequel j’ai appris beaucoup… pourriez-vous me recommander un article sur le fonctionnement du vaccin ARN ? Ou en avez-vous écrit un ? ;0)
Bonjour, l’article de Olivier Nguyen mentionné en parle.
Bonjour Maxime, j’ai bien lu l’article d’O. Nguyen. Si vous en avez d’autres, cela m’intéresse. Merci beaucoup
Bonjour,
La conférence de l’employé de Moderna que je mets en lien dans l’article peut aussi servir de vulgarisation pour mieux comprendre cette technologie.
Maxime,
Merci d’avoir écrit cet article fort utile. Je prie que Dieu l’utilise pour nous rendre humbles et sages pour les fois où nous serons amenés à discuter entre frères et sœurs de ce sujet. Ce, pour la conservation de l’unité.
Merci pour ton retour. A bientôt 🙂 !