Mes lectures m’ont fait découvrir un texte antique qui offre une comparaison intéressante avec la doctrine de la satisfaction pénale. Il s’agit de l’histoire de Zaleucus (ou Zaleucos), un roi antique que l’historien Valère Maxime rapporte comme exemple de vertu :
Rien ne fait voir plus d’énergie que ces autres exemples de justice que je vais raconter. Zaleucos avait donné à la ville de Locres les lois les plus salutaires et les plus utiles. Son fils, condamné pour adultère, devait, en vertu des lois dont il était lui-même l’auteur, être privé des deux yeux. Comme le peuple entier, en considération de son père, voulait exempter le jeune homme des rigueurs de la loi, Zaleucus résista quelque temps. À la fin, cédant aux prières du peuple, il se creva d’abord un oeil à lui-même, en creva ensuite un à son fils et laissa ainsi à l’un et à l’autre l’usage de la vue. De cette manière il satisfit à la loi sur la mesure du châtiment qu’elle imposait, en donnant, par une combinaison d’une admirable équité, une part de lui-même à la pitié paternelle, l’autre à la justice du législateur.
Valère-Maxime, Histoire, Livre VI, ch. V, 3.
Ce juste juge et père aimant fut loué par les païens de l’Antiquité pour avoir trouvé le moyen d’appliquer la juste sentence de ses lois tout en faisant preuve de bonté paternelle pour son fils. Et voici, notre Seigneur Jésus-Christ n’a pas seulement pris sur lui la moitié de la sentence qui nous incombait, mais la totalité. Et ce n’est pas à ses chers enfants qu’il venait en aide, mais à ses incorrigibles ennemis1.
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Illustration de couverture : Jan de Bray, le verdict de Zaleucus, 1676.
- John Flavel, The Fountain of Life, in Works of John Flavel, vol. 1, Édimbourg : Banner of Truth, 2015, pp. 185-186.[↩]
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