De la classification des attributs de Dieu — Turretin (3.6)
27 juin 2022

Est-ce que la distinction entre attributs communicables et incommunicables est une bonne distinction ? Nous l’affirmons.

C’est une distinction très classique en doctrine de Dieu, mais elle requiert quelques nuances et explications, que Turretin fait dans la question 6 du troisième locus. Je résume ce qui suit en une carte mentale, dont les explications suivent ensuite:

Un attribut communicable, c’est un attribut commun entre Dieu et les créatures. Par exemple, la sagesse est communicable à Salomon comme à Dieu.

Un attribut incommunicable, c’est un attribut qui n’existe qu’en Dieu et n’est pas attribuable aux créatures.

Il y a deux sortes d’attributs incommunicables:

  • Ceux qui le sont au sens strict : ce sont les attributs qui surgissent quand on décrit Dieu par la voie négative, c’est-à-dire en enlevant en Dieu les limites des créatures : infini, omniscient, éternel.
  • Ceux qui le sont dans un sens large : ce sont les attributs qui surgissent quand on décrit Dieu par la voie d’éminence et causalité. Lorsque nous disons qu’il est tout-puissant, on pourrait faire remarquer que les créatures aussi ont de la puissance. Mais la toute-puissance est attribuable uniquement à Dieu.

Pour les attributs communicables, on a trois choix possibles :

  • Les termes sont univoques, ils n’ont qu’une seule signification. La sagesse de Dieu est la même que celle de Salomon.
  • Les termes sont équivoques, ils ont des sens différents. Dans ce cas, quel est le lien entre la sagesse de Dieu et la nôtre ?
  • Enfin, la solution de Thomas d’Aquin : l’analogie. C’est cette option que Turretin choisit, dans les deux options de similitude et d’attribution, conformément à la thèse IV des vingt-quatre thèses thomistes. La similitude, c’est dire que la sagesse de Dieu ressemble à celle de Salomon, en beaucoup plus grand bien sûr. L’attribution, c’est dire que la sagesse de Dieu remplit un rôle semblable chez Salomon.

Mais même avec cette analogie, il faut voir que lorsque nous disons que Dieu est « bon » cela se dit de façon essentielle : il est la bonté. Tandis que lorsque nous, nous sommes bons, cela veut dire que notre bonté est dérivée de la bonté de Dieu.

Dernière précaution : Il n’y a pas de hiérarchie entre attributs communicables et incommunicables, comme si l’infinité était un plus grand attribut que sa sagesse. Tous sont également son essence, mais nous en discuterons à la question suivante.

Étienne Omnès

Mari, père, appartient à Christ. Les marques de mon salut sont ma confession de foi et les sacrements que je reçois.

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