Y a-t-il eu des hommes avant Adam ? — Turretin (5.8)
21 mars 2024

Adam fut-il le premier des mortels, ou y a-t-il eu des hommes avant lui ? Et l’époque de la création et des œuvres humaines précède-t-elle de beaucoup Adam ? Nous affirmons le premier et nions le second, contre les préadamites.

Bien que la fiction préadamique soit si absurde en elle-même et éloignée de toute raison (sans compter la révélation écrite elle-même) et mérite le mépris et l’indignation des croyants plutôt qu’une réfutation soignée, néanmoins à notre époque si fertile en hérésies si dangereuses, il s’en est trouvé un pour ne pas avoir honte de promouvoir cette fiction.

À l’époque de Turretin, ce n’est pas Charles Darwin, mais Isaac de la Peyrère (un protestant français). Néanmoins, même si les arguments de Turretin ne sont pas orientés contre l’évolutionnisme, les arguments qu’il va développer contre Isaac de la Peyrère auront accidentellement beaucoup de pertinence pour nous aujourd’hui.

La thèse préadamite est que, la création d’Adam en Genèse 2 est celui d’un individu différent de « l’homme » en Genèse 1, et donc qu’il y a eu des milliers de générations humaine avant Adam. Contre cela, non seulement le christianisme, mais aussi le judaïsme et l’islam affirment qu’Adam est le premier homme.

Argumentation (§§ 3-10)

L’Écriture déclare que Adam est le premier des mortels :

  • 1 Corinthiens 15,45 : Le premier homme, Adam, devint une âme vivante. suivi de :
  • 1 Corinthiens 15,47 : Le premier homme, tiré de la terre, est terrestre ; Adam et l’homme de Genèse 1 sont donc identiques.
  • Sagesse 7,1 : Moi aussi, je suis un mortel, pareil à tous, descendant du premier homme façonné à partir de la terre. Ici le mot clé est pareil à tous : il n’y a qu’une humanité dont Adam est le premier représentant. Notez également qu’il s’agit d’un verset apocryphe de l’Ancien Testament, dont Turretin ne reconnaît pas la canonicité, mais qui est quand même cité comme faisant autorité au milieu d’autres versets canoniques. C’est donc que la simple citation ne suffit pas à inférer la canonicité.
  • Genèse 3,20 : Adam donna à sa femme le nom d’Ève: car elle a été la mère de tous les vivants.
  • Les généalogies ascendantes de Genèse 5 et Luc 3,23-38 finissent par Adam.
  • Actes 17,26 : Il a fait que tous les hommes, sortis d’un seul sang, habitent sur toute la surface de la terre, ayant déterminé la durée des temps et les bornes de leur demeure.

Deuxième argument : Adam et Ève nommés en Genèse 2 sont bien l’homme et la femme créés en Genèse 1.

  • Genèse 2,1-3 récapitule la création déjà racontée en Genèse 1 : c’est donc que les objets dans ce récit sont les mêmes.
  • Les deux personnages (l’homme de Genèse 1 et Adam en Genèse 2) ont la même origine et le même mode de production. C’est donc qu’ils sont identiques.
  • Si l’on sépare les deux, alors il n’est pas sûr que Adam soit à l’image de Dieu, puisque c’est dans le chapitre 1 que c’est écrit. Et l’on n’est pas sûr que le premier homme soit rationnel, puisque c’est dans le chapitre 2 que c’est écrit.
  • La domination sur les animaux en Genèse 1,28 est montrée en Genèse 2,19 lorsque Adam vient nommer tous les animaux.
  • Genèse 2,5 dit qu’avant la création d’Adam il n’y avait point d’homme pour cultiver le sol..

Troisième argument : nous héritons du péché par le premier homme en Romains 5,12 : C’est pourquoi, comme par un seul homme le péché est entré dans le monde et en 1 Corinthiens 15,22 cet homme est explicitement Adam : comme tous meurent en Adam.

Quatrième argument : les hommes sont appelés fils d’Adam en Psaumes 62.10 : Oui, les fils d’Adam ne sont qu’un souffle. Donc Adam est le père de tous les hommes.

Cinquième argument : s’il y avait eu d’innombrables générations avant Adam, alors il n’y aurait pas besoin de le créer à partir de la poussière du sol, la génération naturelle suffit. De même Genèse 2,20 : [Adam] ne trouva pas d’aide qui soit son vis-à-vis n’a pas de sens si des millions de femmes existent déjà.

Sixième argument : s’il y avait une humanité avant Adam, alors il faudrait une Église parallèle, une nouvelle terre parallèle et une économie du salut parallèle, car le salut apporté par Jésus-Christ n’est que pour les descendants d’Adam.

Objections (§§ 11-17)

Sur les hommes que Caïn craignait de rencontrer, à la section 14 :

Lorsque Caïn fut exilé et errant devant la face de Dieu, il est écrit qu’il avait peur que quiconque me trouvera me tuera (Genèse 4.14). Il n’y a pas besoin d’inventer des préadamites à craindre, car il y avait beaucoup d’enfants d’Adam et aussi beaucoup de fils et petit-fils de Caïn lui-même (qui avait plus de cent ans quand il fut tué) prêts à venger le sang paternel ou fraternel. Ces mots ne font qu’indiquer une conscience perturbée qui craint toutes choses sûres et s’attend au juste punissement de la colère divine par le moyen des bêtes ou des hommes.

Les autres objections sont plus orientées vers les préadamites du XVIIe siècle, et moins pertinentes pour aujourd’hui. Contre les évolutionnistes théistes, nous l’affirmons, il faut un Adam unique et avant lequel il n’y ait personne.

Étienne Omnès

Mari, père, appartient à Christ. Les marques de mon salut sont ma confession de foi et les sacrements que je reçois.

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