Comment le concours de Dieu peut-il être réconcilié avec la contingence et la liberté des causes secondes, et particulièrement la volonté humaine?
La Bible enseigne deux choses très clairement:
- Dieu a un contrôle total sur toute chose.
- L’homme est libre.
C’est un mystère de savoir comment les deux sont possibles, mais ces deux faits sont basiques dans les Écritures, ils sont préssuposés avant même d’être prouvés. Mais dans nos tentatives de l’expliquer il y a plusieurs erreurs:
On se contente parfois de dire que la providence de Dieu est une simple prescience. Dieu sait tout ce qui arrive à l’avenir, mais ne fait rien, il est entièrement passif. Mais c’est faux:
- C’est complètement artificiel de limiter la providence à la seule préconnaissance de Dieu. Il y aussi un acte de volonté de sa part, sinon les évènements ne pourraient pas infaillliblement arriver suite à une prophétie de Dieu.
- La préconnaissance ne peut être certaine que si Dieu les a prédéterminé. S’il n’y a pas cette prédestination, il n’y a pas de certitude dans le futur à préconnaître.
On propose alors que Dieu n’agit que selon le mode de la permission en toute chose. Il y a des situations où Dieu se contente de permettre, mais sinon, sa providence est bien plus active que cela.
Turretin propose les principes d’harmonisation suivants:
- Le concours de la providence et de la volonté humaine n’est pas entre causes collatérales et égales, mais inégales et hiérarchisée. Il ne peut pas y avoir d’égalité entre la volonté de la créature et celle du créateur.
- Dieu concourt avec les causes secondes d’une façon qui n’est pas seulement générale, mais précise, et toujours selon leur nature propre, sans rien retirer de leur mode de fonctionnement propre. Si Dieu prédétermine que la pluie tombe, il ne le fait pas contre la nature de la pluie, ou en suspendant les lois physiques. Au contraire, c’est selon son comportement ordinaire que la pluie tombe conformément à la volonté de Dieu. Il en va de même pour l’homme: si Dieu le prédétermine, ce ne sera pas contre sa volonté, ou en court-circuitant sa volonté, mais à travers le cours ordinaire de sa volonté.
- Puisque la providence ne concourt pas avec la volonté humaine par coaction (en forcant la volonté opposée) ou en le déterminant physiquement (par une action qui ne passe pas par le jugement), mais de façon rationnelle (en disposant de la volonté humaine d’une façon qui lui convienne).
- Dieu concourt avec la volonté humaine de façon différente si c’est le bien ou le mal. Dieu est l’auteur direct du bien fait par nous-même. Mais il ne fait que permettre le mal, c’est à dire qu’il empêche l’homme d’agir selon une autre direction que sa nature corrompue.
La conclusion est digne de citation:
Si un quelconque scrupule demeure dans ce sujet très obscur ou quoi que ce soit qui surpasse notre compréhension, il vaut mieux être humblement ignorant que trop rapide à définir. Il convient que nous nous souvenions que les voies de Dieu ne sont pas nos voies. Elles doivent être admirées, plutôt qu’explorées sans soins. Et nous, mortels insignifiants, nous devons nous satisfaire de tenir fermement le fait, même si nous ne connaissons pas pleinement le pourquoi et le comment.
Turretin Instituts de Théologie Elenctique, 6.6.11
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