Y a-t-il un bon usage et un mauvais usage de la doctrine de la providence?
Turretin fait une petite liste des abus de la doctrine de la providence, des mauvaises pratiques à l’égard de ce que Dieu fait advenir.
I. Abus au sujet du passé
Turretin cible d’abord les murmures, soit lorsque les pécheurs râlent contre la providence de Dieu et l’accusent d’être injuste. Quelques exemples:
- Ézéchiel 33,20 Vous dites: La voie du Seigneur n’est pas droite. Je vous jugerai chacun selon ses voies, maison d’Israël!
- Lorsque les pieux sont envieux du succès des méchants. Psaumes 7,.2-3 Toutefois, mon pied allait fléchir, mes pas étaient sur le point de glisser; car je portais envie aux insensés, en voyant le bonheur des méchants.
Le bon usage à ce sujet est la soumission la plus humble:
- Job 1,21 Je suis sorti nu du sein de ma mère, et nu je retournerai dans le sein de la terre. L’Eternel a donné, et l’Eternel a ôté; que le nom de l’Eternel soit béni!
- Job 2,10 Quoi! nous recevons de Dieu le bien, et nous ne recevrions pas aussi le mal!
- 1 Samuel 3,18 Eli dit: C’est l’Eternel, qu’il fasse ce qui lui semblera bon!
Turretin cible ensuite le désespoir qui consiste à oublier que Dieu peut délivrer et faire différemment de ce qu’il a apporté jusqu’ici. C’est une faute commise par Caïn, Saül, Judas. Le bon usage de la providence ici serait la confiance en Dieu:
- Job 13,15 quand même il me tuerait, je ne cesserais d’espérer en lui
- Psaumes 23,6 Oui, le bonheur et la grâce m’accompagneront tous les jours de ma vie, et j’habiterai dans la maison de l’Éternel jusqu’à la fin de mes jours.
- Daniel 3,16-17 Schadrac, Méschac et Abed-Nego répliquèrent au roi Nebucadnetsar: Nous n’avons pas besoin de te répondre là-dessus. Voici, notre Dieu que nous servons peut nous délivrer de la fournaise ardente, et il nous délivrera de ta main, ô roi.
Autre abus: excuser les péchés sous prétexte qu’on ne peut pas résister à la souveraineté de Dieu. Ainsi qu’on l’a vu, Dieu n’est pas auteur du péché. Ce qui nous est demandé, ce n’est pas de suivre la volonté secrète de Dieu, mais sa volonté révélée. Seul cela compte.
II. Abus au sujet du futur
Il y a le risque de la paresse et la sécurité charnelle: que Dieu dirige toute choses ne signifie pas que nous n’y avons aucune part. Au contraire, Dieu a ordonné des moyens de préservation à mettre en oeuvre, et nous as ordonné d’avoir la discipline pour protéger notre âme des tentations, et grandir en maturité dans la foi chrétienne. Nous ne sommes pas soumis à la volonté secrète de Dieu, mais sa volonté révélée. Par conséquent, si Dieu nous dit d’être vigilant, cela ne veut pas dire « pas besoin de se garder des tentations de Satan parce que Dieu s’en occupe ».
Il y a le risque de l’angoisse au sujet des choses matérielle. Jésus a été clair là dessus en Matthieu 6,25 Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps, de quoi vous serez vêtus. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement? Bien sûr qu’il y a un soin à avoir de notre corps et de notre équipement. Mais ce que prévient Jésus, c’est que ce souci vienne dévorer le reste, et notamment les disciplines spirituelles. Agir ainsi revient à dire que Dieu ne pourvoit pas, et que nous devons le faire par nos propres forces.
Il y a le risque de s’appuyer trop grandement sur les causes secondes. Ce fut l’erreur d’Asa qui ne chercha pas l’Eternel, mais il consulta les médecins. (2 Chroniques 16,12). Le problème n’est pas d’avoir recours à ces causes secondes, mais d’y avoir recours au détriment de notre foi en Dieu.
III. Le bon usage de la doctrine de la providence
Si Dieu dirige, gouverne et contrôle parfaitement le monde, c’est pour que nous lui rendions une parfaite gloire. La conscience de vivre dans une vie contrôlée par Dieu doit nous rapprocher de lui et augmenter notre amour pour lui.
La considération de la providence doit faire naître:
- un désir de sainteté, alors que nous prenons conscience que tous nos actes sont vus par Dieu.
- de la gratitude pour tout ce qu’il nous donne.
- de la patience et de l’humilité face à l’adversité. L’image est celle du soldat qui obéit aux ordre de son officier, même si c’est pour aller au danger.
- de la repentance.
- la consolation, soit la tranquilité d’esprit des pieux: notre Père n’a pas fini de nous aimer et il a toute puissance et toute bienveillance pour nous donner ce dont nous avons besoin. Si le chemin est difficile, il est quand même celui qui nous donnera la libération et la récompense de ces difficultés.
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