Cet article est la quatrième partie d’une série sur le lien entre la justification, les œuvres, et le salut. Cette quatrième partie est une traduction d’un article de Mark Jones publié sur son blog Calvinist International.
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Où est passé le traducteur ? Les bonnes œuvres et le chemin vers le salut.
Depuis la Réforme protestante, le rôle des bonnes œuvres dans le salut est un sujet que les réformés ont tenu à aborder en détail afin de se prémunir contre les attaques de personnes extérieures à la tradition qui les accusaient d’abandonner la nécessité des bonnes œuvres dans la vie des fidèles. Ainsi, au début de la période moderne, à l’aide de cette boîte à outils qu’est la scolastique, les théologiens réformés ont adopté certaines distinctions et phrases qui sont devenues courantes pour expliquer soigneusement le rôle des bonnes œuvres par rapport à la justification, la sanctification et la glorification.
Au tournant du XXIe siècle, la théologie historique a connu, à certains égards, une période particulièrement difficile dans les milieux réformés d’Amérique du Nord. Cela était dû en partie à un manque d’accès aux sources (surtout en latin original) et aussi à un manque de théologiens éduqués formellement dans la discipline de la théologie historique. Ces derniers temps, des dizaines de doctorants d’Europe et d’Amérique du Nord y remédient en revenant aux sources et grâce aux prouesses méthodologiques nécessaires à la valorisation de ces travaux (parfois) jusqu’à présent inconnus. Pour essayer d’aimer son prochain, les théologiens doivent être clairs sur ce qu’ils veulent dire et ne veulent pas dire dans leurs discours théologiques. En adoptant le langage de l’Église sur diverses doctrines (par exemple les termes trinitaires tels que procession, naissance, etc.), nous sommes sur la bonne voie. Cet essai vise, en partie, à nous exhorter à retrouver le langage des théologiens réformés des débuts de la modernité pour nous aider aujourd’hui à expliquer ce que nous voulons dire quand nous posons des questions telles que : « Les bonnes œuvres sont-elles nécessaires au salut ?
De la distinction entre le droit et la possession
Une distinction fondamentale utilisée par les théologiens réformés dans la période d’après la réforme est la distinction entre le « droit au salut » et la « possession du salut ». Par exemple, Herman Witsius, un théologien réformé dont l’orthodoxie est rarement remise en question, écrit : « Nous devons faire la distinction entre le droit à la vie et la possession de la vie 1. »
Le droit à la vie « doit être ainsi assigné à l’obéissance du Christ, afin que toute la valeur de notre sainteté soit entièrement exclue2. » Notre droit à toutes les promesses que le Christ nous a données exclut nos bonnes œuvres. Cependant, en ce qui concerne la possession de la vie, nos bonnes œuvres, qui sont accomplies dans l’Esprit et préparées à l’avance pour que nous les fassions, « apportent quelque chose », selon Witsius. Pour Witsius, les Écritures enseignent que nous « devons faire quelque chose » pour « obtenir la possession du salut acheté par le Christ ». Il ajoute : « Ce n’est pas parce que le Christ est le chemin vers la vie, que la pratique de la piété chrétienne n’est pas aussi le chemin vers la vie. Le Christ est le chemin de la vie, parce qu’il nous a acheté un droit à la vie. La pratique de la piété chrétienne est le chemin vers la vie, parce que nous entrons ainsi dans la possession du droit obtenu par le Christ 3. » Et Thomas Goodwin dit aussi : « En croyant, tout le droit au salut nous est donné ; mais toute la sainteté et les œuvres que nous avons ne servent pas pour le droit, mais nous sommes seulement conduits par eux à la possession de celui-ci 4. »
De même, Petrus van Mastricht a écrit :
« Dans la mesure où Dieu, dont nous accomplissons la loi par le seul mérite du Christ, ne veut pas accorder la possession de la vie éternelle, à moins qu’elle soit accompagnée par la foi et par de bonnes œuvres accomplies auparavant. Nous avons reçu le droit à la vie éternelle par le mérite du Christ seul. Mais Dieu ne veut pas accorder la possession de la vie éternelle, à moins qu’il n’y ait, à côté de la foi, aussi de bonnes œuvres qui précèdent cette possession (Hébreux 12:14 ; Matthieu 7:21 ; 25:34-36 ; Romains 2:7-10) 5. »
Comme Witsius et Goodwin, Mastricht utilise les termes courants à l’époque pour souligner la manière dont les bonnes œuvres sont nécessaires pour atteindre le salut final. Il utilise la distinction entre « droit à la vie éternelle » et « possession de la vie éternelle ». Ou encore Jérôme Zanchius : « Les bonnes œuvres sont la cause instrumentale de la possession de la vie éternelle ; par elles en effet, tout comme par un chemin évident et légitime, Dieu nous conduit à la possession de la vie éternelle 6 » (voir Lillback, Binding of God, 207). C’est le « langage » de la théologie réformée de cette période. C’est une langue qui a été oubliée aujourd’hui.
John Davenant, dans son ouvrage classique sur la justification, A Treatise on Justification, répond au cardinal Bellarmin dans de nombreux endroits où ce dernier attaque faussement la doctrine protestante réformée de la justification par rapport au salut. En un lieu, il prétend que Bellarmin « se trompe en ceci : qu’il suppose que nous pensons que seule la foi sauve 7 ». Mais, s’il est vrai que par la foi seule nous appréhendons le Christ et qu’il est donc la cause méritoire du salut, il est également vrai que « nous pouvons être conduits à la possession du salut » par « beaucoup d’autres choses [qui] sont nécessaires7». Une autre erreur commise par Bellarmin est en fait une erreur que certains érudits et hommes d’Église réformés commettent aujourd’hui. Bellarmin a soutenu que les bonnes œuvres étaient simplement un signe de la vraie foi. En fait, le professeur R. Scott Clark (Westminster Seminary California), affirme précisément que les bonnes œuvres ne sont « qu’une preuve de sainteté et rien de plus8 ». Clark fait appel à Trente, mais pour une raison quelconque utilise le mot « sainteté » alors que le Concile de Trente utilise « justification ». Contrairement à l’affirmation de Clark, Davenant soutient que les bonnes œuvres « ont, en ce qui concerne le salut, une nécessité qui leur est propre, non pas seulement significative, mais active ; parce que […] par la pratique des bonnes œuvres, nous avançons et progressons vers le royaume des cieux7 ». En utilisant ce langage, Davenant comprend les œuvres comme un moyen par lequel nous entrons dans la vie ; elles ne sont pas simplement des preuves, mais des moyens nécessaires pour les croyants, sans lesquels ils ne peuvent normalement pas entrer dans la vie.
Lorsqu’on parle du droit à la vie par opposition à la possession de la vie, les réformés utilisaient comme expression courante « le chemin de la vie » pour désigner les bonnes œuvres. Comme indiqué plus haut, Witsius utilise ce langage. Son raisonnement est important : nous mangeons parce que nous sommes vivants, mais nous avons encore besoin de manger pour rester en vie. Nous avons été rendus vivants par l’Esprit (c’est-à-dire la régénération). « Mais, dit Witsius, nous devons aussi agir de la même manière, afin que la vie soit préservée en nous, qu’elle augmente et qu’elle se termine enfin dans une vie ininterrompue et éternelle9 (Deutéronome 30:19-20). »
En compilant un certain nombre de textes des Écritures, Turretin écrit :
« Cette même chose n’en est pas moins expressément prononcée en ce qui concerne la gloire future. Car, puisque les bonnes œuvres ont une telle relation en tant que moyens pour atteindre une fin (Jean 3:5, 16 ; Matthieu 5:8) ; du « chemin » vers le but (Éphésiens 2:10 ; Philippiens 3:14) ; de la « semence » vers la moisson (Galates 6:7-8), du travail à la récompense (Matthieu 20:1) ; de la « crouse » à la couronne (2 Timothée 2:5 ; 4:8), chacun voit qu’il y a une nécessité la plus haute et la plus indispensable des bonnes œuvres pour obtenir gloire. Elle est si grande qu’elle ne peut être atteinte sans elles10 (Hébreux 12.14 ; Apocalypse 21.27). »
Turretin fait cette déclaration dans le contexte de la question de savoir si de bonnes œuvres sont nécessaires au salut, à laquelle il répond par un « Nous affirmons ». La question n’est pas de savoir si de bonnes œuvres sont nécessaires pour le salut. Elles le sont certainement. Mais comment rendre justice à la fois à la doctrine de la justification par la foi seule mais aussi au caractère conditionnel de la nature du salut qui est si manifestement présent dans les Écritures.
Nécessaire pour le salut
Comme on l’a vu plus haut dans le cas de Turretin, Davenant et les autres, il ne fait aucun doute que les bonnes œuvres sont nécessaires au salut. La cause instrumentale de la justification est la foi seule. Mais cela ne signifie pas que la cause instrumentale du salut est uniquement la foi. R. Scott Clark pense que la question est claire et que nous devrions tous affirmer que la sainteté forgée par l’Esprit est une preuve de notre justification et de notre union avec le Christ. Il critique « certains réformés » pour « leur désir de faire de cette sanctification et des bonnes œuvres qui l’accompagnent quelque chose de plus. Ils veulent que cette sainteté, cette obéissance et ce fruit fassent partie des moyens ou des instruments de notre salut (délivrance de la colère à venir), ce qui inclut notre justification. Comme les historiens ont l’habitude de le dire, cela s’est déjà produit auparavant11 ». Clark dit que les protestants ont été clairs sur le fait que « les bonnes œuvres ne sont jamais le terrain… ou l’instrument du salut. » C’est ainsi que Shepherd est prétendument dans l’erreur pour avoir enseigné cela :
« 18. La foi, la repentance et la nouvelle obéissance ne sont pas la cause ou le fondement du salut ou de la justification, mais sont, en tant que réponse d’Alliance à la révélation de Dieu en Jésus-Christ, la voie (Actes 24, 14 ; II Pierre 2, 2, 21) par laquelle le Seigneur de l’Alliance fait entrer son peuple en pleine possession de la vie éternelle12 ».
L’analyse de cette citation par Clark l’amène à conclure que, selon Shepherd, « la sanctification et les œuvres sont notre ‘réponse d’alliance’ et ‘la voie’ par laquelle nous ‘entrons en possession de la vie éternelle'11». Ceci est remarquable pour plusieurs raisons. Je ne suis pas persuadé que Shepherd ait toujours été aussi clair qu’il aurait dû l’être ; et je ne souhaite certainement pas être d’accord avec sa propre conception de la justification. Mais Clark souffre de de son erreur grave, à savoir : ce qu’il accuse Shepherd de dire est précisément ce que les réformés ont dit des bonnes oeuvres comme « la voie » par laquelle nous « entrons en possession de la vie éternelle ». Sur ce point précis, au moins, Shepherd est plus réformé que Clark. Shepherd, à ce stade, utilise en fait la terminologie qui était présente chez les théologiens réformés à l’époque de la Réforme et de la post-Réforme.
Ma propre lecture de la tradition réformée diffère de celle de Clark sur plusieurs points importants. La cause instrumentale de la justification est la foi seule. Sur ce point, nous pouvons et devrions tous être d’accord. Mais les théologiens orthodoxes réformés n’ont eu aucun problème à parler de causes instrumentales du salut (considérées au sens large). Les bonnes œuvres fonctionnent comme une cause instrumentale sur le chemin de la vie. Elles font partie du chemin nécessaire sur lequel nous marchons lorsque nous entrons par la porte étroite de la vie éternelle. De toute évidence, une condition conséquente diffère d’une condition antérieure. Le droit à la vie, donné gracieusement par le Christ, par la foi opérée par l’Esprit, est antécédent à la condition des bonnes œuvres dans l’alliance de la grâce.
Les bonnes œuvres sont nécessaires pour la possession du salut. Elles sont le chemin sur lequel nous devons (par l’Esprit) marcher vers la vie éternelle. Il n’y a pas d’autre chemin disponible pour le chrétien que le chemin des œuvres vers la vie éternelle. D’après Davenant, bien qu’elles ne soient pas « des mérites dont la valeur et la qualité nous permettent de l’atteindre », elles sont néanmoins « des parcours intermédiaires, ou des chemins, par lesquels nous avançons vers le but de la vie éternelle13 ». Bellarmin soutenait que les bonnes œuvres étaient des causes de salut, ce qui conduit à un certain nombre d’autres éclaircissements. Nous pourrions rejeter catégoriquement ce langage, mais les protestants réformés ne l’ont généralement pas fait. Le héraut de l’Assemblée de Westminster, William Twisse, déclare : « Au-delà de toute controverse, les bonnes œuvres sont la cause déterminante du salut14 »
L’évêque George Downame a dit : « La sanctification et ses devoirs ne sont pas des causes de salut15. » Les bonnes œuvres ne sont pas la cause du salut (in serie causarum), mais le chemin du salut. Elles ne nous donnent pas le « droit » au salut. Mais cela ne veut pas dire qu’elles n’ont pas leur place dans notre salut comme « cause ». Davenant aborde cette question avec sa clarté incisive habituelle. Si Bellarmin veut dire que les bonnes œuvres fonctionnent comme un terrain de salut comme « des causes méritoires, ou proprement efficaces, c’est-à-dire des causes qui atteignent et produisent l’effet même du salut ; nous devons le refuser complètement16». Cependant, si nous entendons par causes (sine quibus non) celles qui « produisent quelque chose qui précède ordinairement l’effet du salut, dans cette acception large et impropre, nous permettons qu’elles soient appelées causes17 ».
Même avant que les docteurs réformés de l’après-Réforme ne réagissent aux assauts de la contre-Réforme sur leur doctrine du salut, Jean Calvin était prêt à parler de causes en rapport avec le salut. Il adopte une compréhension élémentaire de la cause par rapport au salut : la cause efficace (l’amour du Père), la cause matérielle (l’obéissance du Fils), la cause instrumentale (l’illumination de l’Esprit, c’est-à-dire la foi) et la cause finale (la gloire de Dieu). Mais cela ne signifie pas que les bonnes œuvres ne soient pas des « causes inférieures ». Calvin écrit : « C’est parce que ceux qu’il a prédestinés par sa miséricorde à l’héritage de la vie éternelle, il les introduit selon sa dispensation ordinaire en la possession de celle-ci par de bonnes œuvres. Ainsi ce qui précède dans l’ordre de sa dispensation, il le nomme cause de ce qui vient après. Pour cette même raison l’Écriture semble parfois établir que la vie éternelle procède des bonnes œuvres : non pas que quelconque louange doit leur être attribuée, mais parce que Dieu justifie ceux qu’il a élus, pour les glorifier finalement (Romains 8.30) : la première grâce, qui est comme un degré à la seconde, est nommée cause de cette dernière. […] Bref, en toutes ces façons de parler, où il est fait mention des bonnes œuvres, il n’est pas question de la cause des actes de Dieu qui fait du bien aux siens, mais seulement de l’ordre de ses actes18.
Suggérer que les bonnes œuvres causent le salut en étant méritoires (ou bien efficaces) est une attitude papiste. Les protestants réformés, à commencer par Calvin, rejettent une telle opinion. Cependant, comme nous l’avons noté ci-dessus, nous avons perdu le vocabulaire (et aussi la formation de base) des premiers Réformés et rejetons maintenant tout langage de causalité en relation avec les bonnes œuvres et le salut. Mais comprises comme un « moyen » et un « chemin » vers le salut, les bonnes œuvres sont nécessaires. Comme le conclut Davenant : « une telle nécessité des bonnes oeuvres, cependant, ne fait que prouver leur primauté dans l’ordre des choses, et non leur efficacité en tant que cause de la vie éternelle19. » Cela nous ramène à la distinction entre le « droit à la vie » et la « possession de la vie ». En fin de compte, contre Clark, nous pouvons parler de bonnes œuvres comme instrument de notre salut, à condition de bien définir nos termes, comme l’ont fait Davenant et d’autres. Ce n’est pas parce que nous parlons des bonnes œuvres à la fois comme étant nécessaires au salut et comme des « causes », qu’elles doivent être comprises comme des causes méritoires de salut et fonctionnant comme le « droit à la vie ».
Trois phases
Les protestants croient en une justification par la foi. Rome a enseigné une double justification, dont la première est l’infusion de la grâce par le baptême, qui effectue la grâce automatiquement ex opere operato, par laquelle le péché originel est éteint et les habitudes du péché sont éliminées. La deuxième justification est la cause formelle de leurs bonnes œuvres. Comme le note John Owen :
« Paul, disent-ils, ne traite que de la première justification, d’où il exclut toutes les œuvres […] mais Jacques traite de la seconde justification, qui est par les bonnes œuvres […]. La sanctification est transformée en justification […]. Selon ce système, toute la nature de la justification évangélique, consistant dans le pardon gratuit du péché et l’imputation de la justice […] se trouve alors totalement anéantie20. »
Vous ne pouvez pas avoir deux justifications et vous attendre ainsi à être justifié dans cette vie. Une personne ne peut être justifiée que de deux manières : par les œuvres de la loi ou par la libre grâce du Christ. La doctrine protestante réformée de la justification consiste en une œuvre de Dieu « par la grâce », c’est-à-dire, selon Owen, achevée une fois pour toute « dans toutes ses causes et tout son effet, mais non dans la pleine possession de tout ce à quoi elle donne droit et titre ». Cela ne signifie pas que nous atteignons le ciel par la foi seule. Cela signifie plutôt que nous avons pleinement droit au ciel lorsque nous croyons pour la première fois. Si la justification n’est complète la première fois qu’elle s’opère et nécessite une deuxième justification, alors « aucun homme ne peut être justifié dans ce monde ». Cette dernière phrase est cruciale. Il y a une justification, pas deux justifications21. Cela ne signifie pas pour autant qu’il n’y a pas de périodes distinctes en référence à notre unique justification par la foi. Le résumé le plus clair de ce point de vue vient de Mastricht :
« De là découlent trois phases de justification qu’il convient d’observer avec soin ici, à savoir 1° la phase d’établissement, par laquelle l’homme est intialement justifié : à cette occasion, l’efficacité des œuvres est exclue pour l’acquisition de la justification, mais aussi, la présence même de ces œuvres est exclue, dans la mesure où Dieu justifie le pécheur (Romains 3.23) et le méchant (Romains 5:5) ; 2° la période de continuation : en cette occasion, bien qu’aucune efficacité des bonnes œuvres ne soit accordée pour la justification, la présence de ces mêmes œuvres, néanmoins, est requise (Galates 5:6). Et c’est probablement dans ce sens que Jacques nie que nous soyons justifiés par la foi seule, et qu’il exige que des œuvres accompagnent cette justification (Jacques 2:14-26). Et enfin, 3° la période de consommation dans laquelle le droit à la vie éternelle, accordé sous la première période et poursuivi sous la seconde, est avancé jusqu’à la possession de la vie éternelle : en cette occasion, non seulement la présence de bonnes œuvres est requise, mais aussi, dans un certain sens, leur efficacité, dans la mesure où Dieu, dont nous accomplissons la loi par le seul mérite du Christ, ne veut pas accorder la possession de la vie éternelle, à moins qu’elle soit accompagnée par la foi et par de bonnes œuvres accomplies auparavant. Nous avons reçu le droit à la vie éternelle par le mérite du Christ seul. Mais Dieu ne veut pas accorder la possession de la vie éternelle, à moins qu’il n’y ait, à côté de la foi, aussi de bonnes œuvres qui précèdent cette possession (Hébreux 12:14 ; Matthieu 7:21 ; 25:34-36 ; Romains 2:7, 10)22. »
Dans la troisième phase, nous constatons que nos bonnes œuvres sont un moyen qui nous permet d’entrer en possession de la vie éternelle. Mais le motif méritoire de notre acceptation auprès de Dieu est le même dans la troisième période que dans les première et deuxième périodes. Il y a une seule justification par la foi, et non deux. Lorsque nous parlons de « phases », nous faisons référence au début, à la continuation et à la « fin » de la vie du chrétien avant son entrée dans la gloire. Comment les œuvres fonctionnent-elles par rapport à ces trois phases ? Dans la troisième phase, le mérite du Christ ne disparaît pas derrière l’horizon. Ce sont ses mérites qui nous donnent le droit à la vie. Néanmoins, Dieu n’accorde pas la vie éternelle à ceux qui ont eu une fausse foi qui n’a jamais été accompagnée de bonnes œuvres.
Preuves bibliques et défense de John Piper
La question de la nécessité des bonnes œuvres par rapport au salut final est abordée dans une multitude de textes bibliques. Mais l’un des exemples les plus clairs de la nécessité des bonnes œuvres se trouve peut-être dans la lettre de Paul aux Romains au chapitre huit, verset treize : « Si vous vivez selon la chair, vous mourrez; mais si par l’Esprit vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez. »
Le « si » dans Romains 8:13 a une fonction conditionnelle : Faites cela (c’est-à-dire mortifiez la nature pécheresse par l’Esprit) et vivez. Nous vivons pour manger, mais nous mangeons pour vivre. Nous sommes ceux qui sont en Christ, en qui il n’y a plus de condamnation (Romains 8:1). Mais nous sommes aussi ceux qui n’ont pas encore été révélés comme enfants de Dieu : « …nous qui avons les prémices de l’Esprit, nous aussi nous soupirons en nous-mêmes, en attendant l’adoption, la rédemption de notre corps. » (Romains 8:23). Il y a, entre ces deux réalités, la nécessité de la mortification au cours de notre marche sur le chemin de la possession de la vie.
Que se passe-t-il si le chrétien professant ne « met pas à mort les méfaits du corps » ? Va-t-il vivre (c’est-à-dire entrer dans la vie éternelle) ? Certes, le chrétien uni au Christ par la foi mettra à mort le péché, mais il est également vrai que si un chrétien professant ne mortifie pas le péché, alors il ne vivra pas. Ainsi, lorsque la question est posée de savoir si nous atteignons le ciel par la foi seule, nous devons d’abord affirmer : « Voulez-vous dire le droit au ciel ou notre possession du ciel ? » Il est clair que Paul ne pense pas que l’on puisse atteindre la vie sans la mortification de la nature pécheresse par l’Esprit. Cela rend l’œuvre de mortification — une bonne œuvre — nécessaire pour quiconque se déclare chrétien.
Dans 2 Thessaloniciens 2:13, Paul écrit : « Dieu vous a choisis dès le commencement pour le salut, par la sanctification de l’Esprit et par la foi en la vérité. » Le salut est un mot du Nouveau Testament qui peut faire référence à une réalité passée, présente ou future. Paul parle du salut comme d’un fait accompli dans Ephésiens 2:8 : « Car c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi… » Mais le salut peut aussi être une réalité actuelle n cours de « travail » : « … travaillez à votre salut avec crainte et tremblement » (Philippiens 2:12). Enfin, il y a un aspect futur à notre salut : « …car le salut est plus près de nous que lorsque nous avons cru (pour la première fois) » (Romains 13:11). Si nous ne comprenons le « salut » que comme une réalité passée, il est difficile de comprendre l’idée que les bonnes œuvres sont nécessaires au salut. Mais si nous adoptons un point de vue plus sensible à la Bible sur le salut qui a des réalités passées, présentes et futures, alors nous n’avons pas besoin d’être embarrassés par le langage de Paul dans 2 Thessaloniciens 2:13 quand il dit que nous avons été sauvés « par la sanctification par l’Esprit ».
John Piper, qui a suscité une colère inutile de la part de certains réformés trop zélés, est sans détour sur ce point. Il dit : « Lors du salut final au jugement dernier, la foi est confirmée par le fruit sanctifiant qu’elle a porté, et nous sommes sauvés par ce fruit et cette foi. Comme le dit Paul dans 2 Thessaloniciens 2:13, ‘Dieu vous a choisis dès le commencement pour le salut, par la sanctification de l’Esprit et par la foi en la vérité23.’ » Notez qu’il parle de « salut final » et qu’il dit ensuite en gros ce que l’Écriture affirme explicitement : sur le chemin du salut, nous sommes sauvés par ce fruit. Il n’y a pas de doute possible, ce que Paul entend par là correspond à ce que Davenant soutient ci-dessus, à savoir que nous possédons la vie céleste par ou à travers les bonnes œuvres, non pas comme des causes méritoires, mais comme des causes qui « produisent quelque chose qui précède ordinairement l’effet du salut24 ». De plus, dans une préface au livre de Thomas Schreiner sur la justification, Piper dit également, en commentant sur la façon dont une personne peut être réconciliée Dieu :
« L’étonnante réponse chrétienne est la suivante : sola fide — par la foi seule. Mais veillez à bien comprendre cela avec précision : Il dit réconcilié avec Dieu par la foi seule, non pas atteindre le ciel par la foi seule. Il existe d’autres conditions pour atteindre le ciel, mais aucune autre pour entrer dans une relation juste avec Dieu. En fait, il faut déjà être dans une relation droite avec Dieu par la foi seule pour remplir les autres conditions25. »
Compte tenu de ce que les théologiens réformés des siècles précédents ont soutenu ci-dessus, la question doit être posée : Qu’est-ce qui est si controversé dans cette déclaration de Piper ? Aucun d’entre eux ne croyait que nous pouvions atteindre le ciel par la foi seule, en termes de possession. Presque tous seraient certainement d’accord avec l’idée qu’il existe des conditions conséquentes — du type de celles proposées par Paul dans Romains 8:13 — qui sont nécessaires pour que les croyants possèdent la vie éternelle.
La structure ci-dessus nous aide à donner un sens aux paroles du Christ dans les Évangiles, qui mettent en évidence le « chemin » ou la « voie » que nous devons suivre. Par exemple, dans Matthieu 7:13-14, notre Seigneur dit : « Entrez par la porte étroite. Car large est la porte, spacieux est le chemin qui mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par là. Mais étroite est la porte, resserré le chemin qui mènent à la vie, et il y en a peu qui les trouvent. » Le chemin sur lequel nous marchons est étroit mais il mène à la vie. Luc souligne que nous « nous efforçons » d’entrer par la porte étroite qui mène à la vie (Luc 13:24). Nous voyons ainsi ce langage apparaître fréquemment ailleurs dans le Nouveau Testament. Paul dit à Timothée : « Combats le bon combat de la foi, saisis la vie éternelle, à laquelle tu as été appelé… » (1 Timothée 6:12 ; voir aussi, Philippiens 3:12-14, « … je cours, pour tâcher de le saisir, … me portant vers ce qui est en avant… »). C’est un chemin difficile que les chrétiens empruntent lorsqu’ils cherchent à entrer au ciel. Ce chemin est nécessairement un chemin jalonné de bonnes œuvres (Éphésiens 2:10). Il n’y a aucun chemin qui mène à la vie si ce n’est celui qui est pavé de bonnes œuvres en route vers la gloire.
« Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde; heureux ceux qui ont le coeur pur, car ils verront Dieu » (Matthieu 5:7-8) et « à ceux qui, par leur persévérance à faire le bien, recherchent l’honneur, la gloire et l’incorruptibilité, il donnera la vie éternelle » (Romains 2:7). Romains 2:7, 10 devraient être compris comme le moyen par lequel nous devons marcher sur le chemin de la possession de la vie. Paul n’aborde pas ici le « droit au salut », dont il parlera en détail dans le chapitre suivant (voir 3:22-26). Mais sur ce chemin, il nous est demandé, comme condition conséquente d’avoir été justifiés, de persévérer dans le bien. Il n’est donc pas étonnant que la majorité des premiers réformés modernes considéraient Romains 2:7, 10 comme une référence à la justice évangélique. Ils étaient sensibles à l’enseignement biblique selon lequel les chrétiens seront jugés selon les œuvres lors du retour du Christ (voir 2 Corinthiens 5:10 ; Matthieu 16:27 ; Jean 5:28-29 ; Galates 6:7-9 ; Apocalypse 20:13; 22:12). Encore une fois, ces œuvres ne sont pas méritoires et ne donnent donc pas aux croyants le droit au salut. Mais elles sont nécessaires et placent donc les croyants en possession du salut. La « voie » ou le « chemin » comprend, selon Paul dans Romains 2, ceux qui font le bien selon la bonté qui est en eux : « Je suis personnellement convaincu que vous êtes pleins de bonnes dispositions » (Romains 15:14)…
Le langage conditionnel est également très présent dans les lettres du Christ aux sept Églises. Le refrain, « à celui qui vaincra », revient sans cesse : « À celui qui vaincra je donnerai de la manne cachée, et je lui donnerai un caillou blanc… » (Apocalypse 2:17); « À celui qui vaincra, et qui gardera jusqu’à la fin mes œuvres, je donnerai autorité sur les nations » (Apocalypse 2:26 ; voir aussi Apocalypse 2:10 : « …Sois fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de vie »); ou encore, en écrivant à l’église d’Éphèse, Christ leur dit de se repentir et de « pratique[r] (leurs) premières œuvres », sinon il viendra à eux et leur enlèvera leur chandelier s’ils ne se repentent pas (Apocalypse 2:4-5). Aux Laodicéens, Jésus dit qu’il sait qu’ils ne sont ni froids ni chauds et qu’il souhaite qu’ils soient l’un ou l’autre ; « Ainsi, parce que tu es tiède et que tu n’es ni froid ni bouillant, je vais te vomir de ma bouche » (Apocalypse 3:15-16). S’ils ne se repentent pas, ils risquent d’être excommuniés par le Seigneur ressuscité. Il ne s’agit pas de menaces en l’air, mais de jugements d’alliance sur le peuple de Dieu qui est confronté à son manque général de patience dans les bonnes actions et à des péchés spécifiques relatifs à leur situation.
Conclusion
Dans cet essai, nous avons tenté de montrer qu’il existe un « langage réformé » sur la façon de parler des bonnes œuvres en relation avec la justification et le salut final. Si nous pouvions redécouvrir la tradition réformée, le langage concernant les bonnes œuvres pourrait nous permettre de savoir ce que l’écrivain veut dire et ne veut pas dire. D’où la pertinence des distinctions scolastiques.
Selon les théologiens de Westminster, la grâce de Dieu se révèle de diverses manières dans l’alliance de la grâce. La « sainte obéissance » dont il est question à la question 32 du Grand Catéchisme n’est pas seulement la preuve d’une foi véritable et d’une reconnaissance envers Dieu (gratitude), mais fonctionne aussi comme « la voie qu’il a tracée pour les diriger vers le salut ». Ces bonnes œuvres, en tant que fruit qui mène à la sainteté (provenant de la sainteté) trouvent leur fin dans la vie éternelle (WCF 16.2). Les « fruits » (bonnes œuvres) ne sont pas facultatifs, comme c’est clairement le cas dans le langage du Christ en Jean 15 (en particulier au verset 2 : « Tout sarment qui est en moi et qui ne porte pas de fruit, il le retranche »).
Les bonnes œuvres sont la voie du salut, désignée par Dieu. Elles sont un moyen (cause instrumentale) utilisé par Dieu pour ramener ses enfants à la maison d’une manière qui glorifie le Christ. L’utilisation de la distinction entre droit à la vie et possession de la vie permet de clarifier la nécessité des bonnes œuvres pour le salut. Nous ne pouvons nous débarrasser ni du langage conditionnel du Nouveau Testament, ni de la nature gratuite de la justification par la foi seule (comparez Romains 3:21-24 avec Romains 8:13). J’ai proposé un moyen de rapprocher ces deux vérités en faisant appel à des sources historiques et en examinant ensuite, bien que brièvement, certaines preuves scripturales pour aider à expliquer le langage conditionnel dont est parsemé le Nouveau Testament.
- WITSIUS, Herman, Conciliatory or Irenical Animadversions on the Controversies Agitated in Britain, under the Unhappy Names of Antinomians and Neonomians, trad. Thomas Bell (Glasgow : W. Lang, 1807), p.161[↩]
- WITSIUS, Herman, Conciliatory or Irenical Animadversions, pp. 161–162. John Davenant dit: « Après que les péchés sont pardonnés, nous ne possédons pas en nous la perfection de la justice intérieure qui est suffisante par elle-même pour obtenir le droit à la vie éternelle. Ainsi, la justice parfaite de Christ, notre chef, doit venir en aide à tous ces enfants et les remplir de ce manque en eux (nous soulignons). DAVENANT, John, A Treatise on Justification… trad. Josiah Allport. 2 t. (London: Hamilton, Adams & Co., 1844), p. 178.[↩]
- WITSIUS, Herman, Conciliatory or Irenical Animadversions, p. 162[↩]
- GOODWIN, Thomas, An Exposition of the Second Chapter of the Epistle to the Ephesians, Verses 1–11, in The Works of Thomas Goodwin (1861 ; réimpr., Grand Rapids, MI : Reformation Heritage Books, 2006), 2:336[↩]
- VAN MASTRICHT, Pierre, Theoretico-Practica Theologia, nouvelle éd. (Amsterdam, 1724), pp. 704–705[↩]
- BURGRESS, Anthony : « […] Parler de sainteté diffère selon qu’on en parle comme un chemin, un moyen, et comme une cause ou un mérite du salut. » Vindication of the Morall Law, p.37. Thomas Goodwin dit : « Distinguez entre le droit et la posession, et vous aurez clairement l’intention de [Paul] l’Apôtre [en Éphésiens 2.8–10]. » GOODWIN, Thomas, Works, 2:336. Richard Sibbes dit : « Une certaine grâce doit se trouver entre la foi et la possession du paradis. Je suis assuré de ma possession du paradis dès ma première conversion, mais il ne m’a pas encore été conféré. Cette possession est reportée. » SIBBES, Richard, The Complete Works of Richard Sibbes, éd. Alexander B. Grosart (Édimbourg : James Nichol, 1863), 3:101.[↩]
- DAVENANT, John, A Treatise on Justification, 1:314.[↩][↩][↩]
- CLARK, R. Scott, Covenant, Justification, and Pastoral Ministry: Essays by the Faculty of Westminster Seminary California, éd. R. Scott Clark (Phillipsburg, NJ : P&R, 2006), pp. 252–253.[↩]
- WITSIUS, Herman, Conciliatory or Irenical Animadversions, p. 164.[↩]
- TURRETIN, François, Elenctic Institutes, 17.3.12.[↩]
- https://heidelblog.net/2014/05/faith-alone-is-the-instrument-of-justification-and-salvation/[↩][↩]
- SHEPERD, Norman, “Thirty-four Theses on Justification in Relation to Faith, Repentance, and Good Works” disponible ici : http://hornes.org/theologia/norman-shepherd/the-34-theses[↩]
- DAVENANT, John, A Treatise on Justification, 1:306[↩]
- TWISSE, William, “Nam citra controversiam bona etiam opera sunt causae dispositivae salutis.” Vindiciae Gratiae, Potestatis Ac Providentiae Dei (Amsterdam, 1632), p.6. Davenant fait référence au point de contention de Bellarmin qui dit que les « œuvres sont nécessaires sur la base de leur efficacité ». Il admet que cela est vrai, mais seulement si Bellarmin « parle d’efficacité largement considérée, parce que si cela se réfère à tout ce qui d’une manière ou d’une autre travaille et concoure au salut, cela est faux, s’il comprend cette efficacité selon qu’elle implique des mérites, cela ne peut dériver que de la justice du Christ ; ou alors selon qu’elle est sensible, cela est propre à la puissance de la foi seulement ; ou alors qu’elle est véritablement efficace, c’est-à-dire, qu’elle est capable d’elle-même de réaliser le salut, dans ce sens, seul Dieu est la cause efficace de notre salut ». DAVENANT, John, A Treatise on Justification, 1:305. Merriam-Webster nous donne une définition légal de « déterminant » : « orienté vers ou réalisant une disposition ». Les œuvres sont « déterminantes » dans la mesure où elle nous oriente vers la vie éternelle et réalise notre fin ultime » (traduction libre).[↩]
- DOWNAME, George, A Treatise of Justification (London, 1633), p. 470.[↩]
- DOWNAME, George, A Treatise on Justification, p. 306[↩]
- DOWNAME, George, A Treatise on Justification, p. 306. Il déclare autre part: « Nous ne nions pas totalement l’efficacité des bonnes œuvres en relation avec le salut, mais l’efficacité méritoire, ou l’efficacité proprement dite : c’est-à-dire celle qui atteint ou produit l’effet même du salut : mais l’efficacité prise au sens large, c’est-à-dire, en tant que travail précédant l’effet du salut, dont nous accordons volontiers qu’elle fait jaillir de bonnes œuvres. » DOWNAME, George, A Treatise on Justification, p. 308.[↩]
- CALVIN, Jean, IRC, 3.14.21. Mark Garcia conteste à juste titre la lecture de Calvin par J.V. Fesko à cet endroit. Fesko a pris la liberté d’ajouter le mot « justification » après les mots « grâce antérieure » dans la citation de Calvin. Comme le dit Garcia : « Lorsque nous retirons la modification rédactionnelle de l’auteur (son ajout de « justification ») à la citation de Calvin et que nous la relisons telle qu’elle a été écrite par Calvin, il est clair que la « grâce antérieure » dont parle Calvin n’est pas une justification mais une bonne œuvre, ce qui est le sujet de la section et la question qu’il aborde. La lecture de la citation dès le début rend cela transparent : Dans le langage de Romains 2:6-7… Calvin affirme que les bonnes œuvres sont des causes inférieures (secondaires) de la vie éternelle, et la question rhétorique à laquelle il cherche à répondre concerne la manière dont cela peut être ainsi. » Voir : https://www.greystoneinstitute.org/quarry/2013/12/11/feskos-beyond-calvin-6-metaphysics-and-justification-pt-3-changing-calvin (nous citons Calvin directement depuis l’édition de 1859 de l’Institution. Traduction libre pour les remarques subséquentes).[↩]
- DAVENANT, John, A Treatise on Justification, 307[↩]
- OWEN, John, The Works of John Owen, D.D. 16 vols. (Edinburgh: Johnstone & Hunter, 1850–1855), 5:138[↩]
- Owen : « Car il n’y a pas de moment à fixer, ni de mesure d’obéissance à limiter, pour lesquels on pourrait supposer que quiconque peut être justifié devant Dieu, s’il ne l’est pas entièrement lorsqu’il croit pour la première fois ; car l’Écriture ne fixe nulle part un tel moment ou une telle mesure. Et dire que personne n’est pas complètement justifié devant Dieu dans cette vie, c’est à la fois renverser tout ce qui est enseigné dans l’Écriture concernant la justification, et annuler toute paix avec Dieu et le réconfort des croyants. Or, un homme acquitté à l’issue de son procès est immédiatement libéré de tout ce que la loi a contre lui. » OWEN, John, Works, 5:145[↩]
- Proinde tres justificationis periodi hic diligenter veniunt observandi: nim[irum] Constitutionis, qua primum homo justificatur: hic operum, non tantum efficacia ad procurandam justificationem ; sed ipsa etiam eorum praesentia excluditur, quatenus Deus peccatorem justificat Rom. iii. 23. & impium Rom. iv. 5. 2. Continuationis, hic bonorum operum, licet nulla admittatur efficacia ad justificationem; requiritur tamen eorundum praesentia Gal. v.6. Et hoc forte sensu, Jacobus nos justificari negat sola fide; sed opera insuper requirit Jac. ii. 14–26. Tandem 3. Consummationis, in qua vitæ æternæ jus, sub prima periodo collatum, & sub secunda continuatum, ad possessionem etiam promovetur: hic bonorum operum non tantum prasentia requiritur; sed etiam qualiscunque efficacia, quatenus saltem Deus possessionem vitae aeternae, cujus jus solo dudum obtinemus Christi merito, non vult conferre, nisi, praeter fidem, praeviis bonis operibus Heb. xii. 14. Matth. vii. 21. & xxv. 34–36. Rom. ii. 7, 10. VAN MASTRICHT, Pierre, Theoretico-Practica Theologia, nouvelle édition (Amsterdam, 1724), pp. 704-705.
Passages cités (LSG 21) : Hébreux 12:14 : « Recherchez la paix avec tous et la progression dans la sainteté: sans elle, personne ne verra le Seigneur. » Matthieu 7:21 : « Ceux qui me disent: ‘Seigneur, Seigneur!’ n’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais seulement celui qui fait la volonté de mon Père céleste. » Matthieu 25:34-36 : « Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite: ‘Venez, vous qui êtes bénis par mon Père, prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la création du monde ! En effet, j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger; j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger et vous m’avez accueilli ; j’étais nu et vous m’avez habillé ; j’étais malade et vous m’avez rendu visite ; j’étais en prison et vous êtes venus vers moi.’ » Romains 2:7 : « à ceux qui, par leur persévérance à faire le bien, recherchent l’honneur, la gloire et l’incorruptibilité, il donnera la vie éternelle. » Romains 2:10 : « La gloire, l’honneur et la paix seront pour tout homme qui fait le bien, le Juif d’abord, mais aussi le non-Juif. »[↩] - https://www.desiringgod.org/articles/does-god-really-save-us-by-faith-alone[↩]
- DAVENANT, John, A Treatise on Justification, p.306[↩]
- SCHREINER, Thomas, Faith Alone: The Doctrine of Justification (Grand Rapids, MI: Zondervan, 2015), p. 11[↩]
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