La version septante de l’Ancien Testament est-elle authentique? Nous le nions.
La Septante est une traduction de l’Ancien Testament en grec accomplie 200 ans avant Jésus-Christ, et qui fut la reine de toutes les traductions dans l’antiquité. C’est la traduction utilisée par les pères de l’Eglise, celle à partir de laquelle on a traduit la première bible en latin. Les Grecs entre autres — mais ils ne sont pas les seuls — affirment que la Septante est authentique, c’est à dire qu’elle contient les paroles inspirées de Dieu. À partir de là, ils défendaient l’autorité du texte. Mais les protestants ne la reçoivent pas ainsi.
Dans le contexte plus proche de Turretin, des catholiques défendaient l’inspiration des traducteurs de la Septante, et donc l’autorité de ce texte (qui est très différent du texte hébreu). C’est le cas de Bellarmin, Guillaume Baile, Thomas Stapleton, et Johannes d’Espeire, et plus particulièrement encore de Jean Morin qui a consacré plus d’énergie que les autres à cette question. A noter que parmi les protestants, nous avons Isaac Vossius qui a défendu cette position, de façon isolée.
Turretin précise qu’il n’est pas contre l’autorité de l’Église dans le choix des traductions. Si l’Église ancienne a préféré unanimement cette traduction, elle est d’un grand poids. Il donne même des raisons de la respecter :
- C’est la plus ancienne de toutes les traductions.
- Elle a été la traduction de référence des juifs avant l’arrivée de Jésus.
- Les apôtres et évangélistes ont utilisé cette version pour citer l’Ancien Testament.
- Elle est la bible de la première Église.
- Elle fut la traduction de référence de l’Église pendant six cents ans.
- C’est sur elle que les pères de l’Église ont fait leur commentaires.
La question n’est donc pas de savoir si la Septante est digne de respect. Elle est plutôt de savoir si elle a une autorité égale au texte source hébraïque. Et c’est non.
Argumentation (§6)
- Elle a été faite selon un travail humain ordinaire (cf. Lettre d’Aristéas, 302).
- Si cette traduction avait été inspirée, il n’y aurait pas eu besoin de soixante-dix savants hyper-compétents.
- Il y a des différences et erreurs indéniables avec l’hébreu, ce que même Jean Morin doit admettre.
- Elle est aujourd’hui considérée comme remplie d’interpolations et de corruptions. Nous n’avons aujourd’hui que les vestiges de la Septante originelle, et non sa version authentique.
Réponse aux objections (§§ 7-15)
§7 : La Septante est la bible que citent les apôtres, c’est donc qu’elle est authentique.
Réponse : Les apôtres ont utilisés cette version non parce qu’elle était authentique et divine, mais parce qu’elle était la plus utilisée et la mieux reçue de partout, et parce que (tant que le sens et la vérité étaient préservés) ils ne voulaient pas rentrer stupidement dans une dispute et créer des doutes chez les esprits plus faibles, mais par une sainte prudence n’ont pas touché l’usage quand le changement créerait une offense, particurlièrement quand elle suffisait à attendre leur but. Cependant, ils ont utilisé la Septante de telle manière qu’ils préféraient le texte original si jamais la Septante ne convenait pas ou qu’elle était fausse, ainsi que l’a défendu Jérôme (Apologie contre les livres de Rufin, 2.34). On peut le voir facilement en comparant Matthieu 2,15 avec Osée 1,11 ; Jean 19,37 avec Zacharie 12,10 ; Jérémie 31,15 avec Matthieu 2,18 ; Ésaïe 25,8 avec 1 Corinthiens 15,54.
§8 : Vu que la Septante est citée dans le Nouveau Testament, elle acquiert le statut inspiré par ce moyen.
Réponse : Les citations du Nouveau Testament faites dans la Septante ne sont pas authentique par elles-mêmes […]mais par accident, en étant amenées dans le contexte sacré par les évangélistes sous l’influence du Saint-Esprit.
§9 : Irénée, Clément d’Alexandrie, Augustin ont une très haute opinion de la Septante !
Réponse: C’est là un sentiment et non un jugement bien informé. Jérôme et Origène, capables de lire l’hébreu, avaient une autre idée.
§10 : Elle a été utilisée pendant très longtemps, c’est donc qu’elle a une autorité divine.
Réponse: Ça prouve qu’elle était respectée, pas qu’elle était divine.
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