Y a-t-il des décrets conditionnels ? Nous le nions, contre les sociniens, les remontrants et les jésuites.
Quand on est arminien, il est important d’affirmer que le décret de salut est conditionnel : Dieu nous sauve si telle ou telle condition est atteinte, généralement une décision personnelle. Turretin nie qu’il y ait une quelconque condition insérable dans les décrets.
- Tout décret est éternel, comme on l’a prouvé à la question précédente. Il ne peut donc pas y avoir une condition temporelle à un décret intemporel.
- Les Écritures disent que les décrets de Dieu sont basés sur son bon plaisir (εὐδοκία) et non dans une condition extérieure : cf. Matthieu 11,26 ; Éphésiens 1,5 ; Romains 9,11.
- Tout décret de Dieu est immuable (Ésaïe 46,10 ; Romains 9,11). Or le principe d’un décret conditionnel est qu’il change selon que la condition est atteinte ou non. Un décret conditionnel n’est donc pas cohérent avec l’enseignement des Écritures.
- Il est absurde et aberrant que Dieu place dans la créature ignorante et incapable de faire le bien le soin d’accomplir une condition qu’il pourrait accomplir lui-même.
- Il est absurde que le Créateur dépende de la créature, que Dieu dépende de l’homme, et que la volonté de Dieu, cause première de toute chose, dépende des choses elles-mêmes. Mais c’est ce qui arrive si les décrets de Dieu sont suspendus à des conditions humaines.
- La connaissance moyenne qui rend possible ces conditions a été réfutée à la question 3.13.
- On ne pose une condition que si l’on ignore la possibilité de son accomplissement, ou que l’on n’est pas en puissance de la faire remplir. Cela ne convient pas du tout à Dieu.
Réponses aux objections
Ce n’est pas parce que le salut est conditionné à la foi et la repentance qu’il faut comprendre que la décision même de sauver est conditionnée à la foi et à la repentance. Dieu décide avec certitude et nécessité que Augustin sera sauvé par sa foi et sa repentance ; il ne décide pas « si Augustin se repent, je le sauve ».
Pour le dire avec les mots de Turretin : C’est une chose que de dire que la chose décrétée soit conditionnelle, une autre de dire que le décret lui-même est conditionnel. Nous acceptons la première, pas la deuxième.
Partant de là, il faut comprendre les promesses de récompenses et les menaces de l’Écriture non comme des conditions ouvertes du point de vue de Dieu, mais comme une volonté de précepte, c’est-à-dire la déclaration de ce qui est agréable à Dieu, de manière générale.
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