Voici un court extrait du chef-d’œuvre de Nicolas Malebranche, De la recherche de la vérité, où il rejoint étonnamment Thomas d’Aquin sur la connaissance de Dieu : Dieu connaît toute chose différente de lui en connaissant toutes leurs manières de participer à son essence.
Dieu qui agit incessamment dans l’âme la connaît parfaitement ; il voit clairement, sans souffrir la douleur, comment l’âme doit être modifiée afin qu’elle en souffre ; mais l’âme au contraire souffre la douleur et ne la connaît pas. Dieu la connaît sans la sentir, et l’âme la sent sans la connaître. Dieu connaît clairement la nature de l’âme, parce qu’il en trouve en lui-même une idée claire et représentative.
Dieu, comme parle saint Thomas, connaît parfaitement sa substance ou son essence, et il y découvre par conséquent toutes les manières dont elle est participable par les créatures. Ainsi sa substance en est véritablement représentative parce qu’elle en renferme l’archétype ou le modèle éternel. Car Dieu ne peut tirer que de lui-même ses connaissances. Il voit dans son essence les idées ou les essences de tous les êtres possibles, et dans ses volontés leur existence et toutes les circonstances de leur existence.
(Nicolas de Malebranche, De la recherche de la vérité, livre IV, ch. XI ; texte établi par Jules Simon, Charpentier, 1842 (Œuvres de Malebranche, pp. 291-372.)
Illustration : Vincent Van Gogh, La Nuit étoilée, huile sur toile, 1889 (New York, Museum of Modern Art).
0 commentaires