Alfred de Montvaillant (1826-1906) était un poète réformé français qui écrivit des fables et des cantiques mais qui, surtout, versifia de nombreux livres de l’Ancien Testament. Il composa aussi une longue collection de poèmes sur les Évangiles et les Actes des apôtres. Nous avons publié l’intégralité de sa versification des Lamentations de Jérémie, sa versification des Béatitudes, du célèbre chapitre 53 du prophète Ésaïe, la prière de Daniel au chapitre 9 ainsi que sa versification du Cantique de Marie.
Puisque, cette semaine, ceux qui suivent le plan de lecture biblique de notre site lisent le chapitre 26 d’Ésaïe, nous vous proposons aujourd’hui d’en découvrir sa versification.
1 Juda chante ce cantique :
Nos enfants sont délivrés,
Et l’Éternel magnifique
Refait nos remparts sacrés.
2 Sion, dans ce jour auguste,
À tes fils ouvre tes murs,
Et que la nation juste
Y trouve des abris sûrs.
3 Fais éclater ton ivresse
Pour l’auteur de tes bienfaits,
Il voulut dans sa sagesse,
Juda, te donner la paix.
4 Puisqu’il est ta délivrance
Chante sa fidélité,
Et qu’il soit ton espérance,
Peuple, à perpétuité.
5 Il rabaisse les superbes
Et leurs fronts humiliés,
Comme on marche sur les herbes,
Sont écrasés sous ses pieds.
6 Des petits, les pas modestes
Repassent par les chemins,
Sur leurs misérables restes :
Eux qui leur tendaient les mains.
7 Mais le juste sur la terre
Ne suit qu’un sentier uni,
Il marche, son œil austère
Est fixé sur l’infini.
8 En toi notre cœur espère,
L’attente dura longtemps,
Chacun te disait : ô Père,
C’est ton secours que j’attends.
Vers toi seul tendait notre âme,
Nous invoquions ton saint nom,
Tu viens à qui te réclame :
Nous eûmes notre pardon.
Tes sentiers sont équitables,
Justes sont tes jugements,
Tes desseins inébranlables,
Comme sont tous tes serments.
9 Éternel, seul désirable,
Nous chercherons ton amour,
Ta majesté nous accable,
Nous te prierons nuit et jour.
Remplis de reconnaissance
Pour tes bienfaits précieux,
Nous chanterons ta puissance
Avec la terre et les cieux.
10 Au méchant est-il fait grâce ?
Son cœur est plus endurci,
Comme une ombre vaine passe,
Il n’a du don nul souci.
C’est sur une ingrate terre
Que tu semas le bon grain,
Il n’aime que sa misère,
Pour lui ce présent est vain.
11 Lève ta main redoutable,
Ses yeux ne la verront point,
Mais que ta grâce ineffable
Daigne tomber sur ton oint.
Voilà que leur jalousie
À l’instant s’embrasera,
Tu punis leur frénésie
Ton feu les dévorera.
12 Éternel vers nous regarde,
Nous estimons tes bienfaits
Car toi seul es notre garde,
Tu nous donneras la paix.
13 Nous avons eu plus d’un maître,
Éternel, notre Seigneur,
Mais nous ne voulons connaître
Que notre libérateur.
14 Ils perdirent la lumière.
Ton courroux les visita,
Ils furent mis en poussière,
L’oubli sur leur nom monta.
15 Tes fils erraient sur la terre,
16 Leur espoir t’offrit des vœux,
Mais ils cessaient leur prière
Quand ton bras pesait sur eux.
17 Comme sous chaque tranchée
Crie une femme en travail,
Par le fer, Juda fauchée
Eut plus d’un épouvantail.
18 Nous vîmes notre impuissance,
Nous fîmes un effort vain,
Et nous n’avions d’espérance
Que dans ton secours divin.
19 Tes morts quitteront la terre
Et mon corps mort revivra,
Il sortira du suaire,
Le corps ressuscitera.
Il reverra la lumière.
Qu’un hymne triomphateur
Loue, ô fils de la poussière,
Notre saint libérateur.
20 Va, mon peuple, sois tranquille
Et dans l’oubli de tes maux,
Abrité dans ton asile,
Goûte un moment de repos.
21 Dieu va visiter la terre
Et punir l’iniquité,
Le juste aura le salaire
Que son sort a mérité.
Illustration en couverture : Le prophète Ésaïe prédisant le retour d’exil des Juifs, Maarten van Heemskerck, 1560-1565, détail.
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