Après avoir parlé de tout ce qui peut toucher à la création, et avant de rentrer dans les doctrines qui parlent du salut de la création, François Turretin ouvre un huitième Lieu sur l’état de l’homme avant la Chute. Il abordera les questions suivantes :
- Quelle était la liberté d’Adam en son état d’innocence [=avant la Chute et le péché] ?
- Adam avait-il la puissance de croire dans le Christ?
- L’alliance de nature [appelé plus tard « alliance des œuvres »] : Dieu a-t-il fait une alliance avec Adam, et laquelle?
- Qu’était l’arbre de la connaissance du bien et du mal, et pourquoi l’interdire ?
- Pourquoi l’arbre de la vie portait-il ce nom?
- Adam aurait-il atteint la vie éternelle s’il avait obéi? Nous l’affirmons.
- Le jardin d’Eden existe-t-il encore? Nous le nions.
Attaquons maintenant la première question du locus: quel était l’état du libre-arbitre d’Adam au commencement ?
Quelle était la liberté d’Adam dans son état d’innocence.
Par état d’innocence, nous signifions la première condition de l’homme créé à l’image de Dieu un bonté intérieure et bonheur extérieur. – FT, ITE, 8.1.2 cf De l’image de Dieu — Turretin (5.10)
François Turretin rappelle une quadruple distinction de « Liberté », qui n’avait pas encore sa teinte des Lumières :
- Liberté d’indépendance qui appartient à Dieu seul, être libre de toute dépendance à des créatures.
- Liberté de la coaction, c’est à dire des contraintes physiques ou brutales.
- Liberté rationnelle, c’est à dire ne pas être soumis à ses instincts, mais choisir rationnellement la meilleure voie.
- Liberté de l’esclavage : l’homme n’est sous le joug d’aucun esclavage, que ce soit du péché ou de la misère.
Il rappelle aussi que la nécessité ne s’oppose pas toujours à la liberté. Parmi les nécessités extrinsèques [qui viennent de l’extérieur de l’agent], la coaction [contrainte physique] détruit la liberté, mais une nécessité hypothétique[qui n’est pas absolument nécessaire, mais qui le devient une fois déterminée] conspire avec elle.
La liberté d’Adam n’était pas la liberté d’indépendance, puisqu’il était toujours une créature soumise à Dieu. Mais les trois suivantes s’appliquent bien à lui. Adam était libre de toute coaction, de ses instincts basiques, et de l’esclavage du péché.
Cette condition était muable[changeable] : Adam pouvait décider de choisir le péché. Mais cela ne veut pas dire qu’Adam était indifférent vis-à vis du péché
- Parce que la nature même de notre volonté est d’être déterminée et non en suspens.
- Parce que la création a été créée (très) bonne et non indifférente entre le bien et le mal.
- Parce que le premier commandement de Dieu à l’homme est d’aimer Dieu de tout son coeur, de toute sa force et de toute ses pensées.
Enfin, Turretin rappelle les quatre stades du libre arbitre, qui remontent à Augustin :
- Adam avait la liberté de pouvoir ne pas pécher
- Les pécheurs ne peuvent pas ne pas pécher
- Les croyants peuvent ne pas pécher.
- Les saints dans la gloire ne peuvent plus pécher.
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