L’alliance, essence de la vraie religion : 3 arguments pour s’en convaincre
26 juin 2020

Quand il est temps de définir le christianisme, les évangéliques sont prompts à faire intervenir la notion de « relation avec Dieu ». Mais quelle forme prend cette relation? Le théologien néerlandais Herman Bavinck argumente en faveur d’une relation de type « alliancielle ». Comme le dit Bavinck: « l’alliance est l’essence de la vraie religion ».

Voici donc ses 3 arguments1 en faveur d’une relation d’alliance2 :

La distance entre Dieu et les hommes

Tout d’abord, parce que Dieu est le Créateur et l’homme une créature, une distance infinie existe entre les deux. Aucune communion, ni aucune religion entre ces derniers ne semble possible. Il n’y a que différence, distance, et distinction infinies. Tant que Dieu demeure élevé au-dessus de l’humanité dans son exaltation et sa majesté souveraines, aucune religion n’est possible, du moins aucune religion dans le sens de la communion fraternelle.

Ainsi, Dieu doit descendre de sa position élevée, s’abaisser au niveau de ses créatures, se communiquer, se révéler et se donner aux êtres humains. Puis celui qui habite l’éternité et qui habite un lieu élevé et saint doit aussi habiter avec ceux qui sont d’un esprit humble (És. 57:15). Or, cet ensemble de conditions n’est rien d’autre que la description d’une alliance. Si la religion est appelée une alliance, elle est ainsi décrite comme étant la véritable et authentique religion. Tous les peuples tirent Dieu vers le bas de façon panthéiste dans ce qui est créature, ou bien l’élèvent déistiquement sans fin au-dessus de lui. Dans aucun des deux cas n’arrive-t-on à une véritable communion, à une alliance, à une véritable religion. Toutefois, les Écritures insistent sur les deux : Dieu est infiniment grand bien que bon à notre niveau ; il est souverain mais aussi Père ; il est Créateur mais aussi prototype. En un mot, il est le Dieu de l’alliance.

L’inexistence de mérite strict devant Dieu

Il est clair, en second lieu, qu’une créature ne peut pas faire valoir ou posséder un quelconque droit devant Dieu. Il n’y a pas aucun mérite à l’existence d’une créature devant Dieu, et il ne pourrait pas y en avoir puisque la relation entre le Créateur et une créature élimine radicalement et une fois pour toutes toute notion de mérite.

Or, la religion de l’Écriture sainte est telle qu’en son sein, l’être humain peut néanmoins, pour ainsi dire, faire valoir certains droits devant Dieu. Il a la liberté de venir à lui par la prière et l’action de grâces, de s’adresser à lui en tant que « Père », de se réfugier en lui en toutes circonstances de souffrance et de calamité, de désirer de lui toutes bonnes choses, et même d’attendre de lui le salut et la vie éternelle. La vraie religion, par conséquent, ne peut être autre chose qu’une alliance : elle a son origine dans la bonté et la grâce paternelles de Dieu.

Les humains sont des êtres rationnels

En troisième lieu, les hommes et les femmes sont des êtres rationnels et moraux. Dieu, par conséquent, ne contraint pas les êtres humains, car la contrainte est incompatible avec la nature des créatures rationnelles3. Il les traite, non pas comme des créatures irrationnelles, comme des plantes ou des animaux, comme des blocs de bois, mais il traite avec eux comme des êtres rationnels, moraux et qui se déterminent eux-mêmes.

>> Vous vous étonnez qu’un auteur calviniste parle de la capacité de l’homme à se déterminer lui-même ? Lisez ce traitement de la liberté de l’homme ! <<

Dieu veut que les êtres humains soient libres et qu’ils le servent avec amour, librement et de plein gré (Ps 100:3). La religion est la liberté ; c’est l’amour qui ne se laisse pas contraindre. C’est pourquoi elle doit, en raison de sa nature même, prendre la forme d’une alliance dans laquelle Dieu agit, non pas de façon contraignante, mais avec des conseils, des avertissements, des mises en garde, des invitations, des supplications, et dans laquelle les êtres humains servent Dieu, non pas sous la force ou la violence, mais volontairement, de leur propre gré, mus par l’amour d’aimer en retour. C’est une grâce pour nous de pouvoir le servir. Dieu ne nous est jamais redevable, mais nous lui sommes toujours redevables pour les bonnes œuvres que nous faisons (Confession des Pays-Bas, art. 24). De son côté, se trouve toujours le don ; de notre côté, se trouve toujours et seulement la gratitude.

Conclusion

Pour ces raisons, la religion n’est concevable que sous la forme d’une alliance et n’arrive à sa pleine réalisation que sous cette forme.


  1. BAVINCK, Herman, Reformed Dogmatics, Vol 2, Grand Rapids: Baker Academic, 2004, pp. 569–571.
    Les 3 arguments sont des extraits des arguments originaux. Traduction libre.[]
  2. Articles introduisant la théologie de l’alliance :
    « L’alliance de création« , « L’alliance de grâce« , « L’alliance de rédemption » ; pour s’introduire aux bienfaits résultant d’une saine théologie de l’alliance, se référer à cet article.[]
  3. Pour un traitement de la liberté de l’homme dans le cadre de la souverainté de Dieu, on peut consulter l’article intitulé « Sommes-nous coupables, si notre nature est pécheresse et si Dieu a tout prédestiné ? », https://parlafoi.fr/2018/01/22/sommes-nous-coupables-si-notre-nature-est-pecheresse-et-si-dieu-a-tout-predestine/[]

Matt Massicotte

Matt est marié, père de famille et diplômé en ingénierie. Élevé dans les milieux pentecôtistes, il a découvert la foi réformée en tant que jeune adulte. Depuis, il s'intéresse à la théologie systématique, biblique et historique. Il a aussi un intérêt particulier pour la liturgie.

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