L’infidélité ou l’incrédulité à l’Évangile est-elle présupposée être la cause de la réprobation ? Nous le nions contre les remontrants.

Nous avons vu que les remontrants défendaient que nous étions élus à cause de notre foi telle que Dieu la prévoyait. De la même façon, nous étions réprouvés sur la base de notre incrédulité telle que Dieu la prévoyait. En un sens, on a déjà répondu à cette question en disant que le bon plaisir de Dieu seul est cause d’élection ou de réprobation. Mais il y a des détails à préciser.

Nous parlons dans cette question de l’incrédulité active et positive, c’est à dire la résistance volontaire et délibérée à l’Évangile.

La question est donc : est-ce que la prévision de l’incrédulité acquise et positive précède et cause la réprobation, ou bien la suit-elle ? Les remontrants défendent la première proposition, nous tenons la suivante.

François Turretin, Instituts de théologie élenctique, 4.15.4.

Argumentation (§§ 5-7)

Les raisons sont les suivantes :

• Parce que l’incrédulité suit la réprobation et ne peut donc la précéder, comme l’attestent les passages déjà cités dans la question précédente : Jean 8,47 ; 12,39 ; Matthieu 11,25 ; 13,11 ; 1 Pierre 2,8.
• Parce que la prédestination s’effectue sur une masse tout à fait commune et égale d’homme perdus. Il n’y a pas d’hommes « bons » ou « incrédules » au moment de la prédestination : il n’y a que des pécheurs dignes de châtiment.
• Si seule la résistance active à l’Évangile était cause de la réprobation, alors les païens et les turcs (musulmans) n’ayant jamais entendu l’Évangile seraient sauvés, puisqu’ils ne lui auraient jamais résisté. Or, il est écrit que nous sommes par nature des enfants de colère (Éphésiens 2,3) et que nous sommes tous morts en Adam (1 Corinthiens 15,22).

Je m’arrête là, considérant que les objections auxquelles répond Turretin ont disparu depuis le XVII^e siècle.