Peut-on attribuer à Dieu une volonté conditionnelle, ou un but universel d’avoir miséricorde de toute la race humaine déchue, de destiner Christ à être le médiateur de tous et chacun, et de les appeler tous à la participation salvatrice à ses bienfaits ? Nous le nions.
Derrière un titre à rallonge, c’est l’expiation limitée qui est ici exposée et défendue, le fameux « second point » des cinq points de Dordrecht. Avant de décrire ce qu’est l’expiation limitée, commençons déjà par reconstruire les positions de l’époque sur la prédestination. Dans la carte mentale suivante, les décrets contenant une liste définie de noms sont en gras, et en italique les décrets ouverts ne décrivant que des conditions à atteindre pour en faire partie.
- La position luthérienne affirme sans ambages que Christ est mort pour tous, et que tous sont potentiellement sauvés, c’est la première volonté de Dieu (sa volonté antécédente). Mais en pratique, cela passe par la foi (volonté conséquente) et l’on est sauvé seulement si l’on a la foi. Cela dépend de l’homme et non de Dieu.
- La position arminienne du XVIIe siècle présentait une chaîne de quatre décrets : Dieu décide qu’il va sauver par Christ, que l’on est au bénéfice de Christ par la foi, et il décide par une grâce prévenante de prévenir chez tous les obstacles qui viennent de la dépravation totale de l’homme. Ensuite, il « regarde dans le futur » pour savoir qui va croire et qui va le rejeter, et inscrit les noms en fonction. Cela dépend de l’homme et non de Dieu. L’expiation de Christ est là aussi universelle, c’est juste que certains l’ont rejetée pour eux-mêmes.
- La position amyraldienne (dite « calvinisme à quatre points ») essaie de résoudre la crise remonstrante en proposant deux décrets : un décret général qui fonctionne comme l’arminianisme (Dieu veut que tous soient sauvés s’ils le veulent bien en retour) et un décret plus spécifique où il prédestine à la façon réformée.
- La position réformée orthodoxe, de Dordrecht : Dieu décide qui sauver, il décide de mettre Christ pour les sauver et donc Christ ne meurt que pour ces gens qui sont déjà sur la liste.
Formulation de la question (§§ 6-13)
Évidemment, on ne va pas dire une chose aussi pesante sans formuler avec précision ce que l’on entend par là.
- Tout d’abord, précisons que l’universalisme (selon lequel tout le monde est sauvé) est exclu par toutes les positions exposées : même les arminiens sont d’accord que certains seront réprouvés au final, et que pour ceux-là, l’expiation de Christ n’est pas appliquée.
- Nous ne disons pas que Dieu n’a d’amour et de miséricorde que pour les élus. Comme le dit la Bible, il fait tomber la pluie sur les bons comme sur les méchants. On ne parle ici que de la miséricorde salvifique.
- Nous ne nions pas que Dieu ne sauve que ceux qui décident d’avoir foi en lui et de se repentir. La question est ici de savoir si l’on peut en tirer de là que Dieu a décidé de sauver tout le monde, la différence entre élus et perdus n’étant qu’en eux-mêmes.
- Nous ne nions pas que Dieu appelle tout le monde au salut. Ce que nous cherchons à savoir, c’est si Dieu donne à tout le monde les moyens du salut, ou bien s’ils sont réservés aux élus. Cependant, afin de rassurer le lecteur, voici les sujets sur lequels tous — luthériens, arminiens, réformés — sont d’accord :
- La corruption universelle de l’homme, et l’impossibilité de s’en sortir sans une grâce efficace de Dieu.
- L’élection particulière au salut.
- La grâce efficace de Dieu pour produire la foi qui sauve.
- Nous sommes sauvés par la seule prédication de l’Évangile, cause de régénération.
Cela est commun à tous, même aux arminiens. La seule question est : Dieu a-t-il donné à tous les moyens du salut, y compris à ceux qui ne l’accepteront jamais ? Ou bien Dieu n’accorde les moyens du salut qu’à ceux en qui il se réalisera au final ?
Pour ma part, je m’aligne avec Maxime Georgel sur la position dite « universaliste hypothétique » telle qu’elle est résumée dans la formule de Pierre Lombard : le sang de Jésus est suffisant pour tous, mais efficace seulement pour les élus ; cette position est compatible avec Dordrecht.
Argumentation (§§ 14-28)
Premier argument : la miséricorde est particulière, non générale
Dieu n’a pas eu pitié de « tous ceux » qui auraient la foi, mais d’une liste définie de personnes. On le voit ici :
- Romains 9,11-13 : Les enfants n’étaient pas encore nés et ils n’avaient fait ni bien ni mal (afin que le dessein d’élection de Dieu subsiste, sans dépendre des œuvres, et par la seule volonté de celui qui appelle), quand il fut dit à Rebecca : L’aîné sera assujetti au plus jeune, selon qu’il est écrit : J’ai aimé Jacob et j’ai haï Ésaü.
- Romains 9,18 : Il fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il veut.
- 1 Thessaloniciens 5,9 : Nous qui sommes du jour, soyons sobres, […] car Dieu ne nous a pas destinés à la colère, mais à la possession du salut par notre Seigneur Jésus-Christ.
- 1 Pierre 2,8 : Ils s’y heurtent pour n’avoir pas cru à la parole, et c’est à cela qu’ils sont destinés.
Deuxième argument : pas de distinction entre amour absolu et comparatif
Les opposants aux réformés interprétaient Romains 9,13 en disant que Dieu aimait plus Jacob qu’Esaü, mais que le salut était disponible à égalité aux deux. La « haine » d’Ésaü n’était qu’en comparaison avec son frère, pas en un sens absolu.
Turretin rejette et enfonce le clou : l’amour pour les élus est bien absolu et la réprobation des perdus est bien absolue. Le problème ici est que Romains 9,11-13 est au sujet de l’élection de Jacob : l’objet de cet amour n’est pas la mise à disposition du salut, mais le salut lui-même. Par conséquent, l’objet de la « haine d’Ésaü » n’est pas une opinion moindre, mais la damnation elle-même.
Autre réponse au même argument : si Dieu aime Ésaü, même de façon moindre, alors il s’assurera qu’il soit sauvé, surtout quand on considère que Dieu est tout-puissant. Mais non seulement Ésaü, mais des multitudes de personnes ne reçoivent pas les dons du salut (prédication, repentance et foi). C’est donc que Dieu n’a ni volonté absolue, ni volonté comparative de les sauver. De manière générale, ce concept de « volonté comparative » en Dieu est plus absurde qu’utile.
Objection : Dieu met les moyens à disposition, mais ne fait que souhaiter qu’on les utilise, tout comme un père ou un prince souhaite que ses enfants ou son peuple fasse les bons choix qui le rendront heureux.
→ Les pères et les princes n’ont pas la puissance actuelle de faire que leurs inférieurs fassent les bons choix, et ne peuvent rien faire de plus que « mettre à disposition les moyens ». Dieu est tout-puissant, et par conséquent, si les gens ne sont pas élus, c’est parce que Dieu n’a pas voulu déployer sa puissance pour les sauver.
Troisième argument : le bug dans la volonté
Je le résume dans cette carte mentale:
En affirmant l’universalité de l’expiation, on crée un bug : soit vous affirmez que tout le monde est sauvé, ce que même les arminiens refusent. Soit vous dites que Dieu veut sauver tout le monde, mais en fait non, et c’est une contradiction indigne même d’un vieillard sénile.
Il est à noter que cet argument fonctionne moins bien contre les arminiens, qui admettent franchement un Dieu « non-interventionniste », tandis que les amyraldiens n’ont pas moyen d’expliquer ce Dieu qui veut mais ne veut pas.
Quatrième argument : l’absurdité d’une volonté résistible
Si Dieu veut vraiment sauver tout le monde, alors soit tout le monde est sauvé (ce qui est exclu depuis le début), soit certains sont plus forts que la volonté toute-puissante de Dieu, ce qui est absurde.
Objection : Tout ce que Dieu veut ne se réalise pas immédiatement, voire ne se réalise pas du tout, comme le montre les avertissements à Israël avant l’exil.
→ Nous ne parlons pas ici de la volonté de complaisance (ce qui fait plaisir à Dieu) mais de sa volonté décrétive : ce qu’il veut faire. Soit il veut vraiment sauver les humains, et certains sont plus puissants que lui, soit on parle de la volonté de complaisance et on se contente de dire qu’il serait bien content si ces humains daignaient bien vouloir lui répondre. Mais il est absurde de dire « Dieu veut sauver » pour dire « ça lui ferait plaisir si quelqu’un voulait bien lui faire un petit coucou ».
Objection : La volonté de Dieu est efficace sur les actes et les moyens que Dieu met à disposition, mais pas sur la volonté humaine, que Dieu veut libre et intègre.
→ L’efficacité se mesure à l’accomplissement de la fin visée : la personne est-elle sauvée, oui ou non ? Si elle n’est pas sauvée, c’est qu’elle est inefficace, point.
Cinquième argument : le manque de moyens concrets
Si Dieu voulait sauver tout le monde, il mettrait les moyens du salut, et surtout la prédication, à la portée de tous. Or, la parole de Dieu n’est pas encore prêchée partout, et tous n’ont pas entendu l’Évangile, loin de là. C’est cohérent avec une expiation limitée, mais pas avec les autres positions.
Objection : il est pourtant écrit que nous pouvons être sauvés (par repentance et foi) en dehors de la prédication. Actes 14,17 : quoiqu’il n’ait cessé de rendre témoignage de ce qu’il est, en faisant du bien, en vous dispensant du ciel les pluies et les saisons fertiles… ou bien Actes 17,27 : il a voulu qu’ils cherchent le Seigneur, et qu’ils s’efforcent de le trouver en tâtonnant, bien qu’il ne soit pas loin de chacun de nous
→ Non, ces passages ne parlent pas de salut. En Actes 14,16, il est dit que Dieu a laissé les nations suivre leurs propres voies (plutôt que de leur offrir la repentance). Et en Actes 17,30, il est écrit : Dieu, sans tenir compte des temps d’ignorance, annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu’ils ont à se repentir, ce qui montre bien qu’ils n’avaient pas les moyens de le faire avant.
Sixième argument : le protévangile
Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité : celle-ci t’écrasera la tête, et tu lui blesseras le talon.
Genèse 3,15.
La toute première promesse évangélique n’est pas universelle, mais seulement réservé aux élus. Donc les promesses de salut qui suivent ne sont pas universelles, mais réservées aux élus.
Sur cette particularité, Dieu donne des preuves claires quant à l’accomplissement des promesses. Il montre dans l’alliance de grâce au sein des familles d’Adam (distinction entre Caïn et Abel), de Noé (entre Cham et Sem) d’Abraham (entre Ismaël et Isaac) et d’Isaac (entre Ésaü et Jacob). Pourquoi Dieu a-t-il tant souhaité faire une distinction au sein des familles des patriarches, si ce n’est pour montrer que sa grâce salvatrice n’était pas universelle, mais un privilège particulier, par lequel il a voulu séparer des autres.
François Turretin, Institut de théologie élenctique, 4.17.27.
Septième argument : l’expiation illimitée fait de Dieu une adolescente frustrée
Nous ne pouvons ignorer que par cette hypothèse des besoins et désirs véhéments (et pourtant stériles et contrariés) sont attribués à Dieu ; il désire une chose d’une volonté sincère, et pourtant ne pourra jamais l’obtenir. Il est facile à tous de voir à quel point cela contrarie la majesté de la divinité suprême et répugne à sa sagesse et sa puissance. Sous le prétexte d’exalter la bonté et la grâce de Dieu, ils obscurcissent et amoindrissent la volonté de Dieu, la rendant vaine et inefficace, et n’accomplissent rien d’autre qu’augmenter la culpabilité de l’homme qui l’a rendu inexcusable.
Ibid., 4.17.28.
Réponse aux objections (§§ 29-48)
Jean 3,16
Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle.
L’amour dont il est question ici n’est pas destiné à tout le monde, mais seulement certains.
- L’amour dont il est question est l’amour suprême et intense de Dieu, pas une grâce prévenante. D’après Turretin, on le voit mieux en grec : οὕτως [car / en effet] est une particule intensive. On le voit aussi en Jean 15,13, où l’amour qui consiste à donner sa vie pour ses amis est réservé… aux amis. Il y a aussi le parallélisme avec Abraham, où son amour suprême envers Dieu est prouvé par le sacrifice de son fils.
- Cet amour qui livre son fils est décrit comme faisant partie du salut, et non seulement de l’offre de salut. Romains 8,32 : Lui qui n’a point épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas aussi toutes choses avec lui ?
Objection : Il est écrit que Dieu a aimé « le monde » et donc ce verset s’applique à tous.
→ Non. Outre le fait que “le monde” désigne un ensemble indéterminé plus que chaque individu présent dans le monde, c’est une façon de désigner le privilège de l’humanité, qui a eu droit au salut alors que les anges (par exemple) non. Ce « monde » sert à montrer le privilège de la nouvelle alliance face :
- Aux anges : Dieu sauve les hommes du monde entier par Christ, mais pas les anges.
- À l’ancienne alliance : ce n’est plus seulement la nation d’Israël qui est propriétaire du salut mais le monde entier. Cela est plus évident quand on se rend compte que sauveur du monde est le titre que donnent les samaritains au Messie (Jean 4,42).
- On a une formulation semblable en 1 Jean 2,2 : Il est lui-même une victime expiatoire pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier. Les nôtres est ici à prendre au sens du « péché des Juifs ».
Il y a d’autres cas où monde signifie non pas chaque personne déterminée dans le monde, mais un nombre indéterminé de personnes partout dans le monde.
- Romains 11,12 : Or, si leur chute [aux Juifs] a été la richesse du monde. Le mot monde ici désigne seulement les croyants chrétiens.
- Jean 17,9 : Comme tu m’as envoyé dans le monde, je les ai aussi envoyés dans le monde. Jésus comme les apôtres ont eu une influence géographique limitée.
- 1 Jean 5,19 : Nous savons que nous sommes de Dieu, et que le monde entier est sous la puissance du malin. Sauf les chrétiens et ce qui est sous influence de l’Évangile.
- Jean 6,51 : Le pain que je donnerai, c’est ma chair, que je donnerai pour la vie du monde. Seuls les chrétiens prennent la Cène.
- 2 Corinthiens 5,19 : Car Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, en n’imputant point aux hommes leurs offenses. Si l’on rejette l’universalisme, et que l’on admet que tout le monde n’est pas sauvé, alors on doit admettre que le monde ici désigne moins que chaque personne.
De même pour quiconque croit en lui : loin d’étendre ce bienfait à d’autres, l’expiation est limitée à ceux qui croient, dont on a vu que le nombre était prédestiné, ce qui est confirmé deux versets plus loin, en Jean 3,18 : Celui qui croit en lui n’est point jugé; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
Des particules universelles
L’Écriture utilise parfois des expressions « universalisantes » pour désigner moins que chaque personne.
- Parfois c’est pour désigner l’ensemble des nations qui n’avaient pas droit au salut sous l’ancienne alliance. Romains 11,32 : Car Dieu a renfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire miséricorde à tous.
- Parfois c’est pour désigner les politiques mondaines opposées aux politiques chrétiennes, comme en Tite 2,11-12 : Car la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été manifestée. Elle nous enseigne à renoncer à l’impiété et aux convoitises mondaines, et à vivre dans le siècle présent selon la sagesse, la justice et la piété ; ou bien en Colossiens 3,11 : Il n’y a ici ni Grec ni Juif, ni circoncis ni incirconcis, ni barbare ni Scythe, ni esclave ni libre ; mais Christ est tout et en tous.
- Parfois c’est pour désigner l’ensemble des… perdus. 1 Corinthiens 15,22 : Et comme tous meurent en Adam, de même aussi tous revivront en Christ. Notez aussi comment tous peut être restreint aux élus. Le commentaire d’Augustin est pertinent : « Le monde entier est l’Église, et le monde entier déteste l’Église : le monde déteste donc le monde, l’ennemi le réconcilié, les damnés les sauvés1».
Ézéchiel 33,11
Dis-leur : je suis vivant! dit le Seigneur, l’Éternel, ce que je désire, ce n’est pas que le méchant meure, c’est qu’il change de conduite et qu’il vive.
Il n’en suis pas qu’il désire la repentance efficace de chacun. On parle ici d’une volonté de complaisance et non de la volonté de bon plaisir.
- Le verbe חָפֵץ désirer est souvent utilisé dans ce sens, comme dans Nombres 14,8 : Si l’Éternel nous est favorable [חָפֵץ], il nous mènera dans ce pays, et nous le donnera : c’est un pays où coulent le lait et le miel.
- C’est une posture envisageable, c’est comme le magistrat qui n’a pas de plaisir à accomplir son devoir de punir, mais l’ordonne malgré tout par désir de justice.
1 Timothée 2,4
Dieu notre Sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité.
Cela ne favorise pas l’universalité de la grâce. Comme pour Ézéchiel 33,11, on peut dire qu’il s’agit d’une volonté de complaisance. Ou bien encore, admettre avec Calvin et d’autres réformés que c’est bien une volonté efficace (de bon plaisir), mais ce « tous les hommes » désigne plutôt « toutes sortes » d’hommes.
- Cette famille de mot (les syncatégorèmes) est souvent utilisé ainsi dans les Écritures: tous les animaux entrèrent dans l’Arche [toutes les sortes qui y étaient] ; Christ qui guérissait les gens de toutes les maladies [de toutes les sortes qu’ils avaient] ; toute la Judée et la Samarie qui allait voir Jean Baptiste [toutes sortes de gens en Judée, etc].
- Parce que ce tous les hommes est caractérisé ainsi par le Saint-Esprit en Apocalypse 5,9 : Tu as racheté pour Dieu par ton sang des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple, et de toute nation.
- C’est cohérent avec l’argument de Paul en 1 Timothée 2 : priez pour les magistrats, parce que toute sorte de gens seront sauvés, même les magistrats romains. Faute de savoir lesquelles, priez quand même pour eux.
- En 1 Timothée 2,8 (quelques versets plus loin) il est écrit : Je veux donc que les hommes prient en tout lieu. Faut-il donc prier à chaque centimètre carré de terrain ? Non, il s’agit de toutes sortes de terrains.
- De même on remarque qu’il ne s’agit pas seulement du salut mais aussi de la connaissance de la vérité, qui n’est pas donnée à tous, et donc il ne s’agit pas d’une universalité totale.
Bien entendu, cela ne nous empêche pas de prier pour le salut de chacun, et pas seulement pour le salut de chaque classe. Un individu n’est pas la même chose qu’un singulier. L’enseignement de Paul consiste à prier pour le salut des gens de toutes classes sociales, toutes nations, toutes circonstances.
Il y a ensuite une grande quantité de citations de Calvin, souvent cité par les arminiens parce qu’il était favorable à une volonté de bon plaisir, mais qui tenait pourtant à une lecture de 1 Timothée 2,4 favorable à l’expiation limitée comme le prouve Turretin. L’article est déjà trop long et je n’en ai pas fini.
2 Pierre 3,9
Le Seigneur ne tarde pas dans l’accomplissement de la promesse, comme quelques-uns le croient ; mais il use de patience envers vous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance.
Même lecture : soit il s’agit de la volonté de complaisance, soit il s’agit d’une volonté de décret, efficace, mais restreinte aux élus :
- Le vous qui est sujet d’aucun ne périsse, ce sont les croyants.
- Cette universalité est en fait réservée à ceux qui ont besoin de savoir pourquoi Dieu retarde la fin du monde, ceux qui ont besoin de cette révélation. C’est-à-dire aux élus.
- Il ne parle pas simplement d’une grâce prévenante, mais de l’efficacité du Saint-Esprit que tous arrivent à la repentance.
Pas d’hypocrisie dans l’appel
Ce n’est pas parce que Dieu ne sauve pas tout le monde qu’il est hypocrite lorsqu’il appelle tout le monde à la repentance.
- La promesse est conditionnelle, et non absolue : il ne promet pas de sauver tout le monde, mais de sauver tous ceux qui auront la foi. Les choses se passent comme annoncé.
- La promesse ne consiste pas à dire « qui est sauvé » en particulier (ce qui appartient à sa volonté cachée), mais à annoncer que tous ceux qui croieront seront sauvés. Dans un cas comme dans l’autre, il est fidèle dans l’accomplissement de sa promesse.
- L’essentiel n’est pas qu’il appelle à se repentir celui qui ne va pas se repentir, mais qu’il ne cesse jamais d’appeler au repentir celui qui ne va pas se repentir. Son appel est constant, et donc sincère.
- Les arminiens sont tout aussi gênés par cette question : pourquoi Dieu appelle-t-il à la repentance des gens à qui il ne donnera pas les moyens efficaces d’obtenir le salut ? Pourquoi se contenter d’une grâce prévenante alors qu’il a la puissance de faire plus ?
- Traité 87, Sur l’Évangile de Jean.[↩]
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