C'est quoi, un réformé thomiste ?
18 octobre 2018

Quand un théologien réformé se dit thomiste, il reçoit des critiques du côté protestant qui, plein de caricatures en tête, se dit que Thomas était un hérétique à la théologie dangereuse. Mais les thomistes catholiques ne tarderont pas non plus à le railler en lui rappelant que Thomas était soumis à l’Église catholique romaine.

Saint Thomas : une Somme Théologique

La pensée de Saint Thomas D’Aquin est une Somme. Il ne s’agit donc pas d’un système où toutes les parties dépendent directement l’une de l’autre. Certes, il y a une certaine cohérence dans la pensée de Thomas mais cela ne signifie pas que quelqu’un qui accepte la doctrine de Dieu de Thomas doit adopter nécessairement et logiquement son ecclésiologie et sa sacramentologie. Cela ne signifie pas non plus que, si l’on accepte sa méthode exégétique, on doit adhérer à ses conclusions sur tel ou tel passage, puisque les éléments à notre disposition aujourd’hui pour l’exégèse sont bien plus riches qu’à son époque.

Ainsi, souligner un désaccord entre la pensée de Thomas et celle de la Réforme n’est pas très pertinent. Thomas rejetait l’Immaculée Conception, faut-il donc dire que ceux qui l’acceptent ne sont pas thomistes ? Non, et cela pour 2 raisons : (1) Thomas a soumis son enseignement à l’Eglise catholique et (2) accepter ce point n’impacte pas le reste de sa doctrine. Que les protestants et les papistes soient donc rassurés : nous ne prétendons pas être les vrais disciples de Thomas, ayant mieux saisi sa pensée que les dominicains. Nous prétendons, par contre, que la doctrine réformée est plus en accord avec la raison et l’Écriture que la doctrine des papistes.

Quels critères ?

Mais alors, pourquoi dire “thomiste” ? Est-ce une mode ou est-ce que cela a vraiment un sens ? Sur quelle base quelqu’un peut-il se dire honnêtement thomiste et réformé ?

Pour se dire honnêtement réformé, il faut souscrire à l’une des confessions historiques de la foi réformée (La Rochelle, Helvétique, Belge, Westminster, etc.). Pour se dire honnêtement thomiste, il faut adhérer aux 24 thèses thomistes (ICI en français) sur l’ontologie, la cosmologie, la psychologie et la théodicée.

Notons que ce n’est pas nous qui nous donnons le nom “thomistes” en proposant ces critères, c’est la Congrégation chargée en 1914 de définir le thomisme. Cette Congrégation Sacrée pour l’éducation a elle-même dit : “Un philosophe qui accepte intellectuellement toutes ces [24] thèses est appelé un Thomiste ; et ce sens du terme Thomiste est le seul sens sans équivoque qui peut lui être donné”. Nous sommes donc, selon la déclaration même de la Congrégation Sacrée, Thomistes au sens fort et sans équivoque du terme. Que cela fasse taire les railleries (et les memes papistes 😜 ) et cesser les débats inutiles du genre “est-ce que Thomas serait aujourd’hui un papiste, un sédévacantiste, un luthérien ou un réformé ?” (en l’occurence, pour ce qui est de la suffisance formelle des Écritures, je pense que Thomas est du côté de la Réforme 😜) !

Conclusion

J’espère que ces clarifications seront utiles à plusieurs pour comprendre ce que nous voulons dire par “réformé thomiste” et que, ces critères étant compris, une interaction intelligente pourra se faire avec les thomistes catholiques romains et les protestants non-thomistes.

Maxime Georgel

Maxime est interne en médecine générale à Lille. Fondateur du site Parlafoi.fr, il se passionne pour la théologie systématique, l'histoire du dogme et la philosophie réaliste. Il affirme être marié à la meilleure épouse du monde. Ils vivent ensemble sur Lille avec leurs trois enfants, sont membres de l'Église de la Trinité (trinitelille.fr) et sont moniteurs de la méthode Billings.

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