Les Saintes Écritures ont-elles été écrites pour des raisons conjoncturelles, sans commandement divin ? Contre les papistes, nous le nions
Afin de diluer l’autorité des Écritures, les apologistes romains du XVIIe siècle faisaient feu de tout bois : d’abord ils niaient la nécessité des Écritures, puis ils niaient qu’elles fussent écrites à l’initiative de Dieu. Ainsi, le cardinal Bellarmin enseignait que Christ n’avait pas commandé aux apôtres de mettre son enseignement pas écrit, et que ceux-ci n’imaginaient pas, en écrivant leurs épîtres, qu’elles seraient considérées canoniques. L’enjeu pour Bellarmin est de mettre l’emphase sur la Tradition comme vrai canal de la Révélation, et aussi de renforcer le dogme catholique qui veut que ce soit l’Église qui ait canonisé les Écritures, plutôt que de les avoir simplement reconnues comme divines.
Mais évidemment, Turretin ne pouvait pas laisser passer ça.
Formulation de la question (§§ 2-3)
Il ne s’agit pas de savoir si les apôtres ont écrit pour une occasion particulière. Bien sûr qu’ils l’ont fait. Mais nous ne considérons pas que cela exclut l’inspiration du texte ou qu’ils en profitent pour enseigner d’authentiques mystères. Alors que les papistes affirment que soit les apôtres voulaient répondre à un besoin pressant, soient ils voulaient enseigner la religion chrétienne en général, les réformés refusent ce dilemme, et affirment que les apôtres ont fait les deux.
D’ailleurs, Turretin précise qu’il fait la distinction entre un commandement implicite et général, et un commandement explicite et spécial. Certes, il n’a pas été explicitement demandé à Paul d’écrire à Philémon une lettre inspirée par l’Esprit saint. Mais il avait reçu un commandement général d’enseigner la révélation de Dieu et — implicitement — de le faire aussi par écrit en écrivant à Philémon.
Argumentation (§ 4)
Or il y a de bonnes raisons de penser que les apôtres avaient le commandement implicite de mettre par écrit la Révélation, même dans des occasions mondaines :
- Il affirment être des enseignants universels de toutes les nations ;
- Ils s’appellent eux-même fidèles serviteurs de Christ (et donc particulièrement appliqué à suivre ses commandements) ;
- Ils disent qu’ils sont influencés par l’Esprit Saint (2 Pierre 1,21).
Donc les écrits des apôtres ont été écrits sous un ordre divin direct, même s’il est implicite.
Objections (§§ 5-11)
§5: Tous les apôtres n’ont pas écrit, donc ils n’avaient pas ce commandement de mettre la Révélation par écrit.
Réponse : Tous avaient le commandement d’enseigner de la part de Dieu, et certains l’ont fait aussi par écrit.
§7 : Si vraiment les apôtres avaient voulu écrire pour enseigner la doctrine de Dieu, ils auraient écrit un catéchisme ou un document confessionnel.
Réponse : Il a suffi qu’ils écrivent de quoi forger les catéchismes et confessions de foi. À défaut d’en avoir la forme, ils nous ont laissé la matière de ces documents d’enseignement.
§8 : Le Saint-Esprit révèle comme il le souhaite. Les réformés enferment le Saint-Esprit et réduisent sa liberté en le contraignant à s’exprimer à l’écrit (voici là encore une objection très pentecôtiste).
Réponse : Nous ne devons pas non plus douter de sa méthode à partir du moment où elle est clairement révélée et qu’elle convient aux buts qu’il s’est choisis.
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